Les autres greffes
La conjonctive de l'oeil
C'est la membrane de recouvrement de l'oeil qui peut être définitivement dégradée par une plaie, une brûlure (perte de substance ou adhérences), ou à la suite de chirurgie.
Le greffon est pris sur l'autre oeil ou la muqueuse de la bouche.
Elle se pratique sous anesthésie générale ou anesthésie locale .
Le pansement sur l'oeil est à garder 24 heures. Il est indispensable de mettre des collyres et pommades antibiotiques et anti-inflammatoires pendant 2 à 4 semaines.
L'hospitalisation elle-même dure 4 à 5 jours.
Les résultats sont très bons sur la vision. En cas de rejet, c'est le plus souvent la mauvaise irrigation naturelle de la conjonctive qui en est la cause. Une nouvelle greffe peut être tentée car il ne s'agit pas d'un rejet.
Ses indications : bulles, abcès, kératocône (déformation progressive de la cornée, devenue trop mince) ou taies (cicatrices opaques) sur la cornée, qui troublent la vision. L'ophtalmologiste remplace tout ou partie de la cornée en appliquant une cornée saine et transparente. Le greffon vient en général d'un donneur mort très récemment. Il est conservé quelques jours le temps de vérifier l'absence de virus chez le donneur.
La greffe peut être lamellaire (seule une mince couche de la cornée est remplacée) ou, le plus souvent, transfixiante (toute l'épaisseur).
Les résultats sont souvent très bons, car la cornée est assez isolée du système immunitaire, et pose donc peu de problèmes de rejet.
La greffe de nerfs
Le chirurgien prélève un fragment de nerf uniquement sensitif dans une zone peu importante, et il le suture à ses deux extrémités au nerf à greffer.
Le greffon n'est pas fonctionnel : il sert seulement de gaine conductrice. Les cellules nerveuses vont repousser par la suite, depuis le nerf traité à l'intérieur de cette gaine.
Les greffes d'os
Les indications : ce sont essentiellement les pertes de substance osseuse à la suite d'une infection ou d'une intervention chirurgicale lourde. Autres indications, les suites d'une mauvaise consolidation ou la création de butées osseuses pratiquées pour stabiliser une épaule ou une hanche. On peut également faire des greffes d'os dans le cas d'arthrodèse (on provoque l'enraidissement total et définitif d'une articulation douloureuse pour la rendre indolore).
Toutes ces greffes sont surtout des autogreffes : le greffon est prélevé sur le tibia, l'os du bassin, le péroné. Le morceau d'os est prélevé dans ce cas avec ses artères nourricières. En cas d'impossibilité ou de gros besoins, le greffon provient d'une banque d'os, où les greffons sont irradiés, puis conservés par congélation ou lyophilisation.
La technique d'implantation du greffon est soit l'encastrement, soit le vissage avec une compression (vis à impaction). Le greffon sera colonisé progressivement par les cellules osseuses, de l'os existant. Il est totalement intégré au bout d'environ 6 semaines. Les gros greffons, fixés par clou-plaque dans les prothèses disparaissent au bout d'un moment : ils n'auront servi que de trame qui sera ensuite habitée par les cellules de l'os existant. Il n'y a donc pas de vrai problème de rejet.
La greffe de pancréas
Les indications : dans les diabètes graves avec complications rénales, on peut greffer en bloc le rein et le pancréas, ce qui n'est pas plus difficile pour le chirurgien que le pancréas seul, car l'un comme l'autre sont des organes situés derrière le péritoine .
Pour les diabètes isolés : on essaie de greffer des îlots de cellules fabriquant l'insuline (les cellules de Langerhans), mais les résultats fonctionnels ne sont pas encore très probants. La recherche continue, en essayant divers sites de greffe.
La greffe de peau
Les indications : les brûlures, les séquelles de chirurgie et de blessures.
Le greffon peut être naturel ou multiplié par culture (cela permet de multiplier la surface greffable jusqu'à 100).
L'autogreffe : la peau est prélevée dans des régions peu visibles : cuisse, bas-ventre, cuir chevelu ; le prélèvement peut être superficiel dermo-épidermique, ou total (lambeaux musculo-cutanés), en pastilles ou en plaques, posé directement ou découpé en filet pour être étalé. Quand il faut beaucoup de surface, il est d'abord cultivé pour former une nouvelle peau, de surface beaucoup plus grande.
Les greffons venant d'une banque de peau peuvent eux aussi être produits par culture ; il finissent par être éliminés par le receveur, et servent surtout de couverture temporaire (rôle contre les infections, la douleur, le froid).
Il n'y a pas de problèmes de rejet, malgré la richesse de la peau en cellules immunitaires, car le greffon est progressivement colonisé par les cellules existantes provenant des tissus profonds. Il sert un peu de trame.
Pour le visage, on utilise par contre de préférence la peau totale, c'est à dire non étirée, pour des raisons évidentes d'esthétique.
La greffe de poumons
Les indications sont rares, essentiellement quand les échanges d'oxygène sont trop faibles : formes graves de fibrose pulmonaire, d'emphysème , de dilatation des bronches , de mucoviscidose , d'hypertension artérielle pulmonaire.
On greffe souvent un poumon, parfois les 2. Dans certains cas, on greffe tout un bloc coeur-poumons, ce qui est finalement plus simple pour le chirurgien.
Les principaux problèmes : le faible nombre de donneurs, les infections, le rejet.