Point de départ
Faire le bilan d'une hypertension, c'est :
- évaluer l'importance du retentissement de cet excès de tension sur les organes, et en particulier sur les artères qui les nourrissent
- dépister les facteurs de risque associés qui vont déterminer le traitement.
Le rôle du médecin
- Le médecin doit dépister l'hypertension mais également la surveiller par la prise régulière de la tension.
- Parmi la surveillance de ce problème, il s'intéresse à l'évolution des complications éventuelles, car bien que traitée, la maladie hypertensive expose à des poussées brutales de tension qui ne passent pas forcément aperçues et qui peuvent altérer à bas bruit les divers organes du corps. Lorsqu'elle est sévère et prolongée, une hypertension nécessite donc un bilan des lésions qu'elle a pu entraîner.
XBilan de l'hypertension en vidéo
Hypertension artérielle: symptômes et traitements (2/3) Le professeur Jean-Jacques Mourad, chef de service de médecine interne à l'hôpital Avicenne de Bobigny et Président du comité français de lutte contre l'hypertension artérielle, explique l'intérêt du dépistage de l'hypertension artérielle et l'étendue des traitements disponibles. | 3 vidéos |
Les étapes du bilan
Lorsque le diagnostic d'hypertension est confirmé (pression artérielle supérieure 14/9 à plusieurs reprises), il est nécessaire de réaliser un bilan initial standard. Ce bilan reprend les préconisations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Ce bilan a plusieurs raisons d'être :
- Rechercher une cause à l'hypertension. Dans 95% des cas, il n'y a aucune cause apparente, mais cette démarche est malgré tout nécessaire.
- Évaluer le retentissement de l'hypertension sur l'organisme ou dépister d'éventuelles complications qui se seraient déjà installées.
- Rechercher l'existence d'autres maladies ou de facteurs de risque cardiovasculaires. Ce point est essentiel, car c'est le nombre de facteurs de risques associés à l'hypertension qui va guider le traitement et justifier de sa surveillance.
Bilan initial
Il comporte :
- un examen clinique par le médecin (auscultation, prise des pouls...)
- un électrocardiogramme qui permet d'apprécier le bon fonctionnement du cœur et son rythme. Il permet aussi de rechercher un développement excessif du cœur (hypertrophie) dans sa globalité ou de certaines de ses caviotés (oreillettes ou ventricules), qui témoigneraient de la difficulté que le cœur ressent pour lutter contre cette tension excessive. L'ECG permet également de voir des signes de mauvaise vascularisation du coeur, en particulier au niveau des coronaires.
- Une prise de sang pour un dosage de la créatininémie (reflet de fonctionnement du reste), de la kaliémie (potassium), de la glycémie à jeun, du cholestérol total, du LDL-cholestérol et du HDL-cholestérol, les triglycérides.
- Un examen d'urine afin de vérifier l'absence de protéine (protéinurie) ou de sang dans les urines (hématurie).
Au total, il y a donc :
- Un bilan cardiaque qui consiste à faire un électrocardiogramme, mais aussi un bilan des facteurs de risque, parmi lesquels les dosages du sucre, du cholestérol et des graisses. C'est donc aussi un bilan des graisses
- Un bilan rénal: surtout pour surveiller le retentissement de l'hypertension sur le rein. Ce n'est pas un bilan complet, mais certains éléments ponctuels vérifiés par prise de sang.
Bilan complémentaire
D'autres examens peuvent être nécessaires, qui sont demandés selon la gravité de l'hypertension et le retentissement sur les organes (reins, cerveau, coeur, oeil...) que l'on cherche à évaluer . Ces bilans ne sont pas systématiques, et sont généralement effectués par des spécialistes.
- Fond d'œil : il montre d'une part le retentissement sur la rétine elle-même, mais également est un témoin de ce que l'hypertension a pu faire comme dégâts sur d'autres vaisseaux. C'est donc une sorte de témoin.
- Holter tensionnel qui permet enregistrement de la pression artérielle pendant 24 heures.
- Une échocardiographie cardiaque pour connaître la taille du cœur et son degré d'hypertrophie (épaississement des parois du ventricule gauche).
- Un écho-Doppler vasculaire au niveau des artères du cou, de l'aorte abdominale ou des artères des membres inférieurs pour rechercher des plaques d'athérome. Cet examen est généralement demandé chez des personnes ayant plusieurs facteurs de risque associés à l'hypertension.
- Un écho-doppler des artères rénales pour rechercher un rétrécissement d'une ou des artères rénales, suivi le cas échéant par une artériographie des artères rénales
- Un scanner rénal ou des surrénales.
Recherche d'une cause
Dans 90% des cas, l'hypertension n'a pas de cause retrouvée. Pour les 10% restants où une cause est retrouvée, on parle "d'hypertension secondaire". La recherche d'une cause s'appelle le "bilan étiologique".
Ce bilan complémentaire est effectué :
- Si les données de l'examen ou du bilan initial, orientent vers une cause précise
- Si la personne a moins de 30 ans
- Si la tension est très élevée d'emblée (supérieure à 18/11)
- Si l'hypertension a tendance à s'aggraver rapidement
Cela signifie que le médecin ne le demande pas systématiquement.
Les causes
Evaluation des facteurs de risque
Equation de Framingham
La gravité potentielle de l'hypertension ne peut s'estimer que rapportée à l'importance des facteurs de risque cardiovasculaires :
- L'âge (supérieur à 50 ans chez l'homme et supérieur à 60 ans chez la femme)
- Le tabagisme (tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans)
- Les antécédents familiaux d'accident cardiovasculaire précoce
- L'infarctus du myocarde ou la mort subite avant l'âge de 55 ans chez le père ou chez un oncle.
- L'infarctus du myocarde ou mort subite avant l'âge de 65 ans chez la mère ou chez une tante
- Un accident vasculaire cérébral précoce (45 ans)
- Un diabète (diabète traité ou non)
- Une dyslipidémie, c'est à dire un LDL-cholestérol supérieur ou égal à 1,60 g/l (4,1 mmol/l) ou un HDL-cholestérol inférieur ou égal à 0,40 g/l (1 mmol/l) quel que soit le sexe.
D'autres paramètres seront de plus pris en compte :
- La présence d'une obésité abdominale : (tour de taille supérieur à 102 cm chez l'homme et 88 cm chez la femme) ou une obésité (IMC supérieur à 30).
- L'importance de la sédentarité (absence d'activité physique régulière, soit environ 30 minutes, 3 fois/semaine)
- La consommation excessive d'alcool (plus de 3 verres de vin/jour chez l'homme et de 2 verres/jour chez la femme)
Evaluation du risque
Tout dépend du nombre de facteurs de risques cardio-vasculaires.
Si vous n'avez aucun facteur de risque :
- Tension comprise entre 14/9 et 16/10 : risque faible
- Tension comprise entre 16/10 et 18/11 : risque moyen
- Tension supérieure ou égale à 18/11 : risque élevé
Si vous avez 1 à 2 facteurs de risque associés
- Tension comprise entre 14/9 et 16/10 : risque moyen
- Tension comprise entre 16/10 et 18/11 : risque moyen
- Tension supérieure ou égale à 18/11 : risque élevé
Si vous avez 3 facteurs de risque ou plus, votre risque est élevé quels que soient vos chiffres tensionnels.
Il en est de même si vous avez un diabète ou si le bilan dit que votre coeur, votre cerveau ou vos yeux ont subi des dommages : risque élevé quels que soient vos chiffres tensionnels.
Enfin, si vous avez une maladie vasculaire ou rénale, le risque est élevé quels que soient vos chiffres tensionnels.