Définition
- Le terme de trouble bipolaire est venu remplacer celui, plus ancien, de psychose maniacodépressive.
- Il s'agit de troubles caractérisés par des variations excessives ou inadaptées de l'humeur, tant dans le sens de la dépression que dans celui de la "manie" (agitation physique et psychique). Il y a alternance de "hauts", les phases maniaques et de "bas", les phases dépressives.
- On utilise également le terme de "cyclothymie", c'est à dire une humeur instable et changeante.
- Ce trouble est le plus souvent méconnu et non diagnostiqué, la personne étant jugée par son entourage comme "soupe au lait", border-line, excessive, coléreuse, etc. Tous termes qui masquent la réalité, qui est celle d'un trouble pathologique de l'humeur.
Epidémiologie
- 500.000 personnes en France seraient atteintes par cette maladie qui est considérée par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme l'une des 10 maladies les plus invalidantes de notre siècle.
- On considère qu'une personne sur quatre présentera un ou plusieurs troubles mentaux au cours de sa vie. Les troubles bipolaires en font partie au même titre que la dépression ou la schizophrénie .
- Statistiquement, le diagnostic n'est porté en moyenne que 8 ans après le début des troubles. La personne en moyenne aura vu entre 3 et 5 médecins différents avant que le diagnostic correct soit posé.
XTrouble bipolaire en vidéo
Trouble bipolaire: définition (1/3) Le docteur Isabelle Amado, psychiatre, praticien hospitalier au CH Sainte Anne à Paris explique ce qu'est la maladie bipolaire et quels en sont les symptômes: un dérèglement de l'humeur qui oscille entre dépression et exaltation. C'est la maniaco-dépression. | 4 vidéos |
Mécanisme
L'humeur est un indicateur de notre état émotionnel qui peut aller du bien-être au mal-être. Cet état, qui peut nous faire adopter des comportements très divers, varie chez chacun d'entre nous selon les évènements extérieurs (stress, joie, chagrin, moments de la journée, période de l'année, climat, météorologie, rapports humains, etc.).
- Chez la personne qui n'a pas de trouble bipolaire, ses comportements restent normaux, sociaux, sans agressivité ni abattement, ni excitation excessive.
- Chez la personne qui souffre de trouble bipolaire, les variations d'humeur sont disproportionnées et excessives par rapport à ce qui a motivé son déclenchement. Il s'ensuit une modification de la "cognition" (ce que pense la personne), du comportement (ce qu'elle fait), et de ses émotions (ce qu'elle ressent). La conséquence est alors une alternance de phases hautes (les accès dits maniaques ou hypomaniaques) et de phases basses (phases dépressives ou mélancoliques). Entre ces deux phases excessives, la personne retrouve une humeur normale et adaptée.
Les causes
C'est une maladie dite multifactorielle, c'est à dire dans laquelle plusieurs causes sont responsables.
- D'abord une prédisposition génétique. la fréquence dans la population générale est de 1 à 2%. Par contre le risque monte à 10% si on a un parent de premier degré (parent, frère ou soeur ou enfant) atteint de trouble bipolaire. Cette certitude d'un mécanisme génétique est confirmée par le fait que chez les vrais jumeaux (qui ont donc le même patrimoine génétique), le risque est de 70% si l'un est atteint, que l'autre le soit aussi. Toutefois, les 30% restants prouvent que des facteurs environnementaux sont également en cause.
- La cause seconde serait un mauvais fonctionnement biologique provoqué par le dérèglement de certains neuro-transmetteurs, c'est à dire de substances chargées de faire circuler l'information dans le cerveau.
- Les facteurs environnementaux. Il s'agit souvent dans l'enfance d'éléments négatifs comme la perte d'un parent, un divorce, ou des situations de carence affective ou de sévices. Sur ce terrain, des stress négatifs (deuils, ruptures, etc.), comme des stress positifs (mariage, naissance d'un enfant...) peuvent être des facteurs déclenchants.
Les manifestations
Elles dépendent selon que la personne est en phase maniaque ou dépressive.
Les phases dépressives
La dépression est brutale, parfois profonde.
- Il peut s'agir selon les cas de perte de capacité de mémoire, d'attention, de concentration qui peuvent entraîner une perturbation des activités.
