Point de départ
La bilharziose est une parasitose dues à un ver de la famille des trématodes, qui vivent à l'état pathologique dans les vaisseaux sanguins de l'homme.
On l'appelle également schistosomiase.
Ces
parasites contaminent 300 millions d'individus sur la planète.
Ils contaminent l'homme dans les eaux douces à l'occasion de diverses activités (corvées d'eau et lessives à la mare ou au bord du fleuve et, pour les voyageurs, baignade, traversée de gué).
Le parasite
Il est très répandu et fait partie des priorités de l'OMS. En fait il n'existe pas un seul type de bilharzioses, mais plusieurs.
Il y en a 4 types :
À cible intestinale : schistosoma mansoni, dans les Antilles, au Brésil, en Afrique noire et du nord, en Asie et aux Caraïbes.
À cible intestinale : schistosoma japonicum, aux Philippines, en Chine et en Indonésie.
À cible rectale : schistosoma intercalatum, en Afrique centrale.
À cible urinaire : schistosoma haematobium, essentiellement en Afrique et au Proche-Orient.
Son cycle
Chaque espèce dispose comme réservoir pour son développement, d'un mollusque d'eau douce qui lui est particulier. Les larves sont alors libérées dans l'eau.
Il suffit d'un contact dans un marigot ou des eaux stagnantes pour que le parasite traverse directement la
peau nue, pour aller dans les vaisseaux sanguins.
Les vers adultes sont grands (quelques millimètres de long) et vivent en couple dans les
veines des personnes qu'elles ont contaminées.
La femelle pond en permanence un grand nombre d'oeufs qui vont s'essaimer dans les selles et dans les
urines.
Les formes de la maladie
Il existe en effet deux formes cliniques de la maladie.
La forme digestive
Cette forme touche un peu les intestins, mais surtout le
foie en entraînant, au bout de nombreuses années, une
cirrhose . Le parasite responsable de cette forme digestive s'appelle Schistosoma mansoni en Afrique Sub-Saharienne et en Amérique du Sud (essentiellement Brésil) et Schistosoma japonicum ou mékongui en Asie (essentiellement Chine, Philippines et vallée du Mékong).
La forme urinaire
La maladie urinaire s'attaque essentiellement à la vessie, puis aux reins ainsi qu'à un moindre degré aux organes génitaux. Elle existe essentiellement en Afrique Sub-Saharienne et est due à Schistosoma haematobium.
Mécanisme de la maladie
Le mécanisme de constitution de la maladie est intéressant à connaître car il s'agit d'une aberration de la nature.
En effet, la femelle de la forme adulte du parasite pond des oeufs après avoir été fécondée par le mâle (pour la petite histoire, c'est la femelle qui choisit le mâle et, une fois que le couple est formé, c'est pour la vie, ce qui est un bel exploit pour des êtres qui vivent une dizaine d'années).
Ces oeufs sont éliminés pour une moitié environ dans les urines pour la maladie urinaire et par les selles dans la maladie digestive (il faut en effet que ces oeufs retournent à l'eau douce pour que le cycle puisse se faire). Malheureusement, l'autre moitié environ des oeufs restent bloqués juste après leur ponte par le système de
défense immunitaire de l'organisme. Ces oeufs sont alors " neutralisés " puis tués, et enfin calcifiés par l'organisme.
Au bout de quelques années, la multitude d'oeufs (une femelle pond plusieurs centaines d'oeufs par jour) qui se calcifient progressivement entraînent une espèce de gangue autour de la
vessie pour la maladie urinaire et dans le foie pour la maladie digestive, entraînant à terme une
sclérose de ces organes.
Au niveau urinaire, la vessie perd toute son élasticité, ce qui fait qu'en permanence, de l'urine stagne, puis s'infecte entraînant régulièrement des infections urinaires, puis une destruction du
rein.
Au niveau du foie, cette sclérose entraîne une cirrhose avec perte progressive des fonctions du foie.
Les symptômes
Démangeaisons lors du passage du parasite à travers la peau.
Au bout de quelques semaines, selon le type de schistosome (c'est la période où on trouve dans le sang une
hyperéosinophilie et des
anticorps spécifiques du parasite.
A ce moment apparaissent ) : une diarrhée, de l'urticaire, de la fièvre, et des douleurs diffuses.
Les oeufs se développent dans la paroi des
intestins et provoquer ulcérations et kystes responsables de
douleurs abdominales avec diarrhée. On parle alors de bilharziose intestinale.
Une atteinte est possible des organes génitaux, ainsi que du coeur, et des des
poumons.
Conditions de diagnostic chez les voyageurs
Le voyageur originaire des pays industrialisés, ne subit qu'exceptionnellement les complications graves de la maladie.
En effet, habituellement, le diagnostic est fait au stade tout à fait initial où le traitement médicamenteux est parfaitement efficace.
Quelques jours ou semaines après le bain infectant, la migration du parasite au stade larvaire dans l'organisme entraîne des réactions allergiques parfois bruyantes (bien qu'elles puissent être totalement " silencieuses ").
Il s'agit de fièvre, de démangeaisons de la peau, d'éruption ou d'apparition de
plaques rouges sur la peau. A ce stade, les cellules du sang qui augmentent en cas d'allergie, sont très nombreuses.
C'est ce qu'on appelle l'hyperéosinophilie.
A ce stade deux possibilités :
Si l'on pense à ce stade à signaler à son médecin que l'on vient d'une zone tropicale où existe la bilharziose, le diagnostic est facile grâce à un test sanguin et le traitement efficace.
Si les choses traînent un peu, les parasites parviennent à l'âge adulte et les femelles commencent à pondre. Pour la maladie urinaire, les oeufs qui ne sont pas bloqués traversent donc la paroi de la vessie en entraînant des micro-effractions et donc des micro-saignements qui, compte tenu du nombre d'oeufs qui sont éliminés, vont colorer en rouge les urines. C'est ce qu'on appelle l'
hématurie . Ce signe est suffisamment explicite pour qu'il puisse conduire facilement au diagnostic et au traitement. Pour la maladie digestive, les choses sont un petit peu moins simples car la traversée de la paroi intestinale par les oeufs n'entraîne qu'une petite diarrhée d'aspect banal.
Dans le doute, la consultation médicale au retour (sans aucune urgence) peut se justifier.
Traitement
Des anti-helminthiques sur 1 à 2 jours à base de praziquantel ou oxamniquine.
Le traitement est efficace et généralement bien supporté. Toutefois des séquelles peuvent persister selon l'ancienneté et le degré de développement des lésions.
Prévention
Ne pas marcher pieds nus dans les marigots en zone infestée. Ne pas se baigner dans les eaux stagnantes.
Si on doit être amené à la faire, en cas de nécessité (traversée d'un gué par exemple) ou d'inconfort à cause de la chaleur, il est préférable de se renseigner avant le voyage des zones précises à risque.
La vaccination à grande échelle n'est pas envisageable en raison de son coût.
En revanche l'aide aux pays du Tiers Monde est utile pour la protection de l'eau et son recyclage, la construction d'égouts et de systèmes d'évacuation des eaux usées, le forage de puits, et la destruction des mollusques réservoirs de parasites.