Point de départ
Une infection est l'envahissement plus ou moins brutal de l'organisme par un microbe (bactérie, parasite, virus ou champignon) pathogène (capable d'entraîner une maladie).
Que ce soit notre organisme qui baisse la garde ou un microbe virulent qui l'assaille, le scénario sera à chaque fois le même. Il utilise des mots connus : contamination, contagion, incubation etc.
La contamination
Le microbe pénètre par un point quelconque de l'organisme. C'est ce qu'on appelle la contamination.
Il y pénètre par un nombre limité de points, ceux qui font que notre organisme n'est pas un système clos et hermétique, mais un système ouvert vers l'extérieur au moyen de ses orifices :
- Les voies aériennes (bouche et nez).
- Les voies ORL (le fond de la gorge et la trompe d'Eustache qui mène à l'oreille moyenne ).
- Les voies digestives (par la bouche essentiellement, mais aussi par l'anus).
- Les muqueuses (buccale encore une fois, nasale, rectale, vaginale et urinaire). Une place particulière pour l'oeil.
- Les pores de la peau.
- La peau elle-même lorsqu'elle est atteinte par une plaie ou une lésion.
La contagion
La contamination peut se faire :
- De façon directe grâce à l'air que nous respirons où grâce à ce que nous avalons.
- De façon indirecte par un autre être vivant (animal, plante ou être humain). Mais finalement cet organisme contagieux ne fait que nous transmettre un microbe par contact (toucher, air qu'il expire, gouttelettes de salive, contact sexuel, etc.). C'est pour cela qu'on utilise souvent le terme de sujet-contact . Lui même peut être déjà infecté donc malade (tuberculeux par exemple) ou porteur sain (l'échinococcose transmise par les renards par exemple). On parle alors (surtout pour les animaux) de réservoir .
À nous de savoir nous défendre, et c'est là que l'immunité rentre en jeu.
L'incubation
Au début, le nombre de microbes est faible (même si le nombre peut se chiffrer en millions). Mais plus ou moins rapidement selon les microbes, leur nombre va s'accroître de façon considérable. Il faut dire qu'ils ont tout à disposition : une température idéale, des cellules-hôte qu'ils peuvent parasiter pour s'incorporer dans leur matériel génétique, des nutriments à profusion, ils sont comme des coq en pâte. Plus leur nombre s'accroît, plus ils sont perçus par l'organisme comme étrangers et agressifs. On parle pour certains virus de charge virale qui signifie que tant que les virus ne se sont pas développés en nombre suffisant, l'organisme ne fait que les repérer sans réaction agressive. Il faut un certain temps pour que tout cela se mette en place : c'est la période d'incubation qui varie selon les microbes leur virulence et leur quantité initiale.
La phase d'état : l'inflammation
On utilise souvent ce terme dans les maladies infectieuses. C'est le moment où, l'organisme ayant décidé que cet envahisseur était bien un ennemi, va réagir en alertant ses troupes : la réaction commune à pratiquement toutes les infections est l'inflammation. Mais chaque inflammation a son mode d'expression spécifique selon le lieu de l'infection et le type de microbe.
Une poussée de boutons, c'est une forme particulière d'inflammation qui donne la signature de la maladie, les signes spécifiques. Par exemple, des petits boutons disséminés sur le corps, et qui le lendemain se surmontent d'une bulle qui crève le surlendemain pour laisser place à une croûte, est une réaction inflammatoire spécifique de la varicelle qui est due à l'herpès virus.
En revanche, le même herpès virus qui se développe dans les méninges et donne une méningite, va donner une réaction méningée (maux de tête, vomissements, gène à la lumière, etc.) qui aurait été la même si la méningite avait été provoquée par un autre microbe.
C'est souvent au stade d'inflammation, lors de cette période d'état, que les signes sont les plus violents. C'est d'abord à cause de la virulence du microbe qui peut faire des dégâts (destruction de cellules nerveuses dans l'encéphalite par exemple), mais aussi à cause de l'importance de la réaction inflammatoire, que l'organisme est obligé d'en mettre en place pour se défendre. Cette réaction peut être parfois telle que le médecin est obligé de la tempérer en utilisant des anti-inflammatoires.
La suite de l'infection
Il n'y a pas beaucoup de possibilités : quatre exactement.
- Soit les défenses de l'organisme sont d'emblée les plus fortes et l'infection sera tuée dans l'oeuf , les signes inflammatoires diminuant rapidement.
- Soit le conflit monte en puissance et la bataille fait rage : on appelle cela le foyer infectieux. Les microbes se multiplient et déversent leurs toxines ou grignotent peu à peu les tissus au cours de leur avancée. En réponse, les cellules de défense (polynucléaires, macrocytes, lymphocytes, etc.) jouent les kamikazes, les encerclent et les détruisent. Tout cela fait un mélange de débris des deux protagonistes et de tissus détruits. Les dégâts alentours sont considérables (à l'échelle microscopique) : c'est le pus. A ce stade l'abcès qui se constitue est inévitable. Cet abcès peut être plus ou moins gros, mais il se développe seulement au niveau local (abcès du poumon, furoncle, foyer tuberculeux, etc.). Le conflit peut s'étendre au niveau régional, et parfois au niveau général (c'est à dire dans tout l'organisme : c'est la septicémie). La guérison dépendra de l'importance de cette extension.
- Soit l'infection est jugulée. C'est ce qu'on appelle souvent la phase tertiaire ou la phase de convalescence. Peu à peu les dernières troupes de microbes sont détruites et l'organisme commence la reconstruction minutieuse de ce qui a été détruit. Parfois sans séquelles, parfois avec séquelles. Ces séquelles dépendent de l'importance des tissus atteints au niveau local, régional et général et lorsque ceux-ci ne se reproduisent pas ou mal, les séquelles sont irréversibles.
- Soit l'infection ne l'est que partiellement : il persiste un petit foyer infectieux en dormance (comme l'herpès virus qui dort dans des ganglions nerveux ou le virus de l'hépatite dans la cellule hépatique) qui va se réveiller parfois. La maladie passe à la chronicité.
La mémoire immunitaire
Quelle que soit l'issue, l'organisme gardera précieusement en mémoire le motif antigénique de l'agresseur, sa carte d'identité génétique. C'est le rôle des
lymphocytes du
sang qui sont les gardiens de notre immunité.