- Dans d'autres cas, les troubles prennent l'aspect d'une déprime brutale : dépréciation de soi, idées noires, perte d'énergie, troubles du sommeil.
- Des crises d'angoisse peuvent survenir.
- Parfois, cette dépression peut amener à un passage à l'acte aboutissant au suicide .
- Dans certains cas enfin, il peut exister des hallucinations auditives (voix, bruits) ou visuelles. C'est à cause de ces cas en particulier, qu'on englobait à tort les troubles bipolaires dans le vocable de psychose .
Les phases maniaques
Il existe 2 formes distinctes : les épisodes maniaques et leur forme atténuée, les épisodes hypomaniaques.
Remarque importante : le terme de "maniaque" ne doit pas être confondu avec l'obsession du rangement, de la propreté ou du rangement.
- L'épisode "maniaque" : la personne est joyeuse, joviale, expansive, hyperactive, euphorique, le tout de façon excessive. Mais elle peut aussi être agressive, irritable pour un rien. Les pensées peuvent perdre le contact avec la réalité, la personne se pensant soudain dans une position de grande puissance, qui peut aller jusqu'à des pensées ou des opinions délirantes. On retrouve là encore les éléments qui ont pu faire prendre anciennement ce trouble pour une psychose maniaco-dépressive. Cela peut amener des troubles du comportement comme des agressions physiques ou verbales. Dans cette phase, la personne est en grande souffrance.
- L'épisode hypomaniaque : c'est un épisode maniaque au cours duquel la personne conserve malgré tout un certain contrôle de son comportement.
Les états mixtes
C'est la présence au sein d'une phase maniaque d'un accès dépressif. Ces états mixtes sont très dangereux, car la personne possède une énergie et une force décuplée pour mettre fin à ses jours et se libérer de la souffrance de la dépression.
Les différentes formes de la maladie
Des classifications ont été établies, mais qui ne rendent pas compte de la diversité des manifestations. On peut globalement en retenir plusieurs :
Le trouble cyclothymique
La personne souffre d'épisodes dépressifs qui s'enchaînent avec des épisodes hypomaniaques. Toutefois il n'y a aucun épisode dépressif majeur. C'est la fréquence des épisodes qui donne le diagnostic : pour parler de trouble cyclothymique il faut qu'il y ait des manifestations maniaques ou dépressives au moins tous les 2 mois, et ceci pendant 2 ans.
Le trouble bipolaire de type 1
La personne a présenté au moins une fois dans sa vie un épisode maniaque, séparé par des périodes normales et des épisodes dépressifs d'intensité variable. A part ce grand épisode maniaque, de petits épisodes d'hypomanie peuvent s'intercaler.
Le trouble bipolaire de type 2
La personne est soumise à des épisodes dépressifs majeurs séparés par des épisodes hypomaniaques qui surviennent sans raison apparente. Chaque épisode hypomaniaque dure en général de 4 à 10 jours.
Les facteurs déclenchants
- Les rythmes irréguliers : un changement de rythme professionnel peut provoquer l'apparition d'une crise.
- La prise de toxiques, qu'il s'agisse de stupéfiants ou de psychostimulants (cocaïne, ecstasy, crack, amphétamines...) peuvent provoquer une crise maniaque. L'arrêt de ces substances peut de la même façon conduire à une phase dépressive. Le cannabis aggrave les épisodes. L'alcool joue un rôle aggravant car l'excès de confiance qu'il peut générer en phase maniaque, associé à la diminution des moyens physiques et psychiques peut entraîner des accidents ou des actes suicidaires.
- Les médicaments à risque comme les antidépresseurs utilisés seuls, les corticoïdes , les antiviraux, peuvent entraîner une crise.
Les différents symptômes
L'humeur
- Jovialité
- Euphorie
- Exaltation
- Mégalomanie
- Hostilité
- Tristesse
- irritabilité
- Anxiété
Troubles de la pensée
Ralentissement psychique
- Fatigue
- Inhibition
- Anorexie ou au contraire boulimie
- Troubles du sommeil
- Désinhibition sexuelle
- Violence
- Suicide
Symptôme "psychotiques" (déstructuration de la personnalité)
- Délire
- Idées délirantes
- Hallucinations
- Discordance
- Dissociation