Définition
Le traitement de l'incontinence urinaire repose sur plusieurs éléments :
- d'abord la prise de conscience par la personne de cette incontinence et de la nécessité de mise en route d'un traitement.
- Ensuite les médicaments
- Enfin les techniques chirurgicales.
Sachant que les moyens tels que les couches et les protections ne sont qu'un palliatif en cas d'échec. Or comme les solutions existent, ces mesures de protection ne sont pas une fin en soi, ni un traitement.
La rééducation périnéale
- La rééducation périnéale précède tous les traitements et est effectuée par un kinésithérapeute ou par une sage femme.
- Son but est de faire prendre conscience à la femme de son anatomie pelvienne et en particulier du role des muscles releveurs de l'anus dans le soutien des organes du petit bassin.
- Elle commence par une évaluation musculaire du périnée.Elle est efficace pour les incontinences faibles ou modérées. Mais cela nécessite de la persévérance.
- Vous pouvez commencer la rééducation par le procédé du pipi-stop (on arrête d'uriner dès le début de la miction).
- Rééducation pelvienne (sphincter et muscles du périnée). Elle est utile pour l'incontinence d'effort et l'incontinence par impériosité. Elle est recommandée chez les personnes âgées et pour les suites de grossesse.
- Elle utilise différentes techniques , bio-feedback, cônes vaginaux, électrostimulation, traitements comportementaux, effectués par des kinésithérapeutes spécialisés.
- Une vingtaine de séances est nécessaire. Le taux d'amélioration est bon (jusqu'à 80%), mais à 2 ans, ce taux tombe à 10%, ce qui parfois nécessite la chirurgie.
Les médicaments
Le traitement de l'incontinence urinaire d'effort
- L'application d'estrogènes locaux en ovule ou en crème est utile à la ménopause car elle tonifie les muqueuses. Elle est associée à la rééducation périnéale dans un premier temps. Si les résultats ne sont pas concluants, il faut envisager la chirurgie sous forme de bandelette urinaire qui "remonte" la vessie.
Le traitement de l'hyperactivité vésicale
- Les médicaments qui agissent sur le sphincter de la vessie, le détrusor, permettent un meilleur contrôle des fuites. Leurs noms commerciaux sont Ditropan, Céris, Vésicare,... Ils sont leurs contre indications, en particulier oculaire.
Autres médicaments utilisés
- Les antispasmodiques et les parasympaticolytiques. Ils sont toutefois inutiles dans l'incontinence d'effort.
- La vitamine E.
- Les alphastimulants.
- Les anticholinergiques comme le trospium agissent en réduisant l'activité de la vessie, et en détendant le détrusor. Seuls effets secondaires, la sécheresse de la bouche qui reste modérée, et un peu de constipation.
- Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline sont à l'étude et obtiennent d'excellents résultats, mais on attend leur mise sur le marché.
- La toxine botulique est en expérimentation.
Les injections intra-urétrales
- L' injection dans l'urètre est indolore et non toxique. Cela permet d'injecter dans la muqueuse de l'urètre un produit (teflon ou collagène) qui va renforcer la tonicité et l'épaisseur de sa paroi.
- Réalisée sans anesthésie et en 10 mn, elle améliorerait 70% des incontinences mineures. Une autre injection 2 mois plus tard peut être nécessaire. D'autres chiffres font état de résultats plus modestes (40% de réussite à 2 ans).
L'électrostimulation à domicile
- Plusieurs électro-stimulateurs peuvent etre utilisés à domicile: KEAT®, Feminic®
- L'électro-stimulateur est sans fil et programmable, constitué d'une sonde à placer au fond du vagin qui délivre des stimulations électriques de faible intensité. Ces stimulations font travailler les muscles du plancher pelvien, c'est à dire ceux qui soutiennent la vessie et les organes génitaux. Le renforcement de ces muscles provoque une meilleure continence du sphincter de la vessie, et une diminution de ses contractions.
- La rééducation est effectuée au début par un professionnel de santé et par la suite de façon régulière par la personne elle-même. Il permet d'améliorer les incontinences d'effort ou d'impériosité.
- Les séances durent 30 minutes par jour. Il est recommandé de le faire régulièrement tous les jours. Durée du traitement : 2 mois.
- L'appareil est vendu en pharmacie et remboursé à 65% sur prescription médicale. C'est un traitement de première intention.
L'électro-stimulateur est contre-indiqué en cas :
Le pacemaker vésical
- Cette technique récente consiste à implanter un petit boîtier juste en haut de la raie des fesses, au niveau du sacrum . De ce boîtier partent des électrodes, qui vont stimuler les racines nerveuses de la région. Le résultat est une « neuromodulation », c'c'est à dire la délivrance par le boîtier d'une stimulation électrique qui va se substituer au cerveau. La vessie reçoit donc des ordres qui vont permettre au sphincter de jouer son rôle.
- Ce système traite essentiellement l'incontinence par impériosité, c'c'est à dire le besoin pressant d'uriner en dehors de tout effort.
- L'intervention nécessite 4 à 6 jours d'hospitalisation. Elle ne peut être effectuée que si la vessie n'a pas été opérée précédemment. Il faut enfin vérifier avant implantation que la personne répond bien aux stimulations électriques, ce qui est le cas 2 fois sur 3. Le changement de la pile se fait tous les 7 ans en une demi heure sous anesthésie locale .
- Le coût est encore élevé (8.000 €), son remboursement par la Sécurité Sociale est encore à l'étude.
Les suites
- Elles dépendent de la cause.
- Les résultats, variables pour la rééducation fonctionnelle sont bons pour la chirurgie.
Le traitement chirurgical
Pour l'incontinence urinaire d'effort
On utilise diverses techniques
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Les bandelettes : ce sont des sortes de frondes posées sous le col de la vessie, posées sous
anesthésie générale. Mais si la tension est mal calculée, il y a des risques de
rétention urinaire . Résultats bons (90% à long terme) si la tension est correcte.
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La technique de
Tension-free Vaginal Tape est une variante des frondes. Le taux de réussite est actuellement le meilleur (96%).
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La colposuspension (intervention de Burch) est une technique plus ancienne. Elle donne 80% de réussite à 5 ans. Elle consiste à faire une
laparoscopie (introduction d'un fibroscope par le nombril sous anesthésie générale), et de mettre en place des fils solides et non résorbables. Ceux-ci vont être fixés sur l'arrière de l'os du pubis (l'os qui est derrière les
poils du pubis), et passer sous l'urètre pour le soutenir, ce qui guérit l'incontinence.
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La colposuspension transcutanée : diverses méthodes (Peyrera, Raz, Stamey). Elles ont pour principe commun de créer un soutènement du col de la vessie à l'aide de fils fixés sur la paroi du vagin. Les résultats sont moins bons sur le long terme que l'intervention de Burch.
Autres techniques