Définition et prévalence
Les fuites urinaires ou incontinence urinaire se définissent par une perte accidentelle ou involontaire d'urine. L'ensemble des spécialistes s'entendent pour évaluer à plus de 3 millions en France le nombre de personnes sujettes à des épisodes d'incontinence urinaire, pas seulement aux 3ème et 4ème âge mais à tout âge. Dans la population féminine, la prévalence de l'incontinence urinaire varie, selon les études, de 10 à 57%. En analysant le type d'incontinence en fonction de l'âge, il apparaît que l'incontinence urinaire d'effort prédomine chez la femme jeune (moins de 50 ans), tandis que l'incontinence urinaire par impériosité et l'incontinence mixte prédominent chez la femme plus âgée (plus de 50 ans).
Dans la population masculine, la prévalence de l'incontinence urinaire va de 12 à 16% à l'âge de 18 ans et plus, avec une augmentation liée au vieillissement. L'incontinence urinaire d'effort chez l'homme est consécutive à la prise en charge d'une pathologie prostatique dans la majorité des cas. L'incidence de l'incontinence persistante au-delà de 6 mois est d'environ 25%, avec 3 à 5% des patients qui ont une incontinence totale permanente justifiant une prise en charge chirurgicale.
Formes d'incontinence urinaire
• L'incontinence urinaire d'effort,caractérisée par une fuite involontaire d'urine par l'urètre (le méat urétral), survenant à l'occasion d'un effort physique, à la
toux et aux éternuements. Il s'agit d'une fuite en jet, peu abondante, de survenue brutale au moment d'un effort, le plus souvent en position debout, sans sensation de besoin préalable.
• L'incontinence urinaire par urgences mictionnelles (impériosité ou hyperactivité vésicale), caractérisée par une fuite involontaire d'urine, accompagnée ou immédiatement précédée d'un besoin urgent et irrépressible d'uriner aboutissant à une
miction ne pouvant être différée et retenue. Les quantités d'urine émises sont faibles, les mictions répétées (au moins 8 par 24h) et toujours impérieuses, de jour comme de nuit. En résumé, les mictions sont fréquentes et de faible volume.
• L'incontinence urinaire mixte combine les deux types d'incontinence prédéfinie.
Mécanismes
Les mécanismes de l'hyperactivité de la
vessie sont multiples. La contraction de la vessie est sous la
dépendance de récepteurs, dénommés récepteurs muscariniques, contenus dans le muscle de la paroi vésicale. La contraction du muscle vésical se produit lorsqu'une
molécule dénommée acétylcholine, libérée par des neurones, et transmise à la vessie via le nerf parasympathique, se fixe au niveau des récepteurs muscariniques. C'est donc ce mécanisme qui engendre la contraction du muscle de la vessie et les mictions.
Chez une personne ne souffrant pas d'incontinence, la molécule acétylcholine, est libérée de façon consciente lorsque l'envie d'uriner se fait ressentir ce qui entraine une contraction normale de la vessie. Chez une personne souffrant d'incontinence par impériosité, la molécule acétylcholine est libérée par le
cerveau sans contrôle conscient et volontaire de la personne ce qui entraine des fuites urinaires non contrôlées.
Ressenti
Les fuites urinaires impromptues ne mettent pas la personne en situation de confiance. Les patients craignent des odeurs malvenues la journée et une
énurésie (fuites la nuit). Enfin, l'orgasme, l'effort, le rire favorisent le déclenchement d'une hyperactivité de la vessie… Beaucoup de patients (une majorité de femmes) souffrent en silence et ne cherchent pas à être soignées. C'est soit par honte, soit parce que elles considèrent qu'il n'existe pas de prise en charge ou que ce phénomène est naturel.
La gêne ou la fatalité des sujets face à l'incontinence urinaire les empêchent de consulter. Les personnes ne souffrant d'aucun trouble vident leur vessie entre 4 et 8 fois par cycle de 24 heures alors que certaines personnes souffrant d'incontinence urinaire vont devoir uriner plusieurs fois durant la nuit ou subir des fuites d'urines lors de certaines activités, voire ne pas pouvoir se retenir en attendant d'aller aux toilettes.
Toutes ces raisons, le plus souvent tues et cachées, nécessitent de consulter un médecin généraliste ou un médecin spécialisé.
Prise en charge
Les études montrent que peu de personnes sont prises en charge alors même que des traitements existent. Une prise en charge est efficace lorsqu'elle tient compte de toutes les raisons engendrant l'incontinence. Le but est dans un premier temps de réduire la fréquence mais également le volume des fuites urinaires de jour comme de nuit, l'objectif final restant de faire disparaître totalement l'incontinence urinaire dans le meilleur des cas.
•
Rééducation périnéale
•
Médicaments Les anticholinergiques est la classe médicamenteuse de première intention la plus utilisée dans le
traitement de l'incontinence urinaire par impériosité (ou incontinence par urgences mictionnelles) et mixte, compte tenu de son efficacité. Le rôle de ces médicaments est de bloquer les récepteurs muscariniques de la vessie et donc de diminuer la possibilité de la vessie à se contracter. Les effets secondaires les plus courants (mais de fréquence différentes selon les médicaments) sont la constipation, la sécheresse de la
bouche (le plus fréquent), les troubles de l'accommodation oculaire, les troubles gastro-intestinaux, des troubles de la
conscience.
•
Chirurgie - Pour l'incontinence d'effort : une bandelette synthétique de polypropylène est introduite par voie vaginale lors d'une courte hospitalisation. Elle obtient plus de 80% de succès.
- Pour l'incontinence par impériosité : la neuromodulation apporte une solution aux personnes n'ayant pas trouvé de solution thérapeutique. Elle apporte des résultats cliniques exceptionnels chez 20 à 30% des patients souffrant d'instabilité vésicale. Les injections de toxine botulique dans la vessie sont également depuis peu une option de traitement en cas d'échec des traitements médicamenteux. Le traitement s'effectue en hôpital de jour sous
anesthésie locale.