La situation
Votre enfant traîne pour s'habiller, il grogne, vous sentez bien qu'il fait tout pour retarder le moment où il faudra partir en classe. Parfois, ce refus se manifeste d'une autre façon : mal au ventre, fatigue déclarée, etc.
Surtout si l'enfant présente des signes telles que des douleurs ou une fatigue qu'il déclare importante, la première des choses est de vérifier s'il n'est pas malade, ce qui peut très bien arriver : vérification de la température, où a-t-il mal (généralement partout dans le ventre) , a-t-il vomi, a-t-il des diarrhées ? Etc.
Une fois rassuré(e) sur l'état de votre enfant, il n'en demeure pas moins que la question reste entière. Qu'est-ce qui ne va pas à l'école ? Cette question quand vous la posez à l'enfant aboutit en général à la même réponse : non, non, tout va bien.
Que se passe t-il dans sa tête ?
En fait, l'école n'est pas qu'un travail demandé à l'enfant. Il s'y mêle des composantes affectives très importantes qui lui empêchent de faire la part des choses. Si la maîtresse le gronde pour un travail mal fait, c'est bien plus pour lui qu'une erreur, cela pourrait signifier que la maîtresse ne l'aime plus, ou encore qu'elle est fâchée pour toujours.
D'autres causes peuvent intervenir comme la peur : peur d'un copain plus fort, peur du racket, peur de menaces qui prennent des proportions inquiétantes.
Les peines de coeur (il n'y a pas d'âge pour aimer) peuvent aussi être à l'origine de ce refus d'aller à l'école.
Et puis bien sûr il y a aussi la peur de la mauvaise note qu'il risque de recevoir pour un travail mal fait, ou la peur d'une sanction, la peur des conséquences d'un mensonge ou d'une dissimulation. Bref, les raisons ne manquent pas.
XRefus de l'école en vidéo
Faut-il aimer l'école ? Le docteur d'Assignies, pédopsychiatre explique pourquoi il est assez normal que les enfants n'aiment pas l'école. Il analyse les raisons qui peuvent être la source de ce désamour et il donne aux parents des conseils pour aider leurs enfants. | 1 vidéos |
L'interprétation du psy
- La première rentrée, que ce soit en crèche ou en maternelle est le plus souvent vécue aussi bien par l'enfant que par ses parents comme une séparation terrible, voire un déchirement. Les parents peuvent culpabiliser à l'excès de devoir se séparer de leur chérubin, lequel de son côté, ressentant l'angoisse de ses parents sans en comprendre très exactement la raison, imagine l'école comme un lieu horrible ou terrifiant.
- Mais l'école est en fait un pas supplémentaire vers davantage d'autonomie qui ne peut se faire que si l'on rompt un peu plus le « cordon ombilical ». Il y a donc une ambivalence dans l'esprit des parents qui souhaitent tout autant garder auprès d'eux leur petit et tout autant lui donner des ailes.
- Les parents peuvent aussi revivre au travers de leur enfant leurs propres angoisses d'enfant et les rapports plus ou moins difficiles qu'ils ont pu entretenir jadis avec l'école .
- D'autres parents se désintéressent, voire sont en opposition avec le système éducatif. Le risque est que l'enfant emboîte du même pas cette opposition que manifeste ses parents. C'est le mauvais côté de l'imitation , qui peut se manifester par de l'agitation, une difficulté d'apprentissage, voire une absence totale de participation et un désintérêt pour l'école.
- A l'inverse d'autres parents peuvent avoir des exigences excessives, en terme de carrière, de résultats, ou de situation sociale. Cette projection que les parents font sur leur enfant peut les amener à mettre l'enfant sous pression, à tel point que les attentes des parents deviennent un fardeau insurmontable. Ce refus de l'école témoigne alors d'une peur de décevoir les parents et donc d'une stratégie de fuite de façon à ne pas avoir à affronter la blessure narcissique que les parents pourraient concevoir en voyant que leur enfant ne réalise pas le projet dont ils ont rêvé pour lui.
- Cette attitude est souvent à l'origine de problèmes psychosomatiques chez l'enfant : migraines , crise d'urticaire ou d'eczéma , douleurs abdominales diverses. Les enfants anxieux peuvent alors tout aussi bien craquer, la moindre mauvaise note étant vécue comme une catastrophe. Ce refus d'aller à l'école peut être le prélude à une véritable phobie scolaire, très handicapante.