La situation
L'air est connu : « maman, j'aimerais tant avoir un chien ». Ou un
chat. Ou un hamster. L'insistance est telle qu'elle ne vous laisse pas
indifférents.
Cette insistance finit par être tympanisante, mais elle soulève des interrogations qui vous ennuient : manque t-il d'affection ? Lui faut-il un petit frère ou une petite soeur ? Souffre t-il de solitude ? Bref, vous vous interrogez et vous seriez prêts à craquer pour une petite boule de poils.
Mais en même temps, la perspective des sorties-pipi de l'animal, ou de la cage à récurer ou de la litière à nettoyer, sans compter la question des vacances où la bestiole est une suggestion supplémentaire, tout cela vous refroidit. Généralement ça se termine par « pas maintenant » ou « on verra », toutes phrases qui n'ont que pour objet de différer la décision. Sans la résoudre pour autant.
Ce qui se passe dans sa tête
- Avant l'âge de 6 ou 7 ans, l'enfant est très ambivalent par rapport à l'animal. C'est une sorte de peluche animée chez laquelle il trouve le contact physique agréable des poils et de la chaleur, et aussi la constatation de marques d'affection de l'animal à son égard.
- Par ailleurs, l'animal peut servir également d'objet transitionnel durant certaines périodes difficiles, un peu comme un doudou .
- Mais un autre aspect plus trouble se fait jour dans la tête de l'enfant : celle du pouvoir. Il peut commander à l'animal, lui donner des ordres, le soumettre à son bon plaisir. Ainsi il fait « comme ses parents » qui lui donnent des ordres à lui, et il expérimente ce qu'est le pouvoir sur un être. Outre le fait que l'animal n'est pas forcément d'accord pour se soumettre aux fantaisies de l'enfant, ce qui peut entraîner des morsures ou des griffures parfois sérieuses, il peut s'instaurer chez l'enfant une sorte de relation perverse, un exutoire, voire un souffre-douleur.
L'enfant admet d'autant moins le refus des parents qu'autour de lui, de nombreux copains ont des animaux chez eux. D'où un certain sentiment de frustration .
L'interprétation du psy
En fait l'enfant n'est généralement pas en manque d'affection. Bien au contraire, c'est lui qui en déborde et qui aimerait bien en offrir. L'animal est donc le réceptacle de tout ce débordement d'affection que l'enfant possède en lui et qu'il souhaiterait partager.
L'animal va également l'équilibrer, l'apaiser et canaliser son énergie. Mais évidemment, il peut aussi servir de défouloir à son agressivité, en particulier s'il est en colère ou frustré.
Et puis se pose la question du sadisme envers les animaux.
- Vers 4-5 ans, ce sadisme est évident, fréquent, et naturel. A cet âge, l'enfant a encore du mal à faire la différence entre le monde magique et imaginaire qu'il a dans la tête, et la réalité des choses. L'animal fait partie de ce monde, et il n'y a pas de limites à l'imagination. De plus, il fait aussi partie de l'univers familial, et il est naturel de tirer les cheveux de sa soeur, pourquoi pas aussi la queue du chien ? Certains animaux de compagnie peuvent alors manifester violemment leur conception de la chose.
- Un peu plus tard, vers 6-7 ans, la pensée de l'enfant devient logique et plus seulement intuitive. Si vous devez prendre un animal à la maison ce sera vers cet âge. Et cela d'autant plus qu'en confiant à l'enfant des tâches –dont la plupart vous tomberont bien entendu sur le dos - concernant l'animal, c'est un moyen de l'aider dans la quête d'une certaine autonomie .
- Mais évidemment il faudra assumer les conséquences de l'adoption d'un animal. Outre les contraintes matérielles (nourriture, sorties, vaccinations, vétérinaire, vacances, etc.), des questions se poseront liées à la vie même de l'animal : sa sexualité, la mise bas, la séparation éventuelle, l'élimination des chatons ou des chiots en surnombre, la maladie, la mort…
Mais c'est aussi un formidable moyen d'aborder toutes ces questions sérieuses, par le truchement de l'animal.
Votre attitude
Tout dépend en fait de votre décision intime et de votre acceptation des conséquences : si vous adoptez un animal, ce n'est pas pour céder à votre enfant ou pour lui faire plaisir, mais parce que vous aussi y trouvez votre compte. Sinon, l'animal va devenir la « bête noire », la corvée sur pattes. Il y a 3 situations :
Vous êtes indécis
Argumentez en montrant tous les inconvénients de la présence d'un animal et testez ainsi la détermination de votre enfant. Faites-lui toucher du doigt, que lui aussi devra participer à l'entretien de l'animal. Demandez-lui exactement les raisons profondes pour lesquelles il souhaite un animal : vous apprendrez des tas de choses sur ce que pense votre enfant dans des domaines que vous ne soupçonniez pas. La question de l'animal de compagnie peut être une occasion de resserrer quelques boulons, ou de corriger certaines attitudes ou situations bancales.
Vous cédez
Alors, impliquez votre enfant, non seulement dans les tâches liées à l'animal, mais aussi dans l'achat, en mettant quelques sous dans l'entreprise. Ainsi, l'enfant se sentira responsabilisé. C'est également un bon moyen pour tester sa motivation avant l'achat. N'hésitez pas à faire un contrat écrit et signé dans lequel l'enfant s'engage à ces corvées. Cela vous servira pour plus tard afin de lui rappeler les promesses oubliées.
Tout cela vous permettra d'abord de tester la motivation de l'enfant, de comprendre certains sentiments ou pensées cachées, et d'aider l'enfant à passer du monde imaginaire au monde réel. Il n'y a donc pas que des inconvénients.
Vous ne cédez pas
C'est vous qui allez devoir vous justifier. Vos raisons doivent être bonnes (environnement, manque de place, manque de temps…), car votre enfant ne vous ratera dans vos erreurs de raisonnement. N'oubliez pas non plus que la « contrainte temps » n'est pas forcément un argument recevable car l'enfant peut implicitement se dire qu'en fait vous n'avez pas de temps à lui consacrer.
Il est indispensable que vous envisagiez avec lui logiquement et point par point tous les inconvénients d'avoir un animal à la maison. Une fois tout bien pesé, c'est vous décidez. L'enfant saura ainsi qu'il y a une limite, et se sentira en finale rassuré de constater votre autorité