Situation
Ce qu'il y a de crispant dans les bêtises à répétition, c'est justement qu'on a l'impression que rien ne pourra jamais permettre d'éviter qu'elles reviennent. Et l'on se sent d'autant plus désarmé qu'il n'y a dans cette attitude aucune méchanceté de sa part.
Ce qui se passe dans sa tête
- Tout commence vers l'âge de 2 ans, époque où les désobéissances font partie de la quête de l'enfant pour son autonomie .
Certes l'enfant admet tout à fait que certaines choses se font et d'autres pas, que l'on est « gentil » ou au contraire « vilain ». Mais ce n'est pas avant l'âge de 6 ou 7 ans qu'il comprend réellement la raison de ces interdits. En effet, à 7 ans il est facile d'expliquer à l'enfant que s'il écrit sur les murs plutôt que sur les feuilles de papier, cela va tout salir ; tandis qu'à 2 ans, cette notion n'a pratiquement aucun sens.
- De la même manière, vers 7 ans on peut relativiser ses bêtises, alors que vers 2 ans on ne le peut pas encore.
Cela explique que votre enfant ait avant l'âge de 7 ans, du mal à repérer la gravité de ses actes.
- A partir de l'âge de 7 ans appelé aussi « âge de raison », les bêtises à répétition prennent un autre sens : il y a de la manipulation et de la provocation dans l'air. Et il est parfois malaisé de comprendre pourquoi.
L'interprétation du psy
Plusieurs raisons différentes peuvent expliquer cette conduite :
- Tester les limites par rapport au danger potentiel : jouer avec les allumettes jusqu'à ce qu'on ait provoqué un début d'incendie, jouer avec un couteau jusqu'à ce qu'on se coupe, etc. A la fois l'enfant teste l'interdit et la limite à ne pas franchir, et il teste vos réactions.
- Appeler au secours : je fais des bêtises jusqu'à ce que vous vous occupiez de moi ! C'est encore avec des bêtises –surtout si elles sont insupportables et horripilantes - que l'on peut le mieux attirer l'attention des parents.
- Lancer un message : je suis jaloux (de mon petit frère ou de ma petite soeur), je m'ennuie en classe, je ne veux pas aller ici ou là, bref, tous les moyens sont bons pour dire avec bêtises ce que l'on a du mal à dire avec des mots.
Votre attitude
- Mettre les limites. C'est pratiquement une nécessité, même si on a décidé d'avoir une éducation « zen », « cool », ou non normative. Il y a bien un moment où vous serez obligé de fixer les limites, le jour où la bêtise devient intolérable ou dangereuse pour tout le monde (l'incendie, les blessures, etc.). Grâce à cette limite que vous fixez vous aidez l'enfant à acquérir un peu plus d'autonomie, et ceci sans entretenir de frustration . Les parents qui savent dire « ça suffit » sont souvent plus rassurants et efficaces que ceux qui redoutent d'user de leur autorité . Ne pas mettre de limites pose le problème du changement des règles dont l'enfant a besoin pour se structurer. L'absence de limites revient à décider qu'un jour les voitures peuvent passer au vert, et le lendemain au rouge. Une telle attitude entretient une confusion dans l'esprit de l'enfant qui a besoin de règles. Il ne faut donc pas hésiter.
- Mettre les formes. Cela signifie, ne pas exploser dès la première bêtise, mais augmenter petit à petit dans le ton employé. Au-delà d'un certain ton, l'enfant sentira qu'il approche de la limite et il arrêtera.
Les pièges
Les parents doivent assumer à deux l'autorité. Il n'y a pas un parent « gentil » et un parent « méchant ». Poser ainsi la question dédouanerait le parent gentil de toute autorité et le rendrait aux yeux de l'enfant aisément manipulable. La concertation entre les parents est donc absolument indispensable. Même –et surtout - à cause des enfants, le dialogue entre parents est une nécessité.