Point de départ
Généralement la fessée n'est pas préméditée. Elle part comme cela, tant votre enfant vous a mis à bout. Faut-il la donner ou non ?
Les punitions ont un caractère moins immédiat et plus réfléchi. Elles peuvent toutefois conserver leur caractère de brusquerie qui peut les assimiler à une fessée.
La situation
La tension monte peu à peu, surtout lorsque l'enfant fait des bêtises à répétition , et la fessée finit par partir, souvent au moment où vous y attendez le moins.
Sur l'instant, cela vous soulage de tout cet énervement accumulé. Puis une fois la colère retombée, vous mettez en route un processus de culpabilisation face aux punitions qui rapidement vous interroge : était-ce nécessaire ? Etait-ce justifié ? N'ai-je pas frappé trop fort ? L'enfant va-t-il m'en vouloir ? Cela va-t-il le marquer pour la suite de son existence ? Etc. Ces questions sont inévitables et il est absolument normal que vous vous les posiez. C'est l'inverse qui ne le serait pas.
Ce qui se passe dans sa tête
L'enfant a sans cesse tenté de repousser les limites . La fessée vient, elle était attendue plus ou moins consciemment. Il l'accepte.
Mais parfois, sans le vouloir et surtout sans le savoir, vous avez pu commettre une injustice réelle ou ressentie à son égard. Ce sont ces fessées-là qui posent problème, car l'enfant ne sait pas forcément trouver les mots pour expliquer l'injustice qu'il ressent. Certaines punitions injustes peuvent marquer pour longtemps, s'il n'y a pas eu un dialogue ultérieur entre l'enfant et ses parents, une fois que toute la tension est retombée. Le « débriefing » de la fessée est souvent salutaire.
L’interprétation du psy
- De fait, une fessée est le signe patent d'un échec (relatif, modéré, rattrapable) du dialogue entre l'enfant et ses parents. En effet, trouver les mots (à la condition qu'ils ne soient pas blessants ou humiliants, ce qui serait pire), est préférable à la fessée qui constitue malgré tout un acte de violence. La fessée n'est pas un mode de communication, mais la réaction ultime des parents quand le reste a été tenté. Cela signifie par conséquent que toute fessée doit rester exceptionnelle. Dans ce cas seulement elle reste bénéfique car elle est exemplaire d'une limite que l'enfant a dépassée.
- Par contre, si elle se banalise, elle perd de son pouvoir et fait entrer parents et enfant dans le cycle d'une certaine violence, voire d'une certaine maltraitance.
Votre attitude
Vous avez donné la fessée, c'est fait, il n'y a pas à y revenir. Une fois l'énervement retombé, laissez passer du temps (une heure ou plus), le temps que l'enfant se calme lui aussi. Puis ré-expliquez-lui pourquoi vous avez fait ce geste. Cette explication vous permettra d'une part de faire votre examen de conscience sur la légitimité de cette fessée, et d'autre part de donner une explication sur les raisons pour lesquelles vous avez donné cette fessée. Ce sera l'occasion pour renouer le fil du dialogue et sans doute de recevoir en retour quelques explications de votre enfant. Là , 3 possibilités :
- Votre fessée était tout à fait justifiée, et donc cela vous permet de fixer les règles du jeu et les limites dans le même temps.
- Votre fessée était un peu …excessive, voire injustifiée, ce sera le moment de faire amende honorable, ce qui permettra de donner par la même occasion un exemple à votre enfant : on a le droit de se tromper et il est bon de reconnaître ses erreurs et de s'en excuser.
- Il y avait un peu de torts des 2 côtés. Et ce sera l'occasion de reparler très calmement de tout ce qui peut fâcher de part et d'autre.
Les pièges
- S'excuser après avoir puni ou donné une fessée. C'est tentant, surtout si l'on culpabilise , mais c'est absolument à éviter. En effet dans ce cas, l'enfant interprète la punition comme une erreur de votre part que vous tentez de rattraper par un geste de consolation. Cela revient à dire : « j'ai eu tort de te punir ».
- Promettre la fessée et ne pas la donner. C'est le pire. D'abord votre énervement est toujours présent, même si vous pensez l'avoir évacué. Mais surtout l'enfant sait que vous ne tenez pas vos promesses : vous n'êtes donc pas crédible et vous êtes donc de plus manipulable .
- La punition à froid : à éviter absolument car déconnectée de la faute qui l'a motivée, et qui semble alors absolument incompréhensible à l'enfant.
Les alternatives
S'il n'y a certes aucune alternative aux punitions, il peut y en avoir aux fessées, ou du moins il existe des moyens pour retarder l'inéluctable.
- D'abord prévenir l'enfant si vous vous sentez un peu incapable de maîtriser vos nerfs : « je suis fatiguée, à bout de nerf, ennuyée, etc., donc ne me pousse pas à bout ».
- Par contre si ce n'est pas le cas et que tout va bien, réagissez à temps, ne laissez pas la pression monter de façon exagérée.
- N'hésitez pas à monter le ton. Des intonations molles et non convaincues n'auront aucun effet.
- Appelez votre conjoint au secours.
- Rappelez à l'enfant les punitions précédentes qui ont été motivées par son attitude.
- Prévenez-le que la fessée risque de tomber, que vous allez compter jusqu'à 3, mais qu'après…
- Et puis savoir user des promesses faites à l'enfant , sans toutefois en abuser, ce qui aurait l'effet inverse de celui escompté. Le vieil adage de « la carotte et le bâton » prend ici toute sa signification.