Définition
Atteinte du foie par le virus de l'hépatite B appelé aussi HVB ou VHB. Cette atteinte a une double origine : la toxicité directe du virus, et les réactions immunitaires de l'organisme qui détruisent leurs propres cellules infectées pour se débarrasser du virus.
Le virus
Le virus se présente sous 6 "génotypes" (ce qu'on pourrait comparer à une carte d'identité). Le génotype A prédomine en Europe de l'ouest ; les génotypes B et C prédominent en Asie ; les génotypes D et E prédominent dans le sud du bassin méditerranéen.
L'antigène qui le caractérise s'appelle AgHbs. On le met en évidence dans les prises de sang.
La prévalence de l'hépatite B varie selon les pays :
- Présence forte en Afrique sub-saharienne, en Asie du sud-est, en Amérique équatoriale (au moins 8% de personnes sont porteuses du virus),
- Présence moyenne en Afrique du nord, en Europe de l'est (2 à 7%),
- Présence plus faible aux USA, en Amérique du sud, en Europe de l'ouest, en Australie (<2%).
Ce virus est particulièrement résistant : il peut persister dans le milieu extérieur pendant plus de 7 jours. Il est très résistant à l'alcool et à l'éther. Ce virus est beaucoup plus contagieux que le virus du sida.
XHépatite B en vidéo
Hépatite B : interprétration de la sérologie Le docteur Marc Van Gossum du service de gastro-entérologie du CHU Saint-Pierre à Bruxelles explique comment interpréter la sérologie de l'hépatite B: présence ou absence de l'antigène australien, présence ou absence de l'antigène E, évaluation de la charge virale (DNA viral), et dosage des transaminase. Ce sont les résultats de ces analyses qui doivent conditionner les choix de traitement du médecin. | 5 vidéos |
Les particularités de l'hépatite B
- Lors d'une contamination, les manifestations sont très variables (fatigue, jaunisse, fièvre...), et neuf fois sur dix, le virus est éliminé naturellement. Malheureusement, une fois sur dix, une hépatite chronique s'installe.
- En France, 2% de la population a été en contact avec le virus et possède donc des anticorps spécifiques de l'hépatite B qui témoignent de ce contact. Dans les Dom-Tom, la fréquence est beaucoup plus élevée. Dans le monde, 2 milliards de personnes seraient infectées et 350 millions seraient au stade de la chronicité.
- En France, un peu plus de 280 000 personnes sont touchées par une hépatite B chronique responsable chaque année d'environ 1 500 décès (BEH : 25/12/07).
- La contamination est particulièrement forte dans la tranche d'âge 20 à 29 ans.
Contamination
D'une manière générale, la contamination se fait par voie sanguine, sexuelle, et au cours de la grossesse par transmission de la mère au foetus au travers du placenta . Voire durant l'allaitement.
De façon plus détaillée :
- Transmission dans le milieu familial, collectivités, en particulier les institutions pour malades mentaux ou handicapés et aussi dans les prisons.
- Transmission mère-enfant : lors de l'accouchement par les voies naturelles, mais aussi lors de l'allaitement.
- Soins médicaux : le personnel soignant est en première ligne avec un risque d'être contaminé par des patients infectés.
- L'hépatite B est également une maladie considérée comme "nosocomiale" (maladie attrapée au cours d'une hospitalisation). Eventuellement par un transfusion sanguine réalisée avant 1992 (le virus n'était pas dépisté dans les dons de sang). Il existe aujourd'hui (et surtout après les dispositions prises après 1997) un risque extrêmement faible de contracter une hépatite B lors d'une intervention chirurgicale, ou un examen invasif. Une contamination est également possible lors de soin de mésothérapie et d'acupuncture, si des règles d'hygiène strictes ne sont pas respectées.
- Transmission du virus lors de rapports sexuels (vaginal, bucco-génital, anal, avec une personne porteuse du virus.
- Transmission du virus par l'usage de drogues et utilisation de matériel contaminé (seringues, aiguilles, paille à sniffer...).
