Définition
- Les médicaments antiviraux, sont destinés à la lutte exclusive contre les virus. Ils ne sont donc actifs ni contre les bactéries, ni contre les champignons.
- De plus, chaque antiviral est spécifique d'un ou plusieurs virus.
Comment agit un virus ?
- Le nombre de virus qui pénètre dans l'organisme est généralement peu important, si on compare ce nombre à celui qui est nécessaire pour provoquer des symptômes.Un virus quel qu'il soit a besoin d'une cellule pour se multiplier. Plus il y aura de copie de ce virus, plus les signes seront importants. On parle alors de charge virale .
Il lui faut donc pénétrer dans l'organisme (voie respiratoire, contact sexuel, plaie, transfusion, etc.). Cette voie d'invasion est spécifique du virus. - Une fois parvenu sur place, il va entrer dans une cellule (par exemple une cellule des voies respiratoires en ce qui concerne la grippe).
Ensuite, il va se multiplier, en utilisant tout le système interne de la cellule. - Grâce à ce système qu'il dévoie pour son propre compte, il va donner naissance à de nombreux virions (des sortes de "bébé virus", qui vont se développer dans la cellule et la faire éclater. Ils se retrouvent donc dans le lieu où ils ont été introduits par leur "père". Et ils vont aussitôt s'attaquer à d'autres cellules. Cette multiplication colossale et rapide est à l'origine des symptômes.
- Les symptômes dépendent donc de la virulence du virus, de la quantité de virus initialement introduit dans l'organisme, et de la cellule infectée. C'est ainsi que le virus du sida, le VIH attaque les globules blancs , dont le rôle est la défense de notre organisme contre les infections, et que de ce fait, les défenses immunitaires des personnes qui en sont atteint sont fortement diminuées.
Les moyens de lutte
Il y a 2 moyens d'agir contre les virus :
- soit en les tuant ou en les inactivants (ce sont les substances "virulicides"). Il ne s'agit pas de médicaments, mais de moyens physiques comme la chaleur ou l'eau de Javel.
- soit en les empêchant de se multiplier au sein de la cellule ou encore de les empêcher d'en sortir une fois qu'ils se sont multipliés. Ce sont des substances "virostatiques".
Comment agit un antiviral ?
L'antiviral est confronté à 2 limites :
- D'abord la toxicité cellulaire : en agissant contre le virus, il ne faut pas qu'il détruise aussi la cellule infectée. Bien des antiviraux sont des "antimétabolites", c'est à dire des substances qui bloquent la fabrication du matériel génétique ADN en particulier. Ces antiviraux posent un problème car ils risquent de détruire en même temps les cellules qui se reproduisent beaucoup et très vite (cellules digestives, ou cellules de la moelle osseuse ). Ils ont donc des contre-indications et des effets secondaires.
- Ensuite la résistance : certains antiviraux peuvent développer des résistances.
Mécanisme d'action
Chaque classe d'antiviral agit sur les différentes phases de l'attaque de la cellule par le virus.
Fixation du virus sur la membrane de la cellule.
- Le virus se fixe sur des glycoprotéines normales de la cellule, qu'on appelle des récepteurs membranaires. Chaque type de virus a ses récepteurs spécifiques. Par exemple, le VIH se fixe sur le récepteur CD4 des lymphocytes ; ou le virus de la grippe qui se fixe sur l'acide scialique des cellules respiratoires. L'antiviral peut donc bloquer le récepteur spécifique et le rendre impropre à la fixation par le virus.
- Le virus possède un "antirécepteur", c'est à dire une structure capable de se fixer sur le récepteur. Certains antiviraux se fixent sur le virus. Mais la durée de vie très courte de cette molécule limite ce mode d'action.
- De la même façon, on peut utiliser des anticorps neutralisants qui se fixent sur l'antirécepteur du virus et empêche la fixation du virus sur le récepteur de la cellule.
- Une fois parvenu à se fixer sur la membrane de la cellule, il faut qu'il y pénètre. Il va utiliser une fonction normale de la cellule qui va consister à former une sorte de petit creux sur la membrane où le virus va s'installer. Ce creux se complète en une sorte de petite bulle (une vacuole) qui va rentrer tout naturellement dans la cellule avec le virus à l'intérieur.
