L'enfant dit non ! Ce mot l'amuse beaucoup, il en joue, en use et … en abuse au grand énervement des parents ; Du matin au soir, ce sera « non » pour tout. D'ailleurs souvent il en rit aux éclats.
La situation
Insupportable, horripilante, agaçante, impossible à vivre, énervante, les adjectifs ne manquent pas pour caractériser cette situation. Elle se passe entre 16-18 mois et va se poursuivre jusqu'à l'âge de 3-4 ans. La fessée vous démange, les rires vous assaillent quand vous voyez son air résolu, et vous naviguez entre énervement et attendrissement. Toujours est-il que les situations ne sont pas simple à vivre car l'enfant choisit toujours son moment (le pire bien entendu) puisqu'il sait avoir ainsi un pouvoir sur vous.
Ce qui se passe dans sa tête
Quand l'enfant dit « non », en fait il dit « moi ». Il ne dit pas « je ne veux pas », il dit « c'est moi qui décide de ce que je veux ».
L'interprétation du psy
- En fait, pour bien comprendre il faut se remémorer quel a été le chemin de l'enfant : Jusqu'à 8 mois, lui et sa mère étaient totalement indistincts et cette incapacité à comprendre ce que veut dire « je », ne lui permettait pas de le dire autrement qu'avec des cris et des hurlements . Vers 6-8 mois, âge des premières peurs , il comprend qu'il y a son entourage proche, « les autres » et une autre entité qu'il ne sait pas encore nommer et qui est en fait « lui ». L'enfant qui parle tôt ne dit d'ailleurs pas « je » il dit son prénom (« François a faim » et non « j'ai faim »). Il est donc normal qu'il en vienne un jour à comprendre que « lui » est en fait une seule et même personne, c'c'est à dire « moi ». Et cette découverte il va la clamer sur tous les toits en s'opposant, grâce à ce mot magique : « non ». On pourrait presque résumer cela par « Je dis non donc j'existe ».
- Le « non » est donc un moyen normal, nécessaire, vital, pour organiser sa personnalité
De plus, c'est un peu une perche que tend l'enfant de cette façon : « je pense non, mais toi que penses-tu ? ». Et en fait, par ce « non » et cette opposition permanente, ainsi que les bêtises qui vont avec, l'enfant met ses parents dans l'obligation de lui fixer (déjà !) des limites.
Votre attitude
- D'abord ne pas opposer à ce « non » votre propre opposition à cette tentative d'exister. Le « non » qu'il prononce peut être justifié dans certain cas (il n'a pas faim, il est fatigué, il a sommeil, bref autant de choses qui sont légitimes à partir du moment où on lui accorde qu'il puisse dire « moi »). Votre position est donc délicate : comment asseoir votre autorité et définir les limites, sans pour autant blesser et détruire dans l'oeuf ce « moi » naissant.
- Essayez d'abord de détourner son attention : il ne veut pas de ces chaussures, proposez lui un pantalon que vous ne tenez pas spécialement qu'il mette et qu'il vous refusera aussitôt. Demandez-lui lequel il veut parmi ceux que vous souhaitez qu'il mette, et enfilez-lui les chaussures le plus naturellement du monde. Vous n'avez pas capitulé et il a pu exprimer son opposition.
- Autre technique : prévenez-le qu'il n'a que 3 tours. Il a le droit de refuser une fois, 2 fois, mais la troisième c'est vous qui décidez à sa place, même si cela doit entraîner des hurlements : il apprend ainsi à gérer la frustration qui est une étape importante), vous n'avez pas capitulé et vous lui avez fixé des limites. Ce jeu des 3 tours deviendra une règle dans laquelle il se moulera et qui lui permettra de comprendre que ce sont les parents qui fixent les règles et pas les enfants.
Les pièges à éviter
Le piège gros comme une maison est celui de la culpabilisation de votre part. Si votre refus ou votre demande est justifiée face à son opposition, vous n'avez aucune raison de vous en vouloir. Et si à l'inverse, vous êtes allé(e) trop loin, ne culpabilisez pas non plus : la prochaine fois soyez plus souple, et ne posez pas des interdits ou des punitions que vous ne pourriez pas tenir.