Votre question
Bonjour. Je suis un jeune homme de 20 ans. J'ai dans le cou plusieurs ganglions. Notamment deux qui sont un peu gros, mobiles, je dirais environ 1cm de diamètre, mobiles, de chaque côté de la gorge, un petit mobile sous le menton, un derrière le cou, un sur le côté du cou gauche et un autre à côté de celui qui se trouve à droite. J'en ai également deux petits mobiles à l'aine. Ils sont tous indolores, sauf lors de rare exception. Ces ganglions ne sont pas récents, ils sont là certain depuis 3 ans, celui qui est à gauche de la
gorge depuis plus longtemps même, à l'aine pareil A noter que je suis sensible de la gorge, j'ai facilement des maux de gorges, environ 3-4 fois par an, qui me durent une petite semaine. J'ai régulièrement, de manière chronique des
glaires. Je suis également chanteur et il se trouve qu'après de longues répétitions j'ai des maux de gorge également. Jusqu'à il y a peu j'avais beaucoup d'acné dans la région. Il m'arrive parfois d'avoir des boutons d'acné encore. Mon dentiste, du fait de la disposition de mes
dents qui sont trop serrées et amènent donc du
tartre constate pratiquement chaque année des gingivites. Enfin, on m'a opéré des 4 dents de sagesse il y a 6 ans. Voila pour le contexte. Mon état général en ce moment est bon, mais je suis très stressé car j'ai axé mes angoisses là-dessus. Mais sinon pas de
perte de poids ou autre. J'ai consulté un médecin quand le premier ganglion est survenu il y a longtemps et n'avait rien révélé d'anormal. J'ai consulté pour une
grippe et une interne avait constaté sans que je lui dise leur présence en disant "ils doivent être là depuis longtemps". Plus récemment j'ai consulté mon médecin pour des glaires dans les selles, et il m'a dit que l'examen clinique était bon. Enfin une interne a fait un examen, n'a rien constaté d'anormal au niveau de la rate, du foie, de la tension, de la
respiration. Et pour les ganglions m'a dit de ne pas m'inquiéter, mais j'avais l'impression qu'elle avait du mal à les sentir... Voila donc mes questions, que j'ai oublié de poser à ces mêmes médecins. Je suis hypocondriaque et j'ai
peur d'un
lymphome ou d'une
leucémie. Panique assez récurrente, je n'arrête pas de me tâter, notamment mes ganglions. Est-ce normal, ou du moins possible que des ganglions puissent rester un peu enflés, même s'il ne sont pas très gros, quelques mois et années ? Est-ce normal que l'interne n'ait pas demandé une
prise de sang ou des examens ? Me conseillez vous de retourner voir mon
médecin traitant pour qu'il m'analyse et éventuellement me fasse faire des tests ? Je vous remercie d'avoir pris le temps de lire tout cela, je suis hypocondriaque et je ne cesse d'avoir des idées noires...
La réponse de notre spécialiste
Bonjour. Il est, par expérience, difficile de rassurer une personne hypocondriaque, même si elle admet l'être. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la palpation de petits ganglions juste fermes et bien mobiles est très courante en pratique clinique, souvent corrélés à une
infection ORL de passage, ne serait-ce qu'un
rhume (et pas seulement angines, pharyngites) ; c'est pourquoi on en trouve assez souvent en période hivernale. Ensuite, certaines personnes qui ont une
inflammation ORL chronique, comme une
rhinite avec des écoulements postérieurs (une autre cause possible de mal de gorge récurrent), ont en permanence des ganglions cervicaux, qui dépassent rarement 1 cm. A l'aine aussi, les causes de petits ganglions (plutôt de l'ordre de 0,5 cm au maximum, sauf poussée inflammatoire) sont très courantes, toute lésion de la
peau sur les jambes, parfois inaperçues, peut les stimuler. La réflexion de l'interne "ils doivent être là depuis longtemps", illustre le fait qu'on en trouve souvent lors d'examens systématiques. Par ailleurs, l'ancienneté et la stabilité dans le temps est en faveur de la banalité et bénignité de ceux-ci. Maintenant je ne suis pas certaine d'avoir pu vous convaincre. Si en effet ce n'est pas le cas, vous pourriez peut-être essayer de "jouer carte sur table" avec votre médecin, en lui disant que vous ne pourrez être rassuré qu'avec une analyse poussée, qui comprendrait non seulement une prise de sang, mais aussi l'examen histologique, au microscope, d'un ganglion. D'un autre côté, il est possible que vos idées noires ne soient pas que liées à l'anxiété centrée sur ces ganglions, mais que d'autres problèmes dans votre vie provoquent un état anxio-dépressif, qu'il faut soigner en tant que tel. Sinon vous aurez vite fait de trouver un autre "bouc émissaire" à accuser pour justifier votre
angoisse.
