Point de départ
L'incontinence urinaire est la présence de fuites involontaires d'urine. Il existe différente sorte d'incontinence urinaire:
- celle qui est liée strictement à l'effort,
- celle qui survient dans l'urgence et qui n'est pas liée à l'effort,
- celle qui associe ces deux variétés.
Les différents type d'incontinence urinaire
C'est l'impossibilité de retenir ses urines. Cette perte de contrôle est involontaire.
- L'incontinence urinaire d'effort survient généralement pendant un effort, toux, éternuement, activité physique. Elle est liée à une insuffisance du sphincter contrôlant l'émission d'urine ou à une anomalie de la jonction entre la vessie et l'urètre. L'incontinence urinaire liée à l'effort. Plusieurs circonstances favorisent ce type d'incontinence urinaire, la présence d'un prolapsus ou descente d'organe, ce que les femmes appellent souvent descente de vessie, les suites de grossesses. La rééducation et la chirurgie sont les mieux adaptées pour traiter ce problème. Ce type d'incontinence représente 50% des incontinences.
- L'incontinence urinaire par impériosité appelée aussi urgenturie ou par hyperactivité de la vessie est toujours une fuite urinaire involontaire qui se présente comme une urgence impérieuse. La vessie se contracte trop et anarchiquement ce qui provoque des envies pressantes et une fuite. Cet excès d'activité due au détrusor, le muscle de la vessie. peut avoir une cause telle qu'une infection urinaire , un polype de la vessie , un calcul urinaire dans la vessie, voire une infection vaginale . C'est dans ce type d'incontinence que se retrouvent les causes neurologiques comme les paraplégies . Toutes causes confondues, ce type d'incontinence représente 25%.
- L'incontinence urinaire mixte qui associe à des degrés variables les deux formes d'incontinence précédente. Ces autres types d'incontinence représentent les derniers 25%. On y associe les incontinences par regorgement au cours de rétentions d'urine ; les nombreuses incontinences d'origine psychologique.
XIncontinence urinaire en vidéo
Incontinence urinaire et anale Reportage sur l'incontinence urinaire et anale . | 3 vidéos |
Chiffres
- On estime à 3 millions en France, le nombre de femmes incontinentes. Avec l'âge la fréquence de l'incontinence urinaire augmente : en effet, 46% des femmes ont entre 51 et 70 ans. On estime que 15 à 20 % des femmes de plus de 60 ans souffrent d'incontinence urinaire. Par ailleurs, une femme incontinente sur deux a moins de 50 ans. Ce n'est donc pas spécifiquement une maladie de la vieillesse.
- D'une manière générale l'incontinence urinaire est rare chez l'enfant et l'homme jeune.
Signes
Chez la jeune femme
L'incontinence survient :
- Essentiellement à l'occasion d'un effort particulier (toux incessante, éternuements répétés, éclat de rire, port d'une charge lourde, etc.)
- Parfois spontanément en raison d'un prolapsus, c'est à dire une descente des organes, ou d'une paresse sphinctérienne (grossesses difficiles, prise de médicaments particuliers) ou d'un problème neurologique (déficience de transmission de l'influx nerveux).
- Parfois enfin au cours d'un effort physique, en particulier au cours du sport.
La personne âgée
- L'incontinence survient essentiellement spontanément (incontinence par impériosité). On retrouve les causes rencontrées chez la jeune femme auxquelles s'ajoutent des problèmes propres à cet âge (Alzheimer , démence sénile ).
L'homme jeune
L'incontinence urinaire est rare. On la retrouve :
- Suite à un problème neurologique (phase finale d'une crise d'épilepsie).
- Ou prostatique (prostatite chronique, suites d'intervention chirurgicale ou cystoscopique sur la prostate).
Les problèmes urologiques équivalents se résument plutôt ici à une polyurie (augmentation du volume des urines), une énurésie , une rétention urinaire .
L'enfant
Même remarque.
- Possible incontinence à la suite d'une malformation urinaire ou neurologique.
