Définition
L'anorexie mentale est un trouble de l'alimentation d'origine psychologique, caractérisée par le refus permanent et obsessionnel d'absorber des aliments. Il s'agit d'une névrose , c'est à dire un trouble mental qui ne provoque pas de désorganisation de la personnalité, mais qui entraîne une souffrance morale importante.
Fréquence
- Cette maladie touche la jeune fille (15-25 ans).
- La fréquence de cette maladie a augmenté en 10 ans, au point qu'on estime que 1% des adolescentes en sont atteintes, soit environ 40 000 ado. Ce trouble est à 90% féminin. La maladie peut également toucher le garçon dans 10% des cas.
- C'est une maladie très difficile à discerner au début ce qui demande à l'entourage une vigilance particulière.
XAnorexie mentale en vidéo
Anorexie Le docteur Edouard Carrier, directeur de la clinique Saint Vincent de Paul explique que la mortalité dans les cas d'anorexie est en augmentation très forte et que le traitement s'étale sur plusieurs années. Le docteur Charles-Edouard Rengade, psychiatre revient sur les vrais racines de l'anorexie et Mélissa Bonnet, infirmière détaille la façon dont des malades d'anorexie sont soignées. | 1 vidéos |
Mécanisme
- Incapacité d'intégrer les transformations physiques et affectives de la période pubertaire et refus de la sexualité génitale.
- L'anorexie mentale se manifeste surtout chez les jeunes filles intellectuelles, raisonnables, souvent avec des diplômes supérieurs. Elles ont en général un goût important pour l'abstraction (sciences, arts). A l'absorption alimentaire s'est substitué l'absorption intellectuelle.
- Il semble que le problème central responsable de ce trouble est le refus de la féminité et de l'identification maternelle. On sait que l'alimentation, et donc ce que les psychanalystes appellent "l'oralité" est dès le début lié à la mère : la mère nourricière, qui donne le sein ou le biberon. Il semble que ce refus de l'oralité corresponde à une sorte de "ratage" de la relation entre la petite fille et sa mère. Et c'est à l'adolescence que ce ratage va le plus rejaillir.
Les signes d'appel et éléments du diagnostic
Les signes d'appel chez l'adolescent
- Une hyperactivité physique.
- Un sur investissement intellectuel.
- L'absence de règles chez les filles.
- Une perte de poids supérieure à 15%.
Le diagnostic
Celui-ci repose sur 5 critères importants :
- Perte de poids de plus de 15% par rapport au poids initial.
- La mesure se fait par l'indice de masse corporelle .
- Apparition des premiers signes (perte de poids, diminution de l'alimentation) avant l'âge de 25 ans.
- Incapacité de se nourrir normalement
- Absence de toute autre pathologie organique ou psychiatrique ou autre.
- Peur intense de perdre du poids et de devenir obèse.
Pour que le diagnostic soit sûr, certains médecins rajoutent à ces critères au moins deux autres signes parmi les suivants :
- Disparition des règles
- Présence d'un duvet dans le dos, sur les joues et les avant-bras
- Pouls inférieur à 60 par mn
- Baisse de la température
- Activité physique élevée
- Vomissements
- Épisodes de boulimie .
La connaissance de tous ces signes est importantes car c'est cela qui permet de faire un diagnostic et donc une prise en charge précoce. Malheureusement, le diagnostic est souvent établi lorsque la perte de poids est très importante, les premiers symptômes ayant passé totalement inaperçu. De plus ces signes sont souvent banalisés par la personne, par son entourage, et même parfois par le médecin de famille.
Les signes de gravité
- La perte totale de poids, c'est à dire la différence entre le poids maximal atteint et le poids actuel.
- La vitesse de l'amaigrissement. Plus celui-ci est rapide, plus c'est inquiétant.
- L'IMC . Si celui-ci est entre 17,5 et 15, l'anorexie est considérée comme modérée. S'il est entre 15 et 12,5, il est sévère. En dessous de 12,5 il est critique sur le plan vital.
Les complications
Le décès qui correspond à 8% des cas au bout de 10 et 15 ans d'évolution. Celui-ci est dû à des déséquilibres des sels minéraux dans le sang, en particulier avec une hypokaliémie qui risque d'entraîner un arrêt cardiaque ou des troubles du rythme cardiaque graves.
Sur le plan psychologique
- La désinsertion sociale
- Le désert sentimental
- Les conséquences sur l'équilibre familial
- La dépression , l'obsession, la compulsion
- Les tentatives de suicide
Sur le plan physique
- Disparition de tout le tissu adipeux
- Maigreur
- Perte des muscles
- Peau sèche
- Doigts bleutés
- Diminution de la tension
- Duvet sur le visage.
- Oédème des jambes dans les cas graves.
- Ce déséquilibre entraîne une perte de protéine et de calcium qui diminue fortement le capital osseux.A plus long terme, à l'âge adulte, il y a un risque très important d'ostéoporose en raison du déséquilibre alimentaire important.
Rôle du médecin
- Des recommandations ont été formulées par la Haute Autorité de Santé.
Mieux repérer les malades
- Poser une question simple: Avez vous un problème avec votre alimentation ou avec votre poids
- Il faut cibler les populations à risque. 90% sont des femmes donc être vigilants avec toutes les adolescentes et les jeunes femmes, les mannequins, les danseurs et les sportifs, et aussi les personnes qui suivent des régimes pour des maladies ( Hypercholestérolèmie, diabète insulino dépendant)
- Le médecin pratiquera un bilan identique à celui de la boulimie en insistant sur la recherche de points spécifiques : début de la perte d'appétit, les circonstances, la relation avec la famille (la relation mère-fille en particulier), l'entourage familial, socioprofessionnel, etc
Privilégier une prise en charge ambulatoire
- Le traitement est assuré par un psychiatre, pédopsychiatre ou psychologue et un médecin généraliste ou pédiatre.
- Mise en place d'un soutien psychologique et thérapie familiale. Les thérapies familiales sont essentielles car c'est au sein de la famille que doit se reformer un rapport normal avec la nourriture.La psychothérapie ) doit durer au moins un an après une amélioration clinique significative.
- Le médecin de son coté veillera à la reprise de l'alimentation. Il faut stopper la perte de poids puis gagner 1 kilo par mois.
- Les techniques complémentaires comme l'hypnose et la physiothérapie peuvent être associées.
L'hospitalisation à temps plein si nécessaire
- La question de l'hospitalisation est importante. Elle ne se décide que sur une association de critères médicaux ( lorsqu'il y a un risque vital (diminution importante de la kaliémie , IMC inférieur à 13,2kg/m2 à 15 ans, cœur très lent, baisse de tension artérielle et température basse), psychiatriques (risque suicidaire) et environnementaux (isolement social, conflits familiaux importants, épuisement familial.
- Elle se décide dans un climat de confiance avec la famille même si elle est envisagée sous contrainte.