Point de départ
Bébé pleure sans s'arrêter, il hurle. C'est surtout la persistance de ces pleurs qui inquiète les parents. A-t-il faim ? Ou soif ? Serait-il malade ? Sa couche est-elle mouillée ? Fait-il ses dents ? Ou un caprice ? Tout cela est parfois difficile à savoir.
La situation
Le fait que bébé pleure est naturel. C'est ce que vous vous dites puisque c'est le seul moyen qu'un nourrisson a pour s'exprimer, et cela pendant 1 an à 1 an et demi, le temps qu'il sache dire quelques mots. Le problème c'est que vous n'en pouvez plus : les cris sont insupportables pour toute la maisonnée, et la dernière fois où vous avez appelé le médecin, il vous assuré qu'il n'était pas malade.
Vous essayez diverses stratégies : le prendre dans vos bras, le laisser dans son lit en fermant la, porte et en culpabilisant, le bercer, lui parler tandis qu'il vous arrache les oreilles avec ses cris, le sortir, lui donner à boire, à manger… bref rien n'y fait.
Que se passe t-il dans sa tête ?
En fait on ne sait pas très précisément puisque aucun bébé de moins d'un an n'a pu être interrogé et pu exprimer ses états d'âme. Quant à nous, adultes, nous n'avons gardé aucun souvenir de cette période.
Ce que l'on sait, c'est déjà repérer le type de cris et leur signification : les pleurs de faim sont vigoureux, puissants, réguliers, il n'y a généralement pas de pleurs ou très peu, et le biberon les calme instantanément.
- Les cris de douleurs, si fréquents dans la colique du nourrisson et qui n'apparaissent que durant les 3 premiers mois de la vie, sont moins réguliers, ils s'atténuent puis se renforcent par moment, et l'enfant émet des larmes, son visage est souvent assez congestionné. Les pleurs peuvent céder et faire la place à des gémissements plus ou moins plaintifs. L'expérience des parents au bout de plusieurs enfants leur permet de mieux se repérer et d'agir : prise de la température, surveillance d'autres signes comme de la diarrhée, rots, etc.).
- Les cris de satisfaction sont plutôt une sorte de gazouillis.
- Les pleurs qui précèdent le sommeil : l'enfant est agité, il remue la tête à droite à gauche, et c'est souvent sa façon de s'endormir en sommeil paradoxal .
- Les cris d'appel : ils ne débutent que vers le 3ème mois, ils sont irréguliers, un peu comme si l'enfant écoutait entre deux cris si quelqu'un vient. Ce sont souvent plus des gémissements que des cris. L'enfant signifie par là qu'il veut qu'on le sorte de son berceau, ou qu'on le prenne dans ses bras.
- Les cris de protestation s'accompagnent de larmes s'arrêtent, puis reprennent. On peut s'y laisser prendre.
- Les cris de colère quant à eux, n'apparaissent qu'au cours du 8ème mois et peuvent durer jusqu'à l'âge de 3-4 ans.
L’interprétation du psy
- Les enfants âgés de 6 semaines pleurent en moyenne 2 h 45 par jour, parfois plus, parfois moins. A cet âge, le caractère apparaît déjà : certains enfants sont plus coléreux que d'autres, plus extravertis, plus exigeants, plus capricieux. C'est leur nature, vous n'y pourrez rien changer.
- Les pleurs évoluent au cours de la vie de l'enfant : de la naissance à 3 mois ils sont maximum, surtout si l'enfant a des coliques du nourrisson ; puis ils diminuent avec une reprise vers l'âge de 8 mois, l'âge des premières peurs et d'une certaine découverte du monde. Les pleurs reprennent après entre l'âge de 18 mois et 3 ans : c'est la période d'opposition et d'affirmation de la personnalité. Ces pleurs sont d'autant plus faciles à décrypter que l'enfant commence à s'exprimer.
- Les cris et les pleurs sont à la fois mode d'expression et mode de communication : un enfant qui pleure est un enfant qui communique : il lance des signaux que les parents inexpérimentés décodent mal ; de plus s'installe chez les parents la culpabilité de n'être point un bon père ou une bonne mère . Les psy parlent de « cordon acoustique ». On en veut pour preuve les enfants abandonnés à l'hôpital ou en institution, qui font de « l'hospitalisme », avec une absence de pleurs, une attitude « trop sage » qui témoigne en fait d'une grande souffrance.