- Fréquence de l'énurésie qui parfois se prolonge tardivement jusqu'à l'adolescence.
Evaluer votre incontinence
N'importe qui peut évaluer son incontinence. Il suffit de se poser 5 questions :
- Avez vous des fuites au cours d'un effort (toux, éternuement, soulèvement d'un poids)?
- Avez-vous des envies d'uriner difficile à contrôler ?
- Urinez-vous plus de 8 fois par 24 heures ?
- Vous levez-vous la nuit pour uriner 2 fois ou plus ?
- En urinant, ressentez-vous des brûlures ou des picotements ?
- Ressentez vous parfois le besoin d'une miction impérieuse?
La réponse positive à l'une ou l'autre de ces questions nécessite d'aller voir un médecin.
Consultation avec le médecin
À l'interrogatoire, le médecin recherchera
- Les raisons et circonstances exactes de l'incontinence d'effort (jeune femme) et en cas d'incontinence spontanée :
- La prise éventuelle de médicaments (somnifères, anxiolytiques),
- Les habitudes alimentaires (abus de thé ou de café en particulier). Au delà de 4 tasses de café par jour, le risque augmente sensiblement.
- Une ou plusieurs grossesses multiples ou difficiles, avec des prises de poids excessive
- Une ménopause ,
- Des antécédents de cystique à répétition, d'une radiothérapie ,
- Un traumatisme pelvien à la suite d'une intervention ou d'un accident
- Une maladie neurologique (sclérose en plaque ),
- Un trouble du comportement (rétention volontaire d'urines).
- Il vérifiera à l'examen l'absence de prolapsus.
- Il doit aussi s'enquérir de troubles sexuels associés et en particulier de fuite au moment des rapports
Examens complémentaires
L'examen de référence est le bilan urodynamique qui évalue le fonctionnement de la vessie au repos et à l'effort.
- Une débimétrie (mesure des débits et temps d'une miction) et évaluation d'un résidu d'urine dans la vessie.
- Une cystomanométrie (mesure des pressions dans la vessie au cours de la miction).
- Le profil uretral évalue les pressions au sein de l'urètre et permet de rechercher une insuffisance sphinctérienne ou une mauvaise stabilité de l'urètre.
- Un électromyogramme (qualité de l'influx nerveux).
D'autres examens complémentaires peuvent être nécéssaires :
- Un ECBU (en cas de cystites à répétition).
- Une échographie vésicale (recherche de polype, de calcul, ...) et pelvienne (recherche de fibromes appuyant sur la vessie). L'échographie rénale est effectuée si le traitement se fait par la pose de bandelette.
- Une urographie intraveineuse (étude de l'ensemble du système urinaire).
- Une cystographie (aspect de l'urètre et du sphincter urinaire, absence de lésions sur la paroi de la vessie, d'un problème prostatique chez l'homme).
Traitements
La rééducation périnéale
Le but est de minimiser, contrôler ou supprimer tout effort parasite en cas d'incontinence d'effort. La rééducation est très efficace pour les incontinences faibles ou modérées. Mais cela nécessite de la persévérance.
Devant une musculature pelvienne insuffisante, un sphincter paresseux :
- Rééducation par le procédé du pipi-stop (on arrête d'uriner dès le début de la miction).
- Rééducation pelvienne (sphincter et muscles du périnée). Elle est utile pour l'incontinence d'effort et l'incontinence par impériosité. Elle est recommandée chez les personnes âgées et pour les suites de grossesse.
- Les techniques consiste en bio-feedback, cônes vaginaux, électrostimulation, traitements comportementaux, effectués par des kinésithérapeutes spécialisés. Une vingtaine de séances est nécessaire. Le taux de réussite est bon (jusqu'à 80%), mais à 2 ans, ce taux tombe à 10%, ce qui parfois nécessite la chirurgie.
Les médicaments
- Les oestrogènes. Ils sont utiles lorsque l'incontinence apparaît à la ménopause .Ils améliorent l'urgenturie et les envies fréquentes d'uriner (pollakiurie).
- En cas de surpoids, des conseils alimentaires et la pratique d'une activité sportive sont recommandées.