- Ce phénomène n'est possible que si l'acidité est favorable. Certains antiviraux comme la Rimantadine ou l'Amantadine, agissent en modifiant l'acidité, et donc en empêchant la formation de cette vacuole. Ces antiviraux
- sont actifs comme traitement préventif de la grippe A.
- Le virus doit posséder à sa surface les antigènes qui lui permettront de franchir la membrane par ce système de vacuole. Par exemple le virus de la grippe possède une substance la neuraminidase qui se fixe sur l'acide neuramidique de la cellule. Des molécules comme le
- Zanamivir et l'Oseltamivir agissent en fixant une "antineuraminidase" sur la substance virale. Les antineuraminidases sont actives contre la grippe A et B.
Décapsidation
Le matériel génétique permettant la replication du virus se trouve dans une capsule appelée capside. Celle-ci doit se débricoler pour permettre au virus de libérer son matériel génétique dans la cellule. Certains antiviraux agissent en empêchant la capside de se casser, un peu comme une sorte de ciment-colle.
La réplication de l'ADN
C'est le but recherché par le virus. Il va utiliser le système de replication de la cellule et y introduire son propre matériel génétique pour que la cellule fabrique les protéines nécessaires à la construction d'un nouveau virus.
Cette catégorie d'antiviraux gène, voire empêche ce phénomène de réplication.
Il existe 3 types de médicaments de ce type :
- Les analogues structuraux des nucléosides, surtout antiherpétiques ou anti VZV. Ce sont des briques essentielles de l'ADN, capable de s'y incorporer, mais présentant des défauts. Ainsi leurré, le virus va incorporer des "briques défectueuses" qui empêcheront tout processus de réplication. C'est le cas de l'Aciclovir, du Valaciclovir, du Penciclovir, du Famciclovir, du Cidofovir, etc. Le Foscarnet, lui, bloque à un autre endroit de la chaîne. Quant au Ganciclovir, il entre en compétition avec l'une des briques essentielles de l'ADN.
- Les inhibiteurs nucléosidiques. Ces antiviraux s'incorporent à la chaîne d'ADN, mais la termine, ce qui empêche le virus de mener à bien la synthèse de ses protéines. Les principaux inhibiteurs sont : l'AZT (azidotivudine ,qui n'est plus utilisée), la Lamivudine ( EPIVIR plus utilisé), la Didanosine(DDI VIDEX plus utilisé ), .
La limite d'action de ces antiviraux est la mutation du virus. Par exemple le HIV par rapport à l'AZT. - Les inhibiteurs non nucléosidiques. Deux médicaments principaux : Névirapine (VIRAMUNE). Ils se fixent sur l'ADN et forment une sorte de verrou qui empêche la réplication.
La phase finale de multiplication
Une fois l'ADN repliqué, le système de réplication de la cellule va être dévoyé pour fabriquer de nombreux nouveaux virus. Mais pour que le virus soit opérationnel, il lui manque des "finitions".
Deux types de médicaments agissent à ce niveau : les inhibiteurs de protéases virales et les inhibiteurs de la glycosylation
- Les inhibiteurs des protéases virales. Elles empêchent l'assemblage de certaines protéines virales en effectuant "de travers" le travail des enzymes dont le virus a besoin pour se construire.
Il existe principaux inhibiteurs de protéases : ritonavir (utilisé uniquement comme booster) , indinavir (CRIXIVAN plus utilisé), lopinavir, darunavir. Cela provoque la formation de virus aberrants incapables d'agir. Toutefois, des mutations peuvent intervenir avec ce genre d'antiviral. - Les inhibiteurs de la glycosylation : c'est le même système concernant les sucres incorporées dans les glycoprotéines virales, qui aboutit à des virus aberrants.
Les Oligonucléotides anti-sens
- Ces médicaments bloquent le système de fabrication des protéines virales en perturbant la "chaîne de montage" de la cellule. Ce type d'antiviral est réservé à l'utilisation locale pour les rétinites à CMV chez les personnes atteintes du sida . Ce type de médicament est lourd et pas simple à utiliser.
Les ribozymes
Ils bloquent la chaîne de montage d'une autre façon.
Les anti intégrases comme le ralpegravir ISENTRESS ; les inhibiteurs de fusion comme le T20 FUZEON ; les inhibiteurs d'entrée CELSENTRI maraviroc ; et vont arriver des inhibiteurs de maturation et des inhibiteurs d'attachement.