Point de départ
- L'énurésie est l'incapacité de l'enfant à rester propre pendant la nuit. Vers deux ans le jour, et trois-quatre ans la nuit, l'enfant maîtrise en principe la propreté. Dans la pratique, c'est une autre histoire : environ 20% des enfants de 5 ans et 10% de ceux de 7 ans mouillent encore leur lit. Au départ, entre 5 et 8 ans, les filles sont les plus nombreuses.
- À 8 ans, filles et garçons sont sur un pied d'égalité. C'est après que les garçons mouillent deux fois plus leur lit que les filles...
- Presque une fois sur deux, on retrouve chez les parents des difficultés à la propreté au cours de leur enfance.
Quand parle-t-on vraiment d'énurésie ?
- Du point vue des pédiatres, on ne peut véritablement parler d'énurésie qu'à partir de l'âge de 5 ans. Là seulement, on admet que l'enfant a des difficultés de contrôler sa vessie en tous lieux et à toute heure quelles qu'en soient les raisons. Il est alors important ne serait-ce que pour se rassurer, de toujours vérifier que l'énurésie n'est pas liée à une infection ou une anomalie de l'appareil urinaire.
Quelles sont les causes des pipis au lit ?
- L'énurésie est exceptionnellement due à une maladie ou une lésion de l'appareil urinaire. Il s'agit dans la majorité des cas, d'une absence de contrôle volontaire de la vessie (elle apparaît normalement entre deux et quatre ans). Le cerveau qui commande tous les muscles, dans ce cas, ne fait pas le lien entre l'envie de faire pipi et la nécessité de se réveiller. L'immaturité de commande des circuits nerveux reliés à la vessie se traduit par des ratés.
- L'énurésie peut aussi être d'ordre psychologique. Le plus souvent, l'enfant refait pipi au lit après avoir été propre, en réaction à des petits soucis de son existence (déménagement, naissance d'un petit frère ou d'une petite soeur, etc.).
- On croit volontiers que ce sont des enfants timides, vulnérables, passifs, fragiles psychologiquement et en conflit avec leur famille trop protectrice ; ou au contraire des enfants agressifs, négligés par leur entourage. Le plus souvent les petits patients vus en consultation sont gais et sans problèmes apparents ; ils vivent dans des familles au premier abord chaleureuses et suffisamment aimantes. Tout se passe comme si ce trouble était isolé.
Votre attitude
- L'enfant est le premier embêté par ce qui lui arrive, il semble qu'il n'y puisse vraiment rien. Alors surtout pas de gronderie, ni de punition et encore moins d'humiliation. Devant les copains ou la famille, abstenez-vous des petites phrases assassines. L'indifférence n'est pas meilleure ; il n'est jamais bon de faire comme s'il ne se passait rien. Dans les énurésies réactionnelles d'origine psychologique, l'enfant qui mouille son lit exprime le plus souvent un malaise, vous pouvez l'aider à le résoudre.
- En cas de pipis au lit réactionnels, n'ayez pas d'inquiétude. Généralement, ces fuites sont vite éliminées, dédramatisez et ne vous polarisez pas trop dessus, mais au contraire cherchez à en comprendre le sens. Parfois, l'intervention d'un tiers, un médecin, le pédiatre ou un psychologue permet de débloquer rapidement la situation.
- À partir de 19 heures, veillez à ce que votre enfant boive en moindre quantité. Rappelez-lui d'aller faire pipi avant d'aller au lit. Un petit truc souvent efficace : laissez une veilleuse aux endroits stratégiques qui permettra d'atteindre sans frayeur le pot dans la chambre ou les toilettes.
- Certains pédiatres préconisent la tenue d'un calendrier mictionnel avec les nuits sèches et les nuits mouillées représentées par un soleil ou un nuage. Parlez-en à votre pédiatre, l'objectif n'est jouable qu'à condition de consultations régulières qui montrent bien les progrès accomplis.
- Dès 5 ou 6 ans, la participation de l'enfant à la corvée du change des draps est importante. Non pour le punir ni pour l'humilier, mais parce qu'ainsi il se prend mieux en charge et se sent plus responsabilisé : cela devient aussi son problème. Le parent qui efface toute trace du pipi nocturne sans rien en dire, parce qu'il trouve son enfant encore trop petit pour y faire face, risque bien de retarder son autonomie.
- Un conseil pour éviter de changer les draps (il est utilisé par les mamans lorsque leur enfant commence à vouloir dormir sans couche) : placez une alèse en plastique par dessus les draps, recouverte d'une grande serviette éponge. En cas de fuites, il suffit d'enlever le tout, et dessous les draps sont secs !
- La crainte d'être grondé en cas de pipi peut amener l'enfant à réclamer lui-même ses couches malgré son envie très forte de grandir. Faut-il céder à la tentation (c'est si pratique...) ? ou le libérer ? Si l'enfant est trop inquiet, la couche reste un recours toujours possible, cependant, dites-lui que vous l'estimez suffisamment grand pour qu'il tente l'expérience sans. Après tout, un pipi au lit cela n'est pas si grave.
Le traitement
- Le pipi-stop est un appareil préconisé par certains pédiatres, mais uniquement à partir de l'âge de 7 ou 8 ans. Il est équipé d'électrodes (sans danger) et placé dans le pyjama ; il déclenche une sonnerie qui réveille l'enfant avant que celui-ci ne soit inondé. Ces appareils provoquent des réflexes conditionnés. Mais doit-on associer psychologiquement cette partie intime du corps à une sensation désagréable ?
- On peut également l'inciter à une petite gymnastique de la vessie en lui demandant de jouer au stop-pipi en s'arrêtant au milieu du jet ? L'enfant réalise ainsi que cette fonction est sous sa volonté. Et qui peut le jour, peut la nuit !
- Des médicaments peuvent être utiles, mais pas n'importe lesquels ni dans n'importe quelle condition. On ne doit surtout pas les utiliser avant l'âge de 6 ans. Environ deux fois sur trois, ils améliorent ou mettent fin aux fuites nocturnes. L'imipramine, un antidépresseur autrefois utilisé, est aujourd'hui délaissé, à cause de ses effets secondaires gênants. Un comprimé (à base de desmopressine) à prendre avant le coucher, donne de bons résultats sur les enfants répondeurs. Sa prescription est limité à trois mois, renouvelable une fois. La desmopressine agit 10 à 12 heures en "retenant" l'eau au niveau des reins et en diminuant la quantité d'urine émise. Il est demandé à l'enfant de limiter les boissons le soir, et de ne pas boire la nuit. Mais il ne faut avoir recours aux médicaments que lorsque le dialogue et toutes les autres méthodes ont été essayés.
- Chaque année, environ 10% des enfants guérissent spontanément. Au total, plus de 99% règlent le problème. Un certain nombre d'adolescents souffre encore de ce problème. On en parle peu, et pourtant ils doivent être pris en charge.
Source : Bon usage de la desmopressine dans l'énurésie nocturne isolée chez l'enfant - Mise au point, bon usage. Afssaps, avril 2006.
Termes associés : pipi au lit - pipi - incontinence d'urines - fuites - incontinence urinaire -
L'information ci-dessus apporte les éléments essentiels sur ce sujet. Elle n'a pas vocation à être exhaustive et tout comme les conseils, elle ne peut se subsister à une consultation ou un diagnostic médical.