Définition
C'est une inflammation du pancréas.
- Soit elle est aiguë et souvent bénigne, rarement fulgurante et rapidement mortelle.
- Soit elle est chronique évoluant doucement vers la sclérose et la destruction complète du pancréas.
Ce qu'il se passe
Les deux types de pancréatite ont des mécanismes différents :
La pancréatite aiguë :
Elle est toujours bruyante. Dans les 2/3 des cas (et principalement chez la femme), le responsable est un calcul biliaire .
- Provenant de la vésicule, le calcul se coince dans le cholédoque à son abouchement dans le duodénum en compagnie du canal pancréatique. Le liquide pancréatique (suc), bloqué dans son canal, finit par refluer dans le pancréas et s'attaquer à ses propres cellules. Au début, les lésions ne sont pas trop méchantes. C'est la pancréatite oedémateuse bénigne, heureusement la plus fréquente. Rapidement tout peut basculer. Les cellules sont auto-digérées par le suc pancréatique qu'elles sécrètent, les tissus sous-jacents saignent et les cellules se nécrosent. C'est la redoutable pancréatite ulcéro-hémorragique (souvent mortelle).
Dans l'autre tiers des cas, on trouve d'autres causes :
- L'alcoolisme chronique . C'est la cause principale chez l'homme. Outre le pancréas qui est visé par l'intoxication, il y a aussi le foie qui est menacé à terme de cirrhose .
- Certaines interventions sur les voies biliaires (notamment au niveau du carrefour cité plus haut).
- Au cours d'un examen comme le cathétérisme rétrograde des voies biliaires (sous fibroscopie , on enfonce un minuscule tube dans les voies biliaires ce qui peut facilement les blesser).
- L'hypertriglycéridémie, l'hypercalcémie , la prise de certains médicaments.
La douleur est violente, insupportable, au creux de l'estomac, ressentie très profondément au niveau du ventre. On l'appelle également douleur solaire parce qu'elle se situe au niveau du plexus solaire. Elle est résistante aux traitements antalgiques habituels. Elle est souvent isolée (pas d'autres symptômes par ailleurs) et se termine rapidement par une hospitalisation pour bilan échographique et biologique.
Le problème de la pancréatite aiguë au delà de la douleur, est qu'elle témoigne d'une souffrance pancréatique importante qui à terme et à force de se répéter peut évoluer vers d'autres complications comme le faux kyste du pancréas .
La pancréatite chronique :
Elle ne finit jamais bien.
- Ici la bête noire, c'est l'alcool. L'intoxication chronique finit par avoir raison du pancréas en le sclérosant, le calcifiant, et formant ici et là des kystes jusqu'à le détruire. Les calcifications sont très typiques de ce type de pancréatite. On les reconnaît aisément sur une simple radiographie de l'abdomen.
- Cette pancréatite évolue par poussées avec des épisodes douloureux tout à fait comparables à ceux de la pancréatite aiguë.
- Il peut à la suite de plusieurs crises, se développer sur le pancréas un kyste qu'on appelle le faux kyste du pancréas .
- L'amaigrissement (en rapport avec l'alcoolisme chronique) et les diarrhées graisseuses (secondaires aux digestions incomplètes faute d'enzymes pancréatiques) sont les symptômes dominants.
Les signes en urgence
- Une douleur violente en coup de poignard, située juste sous le sternum (creux épigastrique), irradiant dans le dos, permanente, pouvant durer des heures, vous obligeant à chercher une position pour vous calmer (allongé en chien de fusil le plus souvent). Elle est parfois associée à des vomissements.
- Des diarrhées graisseuses
- Un état de choc avec un pouls très rapide, des sueurs, pâleur, vertiges.
- Rarement une fièvre et une gêne respiratoire.
Le médecin sur place peut suspecter le diagnostic de pancréatite aiguë sur cette douleur suffisamment caractéristique, vous soulage difficilement par un antalgique en intraveineux (il ne fera à priori jamais de morphine sur un premier épisode) et demandera en urgence une amylasémie et/ou une lipasémie.
Les signes plus discrets
- Un amaigrissement et une diarrhée qui vous inquiètent d'autant plus que s'y associe une douleur plus ou moins constante sans vomissement ni fièvre.
- Un ictère et une petite fièvre parfois associée.
Si dans les antécédents, le médecin n'a aucune notion de violentes crises douloureuses évoquant des épisodes de poussées aiguës, il vous fera hospitaliser pour bilan.
À l'hôpital
Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :
Le médecin suspecte une pancréatite oedémateuse bénigne
C'est effectivement votre premier épisode douloureux. Vous êtes hospitalisé :
- D'une part, pour confirmation diagnostique et mise en route du traitement.
- D'autre part, pour s'assurer que dans les 3 jours l'évolution ne se fasse pas vers une forme ulcéro-hémorragique autrement plus grave.
La confirmation diagnostique se fait sur peu d'examens :
Le traitement est simple
- Suspension de l'alimentation orale et aspiration gastrique (ces 2 mesures permettent de calmer la douleur et de diminuer les sécrétions pancréatiques néfastes en ce début de pancréatite).
- Une réhydratation par perfusion.
- Et le recours aux antalgiques purs parfois par voie intraveineuse.
- En cas de lithiase, on pratiquera sous fibroscopie une ouverture du sphincter à la sortie des voies biliaires pour libérer les calculs.
S'il n'y a pas de complication, vous sortez rapidement.
Le médecin suspecte une complication et/ou une forme grave
Il fera faire un scanner qui diagnostiquera la pancréatite aiguë ulcéro-hémorragique.
Si c'est le cas :
- Le traitement médical sera identique au précédent.
- L'intervention chirurgicale (ablation de la zone nécrosée) se fera plus tard lorsqu'on sera sûr que la pancréatite est stabilisée. Les complications dans les premiers jours peuvent être effectivement gravissimes : état de choc, détresse respiratoire, troubles neuropsychiques, hémorragies digestives, septicémie .
Vous êtes hospitalisé pour une pancréatite chronique :
Outre les examens précédents - dont le scanner et surtout l'échoendoscopie qui permet de définir les contours du pancréas, l'existence de kystes et de calcifications - le médecin demandera :
- Une écho-endoscopie pour étudier le retentissement sur les voies biliaires.
- Une analyse des selles pour évaluer leur masse graisseuse (graisses en excédent qui auraient dues être dissoutes en temps normal par les enzymes pancréatiques).