Suite
Q: Bonjour Docteur. Merci d'avoir pris le temps de me lire. Hier, après avoir passé une nuit entre vendredi et samedi très angoissante j'ai repris rendez-vous chez mon médecin traitant, qui a l'habitude de me voir. Il m'a reçu samedi matin. Je lui ai reparlé de ces ganglions, qu'il a tâté en n'exprimant aucun signe d'inquiétude et m'a examiné rapidement (apparemment agacé que je revienne deux semaines après avoir consulté l'interne, ce que je peux comprendre). Ces prescriptions ont été les suivantes "faites du sport, distrayez-vous, et surtout profitez de la vie, à votre âge on a plus de chances de mourir dans un accident de voiture que d'une maladie grave". Ce qui a eu au moins le mérite de me rassurer, car contrairement à certains hypocondriaques je ne suis pas forcément dubitatif face aux diagnostiques médicaux, surtout qu'ici j'ai maintenant deux avis médicaux différents en 2 semaines qui se veulent tous les deux rassurants (alors j'ose croire que si j'avais une maladie grave cela ne leur aurait pas échappé). Il m'a prescrit du
Lysanxia pour me déstresser, ce qui marchera peut être sur le court terme (sachant que sur le long terme mes angoisses se focaliseront forcément sur autre chose). Je réaliserais surement un
bilan sanguin complet dans les semaines à venir, pour me rassurer définitivement. J'ai malheureusement oublié de lui en parler, mais j'aimerais en parler à un psychologue. Le fait est que ces angoisses, disparaissent sur un laps de temps, et reviennent, puis s'en vont, et ainsi de suite. Qui me conseillez vous de consulter ? Psychologue, psychiatre, psycho-thérapeute, j'avoue avoir du mal à voir la distinction entre ces professions, et à saisir laquelle me conviendrait le mieux. Je vous souhaite une bonne fin de journée.
R: Bonjour. Toutes ces spécialités sont plus ou moins complémentaires Tout d'abord, le psychiatre va faire un diagnostic, mais vous avez plus ou moins franchi cette étape par votre auto-observation, et vous aider avec les
médicaments. Il peut aussi pratiquer la psychothérapie, mais tous n'ont pas le savoir-faire pour cela. Dans les psychothérapeutes, vous avez des « techniques » différentes : la psychothérapie de soutien ou d'aide, les psychothérapeutes cliniciens (méthode de type analytique, qui pourrait vous amener à la source de vos angoisses), ceux qui pratiquent l'auto-hypnose (elle aussi aide à libérer certaines causes profondes), les thérapies comportementales qui vous apprennent à gérer vos angoisses avec l'aide de la
relaxation. Tout ceci n'est qu'un aperçu des différentes thérapies disponibles, mais ce sont les principales à connaître.Tout dépend ensuite du temps que vous voulez y consacrer, et jusqu'où vous voulez aller dans le traitement : la gestion de crise ou remonter à la source. En tout cas, mes félicitations pour les efforts que vous faites pour prendre du recul.