- En fait l'incertitude dans laquelle se trouve les parents est génératrice d'anxiété que l'enfant perçoit et qui le perturbe. Se rassurer soi-même, c'est rassurer et calmer son enfant. Et c'est là que se trouve le problème bien souvent, car ce n'est qu'avec l'expérience que l'on sait interpréter (il fait ses dents, il a une colique, il a sommeil, etc.).
Votre attitude
Elle n'est pas simple, mais quelques points pour vous repérer qui dépendent de l'âge.
De 0 à 3 mois
- Vérifiez l'heure : si c'est celle de sa sieste et qu'il vient de manger, vérifiez d'abord qu'il a bien fait son rot, puis mettez-le au lit sans état d'âme. Il s'endormira en sommeil agité en 10 mn, parfois plus. Ne le prenez pas dans vos bras pour l'endormir, vous ne ferez que le réveiller. C'est le piège classique dans lequel il ne faut pas tomber.
- Si c'est l'heure de l'un de ses repas, la preuve par 9 c'est le biberon. Erreur à éviter : lui coller le biberon dans la bouche au moindre cri : vous créez un réflexe conditionné (je pleure donc je mange et maman est là) et vous risquez d'en faire un futur obèse.
- Et si c'est au milieu de la nuit : vous en avez pour 1 à 3 mois à vous réveiller, le temps qu'il « fasse ses nuits ».
Changez-le entièrement. Cela aura le double avantage de le distraire, de nouer une relation avec lui, et de le soulager d'une situation souvent inconfortable pour ses petites fesses. Vérifiez la température de la pièce (19 à 21°) et qu'il n'est pas trop couvert.
- Le type de cris : vous l'avez vu , les pleurs sont assez caractéristiques. Prenez sa température et vérifiez le contenu de sa couche. La présence de fièvre ou de diarrhée vous orientera et vous fera appeler le médecin le cas échéant.
Si ce n'est pas l'heure de sa sieste, prenez-le dans vos bras et bercez-le, le temps qu'il se calme : la persistance de geignements plaintifs doit vous alerter et vous faire appeler le médecin.
- Parlez-lui, avec des mots simples et normaux et avec une voix calme. Généralement il se calmera.
- Essayez vous-même de perdre anxiété et culpabilité qui ne font qu'aggraver la situation. Ce n'est pas facile.
De 3 mois à 8 mois
- L'enfant commence à sentir son pouvoir sur vous. Donc laissez-le pleurer durant une dizaine de minutes. Au-delà, intervenez car les pleurs peuvent s'auto-entretenir et vous faire entrer dans un cycle infernal.
- Même attitude que précédemment : couche, bras, biberon d'eau, prise de température au moindre doute.
Dès cet âge, la négociation peut devenir nécessaire entre vous et votre enfant. En cas de cris qui ne cèdent pas, faites la technique du cri minuté .
- Evitez que des personnes extérieures à la famille fassent irruption dans la pièce : à 8 mois l'enfant découvre son entourage et peut avoir peur de tout ce qui n'est pas sa famille proche.
De 8 mois à 1 ou 2 ans
La communication est déjà bien installée. Votre enfant a un tempérament bien affirmé et une personnalité dont il faut tenir compte. Il sait exprimer avec des mots ou des attitudes ce qu'il ressent. L'enfant n'est plus cet « être étrange venu d'ailleurs », il fait partie de votre monde : vous avez tous les outils sous la main pour communiquer.
Les erreurs à éviter
- L'enfant a besoin de calme et de silence.
- Il a besoin de repos (de 12 à 18 h de sommeil).
- Si c'est l'heure de sa sieste, ou après le repas, prenez-le seulement pour lui faire faire un rot qui ne passerait pas, mais ne l'endormez pas dans vos bras : vous seriez dans la spirale infernale
- Durant les 3 premiers mois, ne définissez pas des heures fixes pour les repas. Attendez qu'il réclame et ne le réveillez pas pour manger : un enfant ne se laisse pas mourir de faim.
- Ne soyez pas rigide (le bain avant le repas et pas après). Soyez à l'écoute, et tout se passera bien.
- Ne secouez surtout pas votre enfant, même s'il vous semble que ce n'est rien, et surtout si les cris vous horripilent : secouer un enfant, le jeter sur le lit, voire plus sont des attitudes dangereuses, voire criminelles. Le « bébé secoué » risque des lésions graves et irréversibles du cerveau passible de sanctions pénales. Il faut le savoir.
Cas particulier
Les pleurs à la même heure
Les causes sont généralement les mêmes :
- La colique du nourrisson (entre 1 et 3 mois)
- Les pleurs de sommeil
- L'agitation liée à un évènement familial régulièrement perturbateur : c'est à vous à vous interroger.