- Les traitements anticholinergiques du type Ceris, Vesicare, Ditropan agissent dans les infections urinaires par urgenturie en réduisant l'activité de la vessie, et en détendant le détrusor. Seuls effets secondaires, la sécheresse de la bouche qui reste modérée, et un peu de constipation.
- Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline sont à l'étude et obtiennent d'excellents résultats, mais on attend leur mise sur le marché.
- Les injections de toxine botulique sont indiquées chez les personnes ayant une hyperactivité vésicale.
En cas d'échec, la chirurgie prend le relais (remise en place de la vessie, sphincter artificiel). Si celle-ci est impossible, recours aux traitements palliatifs (couches, protections absorbantes spécifiques).
Les injections intra-urétrales
- Cette injection dans l'urètre est indolore et non toxique. Cela permet d'injecter dans la muqueuse de l'urètre un produit (teflon ou collagène) qui va renforcer la tonicité et l'épaisseur de sa paroi.
- Réalisée sans anesthésie et en 10 mn, elle améliorerait 70% des incontinences mineures. Une autre injection 2 mois plus tard peut être nécessaire. D'autres chiffres font état de résultats plus modestes (40% de réussite à 2 ans).
La chirurgie
On utilise diverses techniques :
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La pose d'une bandelette pour soutenir la vessie est la technique recommandée encas d'incontinence urinaire d'effort. Plusieurs types existent. C 'est une sorte de fronde posée sous le col de la vessie au cours d'une
anesthésie loco-régionale ou générale. Si la tension est mal calculée, il y a des risques de
rétention urinaire . Résultats bons (90% à long terme) si la tension est correcte.
- La technique de Tension-free Vaginal Tape est une variante des frondes. Le taux de réussite est actuellement le meilleur (96%).
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Si la femme présente un prolapsus associé, les signes d'incontinence urinaire disparaissent dans la moitié des cas apres la cure du prolapsus.La colposuspension (intervention de Burch). Elle donne 80% de réussite à 5 ans.
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La colposuspension transcutanée : diverses méthodes (Peyrera, Raz, Stamey). Elles ont pour principe commun de créer un soutènement du col de la vessie à l'aide de fils fixés sur la paroi du vagin. Les résultats sont moins bons sur le long terme que l'intervention de Burch.
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Le sphincter urinaire artificiel est une
prothèse hydraulique en silicone. C'est le
traitement de l'incontinence urinaire sévère chez l'homme. A 10 ans les résultats sont bons (90%), mais il faut parfois réintervenir pour la changer. Chez la femme, il n'est utilisé que dans les les incontinences urinaires sévères aprés échec des interventions par bandelette de souténement.
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Les ballons ajustables. ils sont mis en place sous
anesthésie locale et ne nécessitent pas d'hospitalisation. Ils ne sont pour l'instant pas remboursés par la sécurité sociale. Ce type de traitement serait très utile chez les personnes âgées.
Le pacemaker vésical
- Cette technique récente consiste à implanter un petit boîtier juste en haut de la raie des fesses, au niveau du sacrum . De ce boîtier partent des électrodes, qui vont stimuler les racines nerveuses de la région. Le résultat est une « neuromodulation », c'c'est à dire la délivrance par le boîtier d'une stimulation électrique qui va se substituer au cerveau. La vessie reçoit donc des ordres qui vont permettre au sphincter de jouer son rôle.
- Ce système traite essentiellement l'incontinence par impériosité, c'c'est à dire le besoin pressant d'uriner en dehors de tout effort.
- L'intervention nécessite 4 à 6 jours d'hospitalisation. Elle ne peut être effectuée que si la vessie n'a pas été opérée précédemment. Il faut enfin vérifier avant implantation que la personne répond bien aux stimulations électriques, ce qui est le cas 2 fois sur 3. Le changement de la pile se fait tous les 7 ans en une demi heure sous anesthésie locale .
- Le coût est encore élevé (8.000 €), son remboursement par la Sécurité Sociale est encore à l'étude.