Point de départ
La cour de récréation est le lieu de tous les échanges importants entre les enfants. C'est également là que se règlent les conflits, que se nouent les amitiés, que se forment les clans, et que parfois les parents règlent leurs différents par enfants interposés. La « cour de récré » est déjà une sorte de jungle, une préfiguration de ce qu'est la vie.
La situation
- Il n'y a pas une ni plusieurs, mais des milliers de situations, avec, le plus souvent, pour résultat de tous ces échanges et conflits entre les enfants une agression : coup, insulte, intimidation, pression psychologique, etc.
Cela met les parents en position difficile parce qu'ils ont à faire face à quatre fronts :
- d'une part avec leur enfant en raison de la la compassion qu'ils peuvent éprouver pour lui et la nécessité naturelle qu'ils ont de le défendre,
- ensuite avec le crédit plus ou moins important qu'ils accordent à la version de leur enfant,
- également avec les liens qu'ils peuvent avoir avec d'autres parents de la même école impliqués dans l'histoire
- enfin avec les enseignants qui essayent de faire régner la discipline et conserver leur autorité .
Tout cela induit forcément chez les parents du désagrément et de la perplexité.
Ce qui se passe dans sa tête
- Son premier mouvement est un sentiment d'injustice ou d'impuissance face aux évènements. Il a tendance à ne voir midi qu'à sa porte sans se rendre compte que lui-même peut avoir des torts dans l'affaire.
- Son deuxième mouvement est de se rapprocher de ceux qui peuvent lui porter secours : les enseignants répugnent le plus souvent à jouer les arbitres et renvoient les enfants à « leurs histoires » qu'ils doivent régler entre eux ; les copains du « clan » peuvent aussi se mobiliser, ce qui produit des escalades pouvant avoir la forme de véritables guerres de clan avec un engrenage lié à la fidélité au clan ; le grand frère peut être un argument intimidant hors de l'école, mais cela ne fait que déplacer à l'extérieur le conflit ; restent alors les parents qui doivent user de leur intelligence et de leur sens politique pour résoudre le problème.
L’interprétation du psy
- En définitive l'enfant reste avec un sentiment de victime, voire de victimisation , et les parents avec le sentiment d'être pris en otage dans une situation où ils n'y sont a priori pour rien.
- La première des choses pour les parents est de déclencher le dialogue avec l'enfant, tout en l'incitant à se confier. Que s'est-il passé exactement ? Chronologiquement. Précisément. Le ton de cet « interrogatoire » compte pour beaucoup dans la suite. Trop mou il aura tendance à empêcher l'enfant de se responsabiliser face à la situation ; trop dur, il va renforcer l'enfant dans son sentiment d'injustice . Il y a là un juste milieu à trouver.
- Ensuite vient la décision : soutenir votre enfant ou ne pas le soutenir, prendre parti ou non. De là dépend votre attitude.
Votre attitude
- D'abord prendre contact : la prise de contact simple avec les parents « adverses » et avec les enseignants permet de mieux faire la part des choses et de moduler votre opinion.
- Ensuite, au cours des entretiens, conservez une attitude neutre, sans chercher à excuser ou à enfoncer. Parlez surtout en votre nom. Ne dites pas « vous êtes… » ou « vous avez… », mais « de mon point de vue, voila ce que je comprends… ». Vous n'êtes alors plus dans le jugement , mais dans l'objectivité et la transparence.
- Enfin, essayez de calmer le jeu. Cela ne vous empêche pas d'expliquer par la suite à votre enfant qu'il faut savoir composer, savoir lâcher prise quand cela est nécessaire, tout en conservant ses convictions .
Par la suite, il faudra se servir de cet évènement pour éviter que cela recommence. Quelques moyens simples :
- Apprenez à votre enfant à aller voir la maîtresse lorsqu'il y a un problème et à lui dire une phrase de ce genre : « Je sais que vous n'aimez pas être dérangée pendant la récréation, mais à qui dois-je m'adresser pour qu'on vienne m'aider, car j'ai un problème. Dois-je aller voir le directeur ? ». Les enseignants seront ainsi face à leurs responsabilités et sauront très bien quelle attitude adopter. Pour vérifier que votre enfant a bien compris, inversez les rôles :
- Si le problème persiste, montez d'un cran et allez voir le directeur.
- Si cela continue, il faut alors monter au front et avoir une explication avec l'agresseur. Rappelez-lui qu'à la prochaine agression, vous vous adresserez directement à ses parents. Généralement le conflit s'arrête là.
- De retour à la maison, prenez le temps d'en discuter calmement avec votre enfant. Avec la distance et la résolution du conflit, votre enfant sera plus accessible à la réflexion, et c'est cela qui aux deux partis d'en tirer un enseignement profitable pour la suite. Profitez-en pour lui apprendre les vertus du dialogue, de la parole, de la séduction et… de l'humour. Ce sont des armes infaillibles pour déstabiliser un adversaire hargneux.