Les populations à risque sont :
- les professionnels de santé,
- les insuffisants rénaux,
- les hémophiles ,
- les personnes ayant subi de nombreuses transfusions sanguines ,
- les nourrissons non vaccinés à la naissance et dont la mère avait des antigènes HbS positifs,
- es toxicomanes par voie intraveineuse (ou par sniff),
- les homosexuels et les hétérosexuels à partenaires multiples ayant des rapports non protégés.
Manifestations
- L'incubation (temps compris entre la contamination par le virus et les signes de la maladie) est en moyenne de 60 à 90 jours. L'incubation minimale est de 45 jours et maximum de 5-6 mois.
- Beaucoup d'hépatites passent inaperçues, et plus de 90 % guérissent.
- Les signes sont assez variables : fatigue, nausées, douleurs du côté droit sous les côtes, douleurs articulaires, blanc de l'oeil qui devient jaune, et parfois teint jaune. La jaunisse peut durer environ 1 mois.
- Moins de 5 % sont des hépatites fulminantes (nécessitant des soins en réanimation), et environ 10 % deviennent chroniques. Parmi ces hépatites chroniques, 30% évolueront vers la cirrhose , et parmi ces cirrhoses, 30 à 50% évolueront vers un cancer du foie au bout de 10 ans si elles ne sont pas soignées.
Comment confirme t-on le diagnostic ?
- Les signes de destruction des cellules du foie : augmentation des transaminases , des phosphatases alcalines , par une prise de sang.
- L'augmentation des lymphocytes du sang au cours de la numération formule sanguine qui oriente vers l'origine virale.
- Le dosage à 15 jours d'intervalle des IgG et des IgM qu'on appelle les immunoglobulines permet de savoir si l'infection virale est ancienne ou récente.
- Le sérodiagnostic identifie le responsable. Pour l'hépatite B, on cherche l'antigène AgHBS qui existe sous différentes fractions (a, b, c, etc.).
- En fonction du résultat de ces examens et de leur évolution, si le médecin suspecte un passage de la maladie vers la chronicité, il faudra faire une ponction-biopsie du foie pour déterminer l'agressivité de l'hépatite. On pratique de plus en plus des tests d'évaluation de la fibrose hépatique sans avoir forcément recours à une ponction biopsique du foie (élastométrie impulsionnelle - mesure d'une onde "calculant" le coefficient d'élasticité du foie ; tests sériques de fibrose - prise de sang).
Evolution
- Chez les enfants de moins de 5 ans, l'infection passe à la chronicité dans 30 à 90% des cas. Au delà de l'âge de 5 ans, la chronicité est plus rare : environ 10% des cas.
- Grâce aux traitements, on parvient aujourd'hui à stabiliser 2/3 des hépatites B chroniques (voir plus loin).
Le traitement d'une hépatite chronique
D'une manière générale
De toute façon : éviction de l'alcool et de certains médicaments risquant d'être toxiques pour le foie.
Il existe un traitement spécifique de l'hépatite B qui repose sur plusieurs médicaments :
- L'interféron pégylé donné en injection sous-cutanée, généralement une fois par semaine, pendant plusieurs mois. Son rôle est d'empêcher la multiplication du virus et de renforcer les défenses de l'organisme.
- Des anti-viraux : la lamivudine ou l'adefovir.
- Ces deux types de médicaments (interféron et aniviral) sont souent associés.
- De anti-viraux de nouvelle génération : l'entécavir et le ténovir (un comprimé par jour) sont plus efficaces contre le virus et n'entraînent pratiquement plus de problème de résistance. Ces antiviraux doivent être pris longtemps et sont heureusement bien tolérés.
Résultats et cas particuliers
- Le traitement et son indication dépend des résultats des examens (biologiques, ponction du foie...).
- Grâce aux nouveaux traitements, on est capable aujourd'hui de contrôler, de stabiliser environ 2/3 des patients souffrant d'un hépatite B chronique. Autrement dit, ces traitements peuvent bloquer l'inflammation au niveau du foie et stopper l'évolution de la fibrose.
- Pour certaines personnes ayant passé à la chronicité et dont les fonctions hépatiques sont détériorées avec un foie souffrante d'une grave fibrose, on est parfois obligé de recourir à la greffe de foie.
- Dans les formes fulminantes : le traitement se fait en service de réanimation, contre l'insuffisance hépatique , avec parfois une greffe de foie.