Définition
C’est la présence de cellules malignes qui se multiplient dans le pancréas.
- Soit dans le pancréas exocrine (qui sécrète le suc pancréatique). 95% des cas.
- Soit dans le pancréas endocrine (qui sécrète l’insuline). On appelle cela un insulinome . Rarissime.
Épidémiologie
- Cancer peu fréquent (2 à 4% de l’ensemble des cancers).
- Il touche 2 hommes pour 1 femme.
- L’âge moyen est de 50 ans.
- Dans 70% des cas, il s’agit d’un cancer de la tête du pancréas. Dans les 30% restants, il s’agit soit d’un cancer du corps du pancréas, soit d’un cancer de la queue.
Mécanisme
Le cancer de la tête du pancréas
Les 2 principales causes sont la pancréatite chronique et le diabète .
- Le cancer se révèle de façon très insidieuse à son début contrairement à la pancréatite qui d’emblée est toujours très bruyante.
- D’une manière générale, le cancer de la tête du pancréas se manifeste par une jaunisse d’apparition progressive, qui est plus verdâtre que franchement jaune. Peu à peu, les selles deviennent graisseuses et décolorées et les urines porto. Des démangeaisons s’installent à cause des signes de rétention biliaire . Ces signes apparaissent tardivement au moment où la tumeur compresse ou envahit le duodénum et le canal cholédoque .
Le cancer du corps et de la queue du pancréas
- Les cancers du corps touchent surtout les structures nerveuses entraînant des douleurs intenses, très proches de celles de la pancréatite aiguë .
- Les cancers de la queue sont souvent sans expression se manifestant assez tard lorsque, ayant atteint un volume important, ils forment une masse palpable à l’examen. Lorsque ce sont certaines cellules du pancréas responsables de la sécrétion d’insuline qui sont atteintes, cela provoquera un insulinome, donc une tumeur qui sécrète de l’insuline. Cette tumeur est alors à l’origine d’hypoglycémies très sévères.
En conclusion :
- Une phase tout d’abord silencieuse où le cancer est souvent découvert par hasard au cours d’un autre problème digestif ou par la palpation d’une masse indolore.
- Suivie d’une phase très bruyante à l’image de celle de la pancréatite. À ce stade hélas, le cancer a déjà bien évolué, faisant que le cancer se révèle alors par une métastase du foie ou par le déséquilibre progressif d’un diabète auparavant bien contrôlé.
Les signes les plus fréquents
- Un problème digestif (douleur, diarrhée, nausées).
- Une fatigue très intense.
Ces signes amènent généralement à consulter le médecin.
- Celui-ci demandera une échographie abdominale , un bilan sanguin et prescrira un traitement symptomatique.
- Il vous proposera de le revoir sous 8 jours pour faire le point. Si le tableau reste inchangé et les examens peu parlants, il vous fera hospitaliser.
Les signes en urgence
Ils sont plus rares :
- Une douleur atroce située à la pointe du sternum.
- Une jaunisse avec des urines foncées et des selles décolorées et graisseuses.
- Des vomissements avec perte d’appétit qui contrastent avec un état général bien conservé.
Après vous avoir soulagé sur place, le médecin vous fera hospitaliser.
À l’hôpital, on fera le bilan classique d’une douleur aiguë de l’abdomen :
Le cancer, fortement suspecté, sera confirmé par un examen sanguin spécifique : recherche de l’élévation d’un marqueur tumoral, le CÀ 19-9, dont un seuil supérieur à 500UI est caractéristique d’un cancer du pancréas.
Le scanner sera demandé si on envisage d’enlever une partie du pancréas. Le transit oeso-gastro-duodénal sera effectué en cas d’obstruction du duodénum pour évaluer l’importance de celle-ci.
Les signes très rares
Des crises d’hypoglycémie très sévères dont la gravité impose une hospitalisation pour bilan à la recherche d’un insulinome.
Le traitement
La chirurgie :
Les ablations de la tête, du corps et de la queue s’adressent essentiellement aux tumeurs localisées chez des sujets aptes à supporter l’intervention. Celle-ci est très lourde et nécessite une équipe chirurgicalement entraînée :
- Pour une tumeur de la tête, on enlève la partie basse de l’estomac, le duodénum, la fin du canal cholédoque et la tête du pancréas (ce qui nécessite une triple anastomose entre cholédoque, pancréas et le début de l’intestin grêle, le jéjunum).
- Pour le corps, on enlève tout le pancréas.
- Et pour la queue, l’extrémité du pancréas et la rate.
Si les ablations sont impossibles (sujets âgés, amaigris, dénutris, présence de métastases), on effectue des interventions palliatives pour rétablir :
- L’écoulement de la bile en faisant un pont entre le cholédoque et le duodénum (cholecysto-duodénostomie).
- Le transit alimentaire en cas d’obstruction en faisant un pont entre l’estomac et le début de l’intestin grêle (gastro-entérostomie).
Le traitement médical :
- Antalgiques majeurs (morphine ou équivalent).
- Mise en place d’un drainage par fibroscopie pour permettre à la bile de passer en cas d’obstacle sur la voie biliaire.
- Radiothérapie pour calmer les douleurs impossibles à estomper.
- Chimiothérapie permettant d’obtenir des améliorations transitoires.
Les suites
Les accidents post-opératoires ne sont pas anodins (mortalité dans 20% des cas).
- Survie à un an pour 80% des cas.
- À 5 ans pour 5% des cas.