Chronologie d'apparition
La plupart du temps
- La maladie se caractérise par des signes d'installation progressive. C'est cela qui en fait le caractère sournois.
- Le premier compartiment touché est la mémoire . En raison des troubles banaux et normaux que l'on peut avoir, en particulier en raison du vieillissement normal de l'organisme et du cerveau, les signes sont souvent négligés, voire déniés par la personne elle-même qui met en place des stratégies de compensation (affabulation, masquage des déficits, etc.).
- Puis c'est la diminution des capacités qui apparaît. A ce stade l'entourage est alerté, mais le plus souvent trop tardivement.
- Les troubles du langage apparaissent.
- Puis ce sont les gestes.
- Ensuite, la difficulté à reconnaître les images et les objets, et la perturbation du jugement et du raisonnement.
- Les déficit sont alors importants, et la dépendance devient totale qui donne à la maladie toute sa dimension dramatique, supprimant toute possibilité d'autonomie sans qu'une hospitalisation puisse être envisagée : les troubles de la reconnaissance des proches et de soi-même, et les troubles du comportement moteur sans qu''il y ait véritablement paralysie. La personne ne sait plus effectuer les tâches courantes alors que ses muscles fonctionnent.
- Les troubles psychologiques et comportementaux apparaissent alors : on est au stade de démence.
Exceptionnellement
Exceptionnellement, la maladie débute brutalement par un état confusionnel avec à l''origine une cause déclenchante :
- Un choc affectif.
- Une maladie.
- La prise d''un médicament comme un anticholinergique (qui agissent sur un neuromédiateur : l''acétylcholine).
Signes précoces
Les questions à poser à l'entourage
Ce petit test est rapide et porte sur plusieurs points.
- La personne a t-elle des problèmes de jugement ? Mauvaise décision financière, relations très inattendues avec l'entourage, ...
- Perd-elle l'intérêt pour ce qui l'intéressait auparavant ? Elle ne porte plus attention à les activités et ses passes temps favoris.
- A-t-elle du mal à réaliser de nouveaux apprentissage ? Se servir d'un nouveau téléphone, d'une nouvelle télévision, d'un appareil électro-ménager ?
- Ne sait-elle plus quel mois ou quelle année on est ?
- Incapacité récente à gérer son budget ?
- Oubli de rendez vous ?
- Difficulté à se concentrer ?
Troubles de mémoire
- L'entourage est le premier à remarquer les troubles car la personne a du mal à se souvenir de ce qu'on lui a dit récemment. cette "amnésie de fixation" est l'un des premiers signes. Il oblige l'entourage à répéter les mêmes choses, même s'ils s'agit de points importants.
- Les oublis sont intermittents, mais ils finissent par s'installer. Cela entraîne des problèmes pour la prise des médicaments, mais aussi pour la vie courante (courses, repas, factures, etc.).
- La personne se trompe sur les dates, les jours et les mois. Elle peut également perdre ses repères dans le temps (confondre la matin et le soir).
- Elle se perd également dans son propre environnement (quartier, habitat...) et ne plus être en mesure de revenir chez elle en demandant de l'aide puisqu'elle oublie les adresses et les numéros de téléphone.
Ces troubles de mémoire sont insidieux car souvent masqués par la personne elle-même, et par l'entourage qui préfère souvent nier la réalité du problème.
Les signes dépressifs
- La personne est souvent consciente de ses oublis, même si elle elle s'en défend. cela lui procure un sentiment de dévalorisation qui amène à une sorte de dépression réactionnelle qui majore l'isolement et donc la sollicitation du cerveau. Les oublis vont alors en s'aggravant.
- Les problèmes de mémoire quotidienne finissent par être sous-estimés par la personne qui pour se persuader qu'elle ne perd pas la mémoire, ressasse les souvenirs dont elle est certaine, c'est-à-dire les souvenirs du passé. Cela donne l'impression que la personne radote.
- L'état dépressif s'aggrave alors, du fait de se sentir petit à petit marginalisé dans un milieu social qui s'échappe de plus en plus.
Les troubles du langage
- Au début, lecture, compréhension et écriture sont préservés. Puis la personne lit sans vraiment comprendre. Ensuite c'est l'altération de l'orthographe qui survient.
- La difficulté à trouver les mots vient en parallèle. La personne remplace souvent le mot exact par un mot ayant la même valeur (par exemple le mot "table" remplacé par "chaise", car ce sont tous les deux des meubles).
- La perte des mots usuels est précédée par la perte des mots d'emploi moins habituels. Mais tout cela finit par altérer la grammaire et donc le langage.
- Par contre, certaines activités longtemps pratiquées ou qui intéressent la personne, comme les jeux de société par exemple, peuvent persister longtemps.
Les gestes
- Ils peuvent être altérés, mais de façon discrète. Ce sont des "apraxies", qui peuvent concerner des domaines où une action de substitution est possible (par exemple utilisation d'un ouvre-boîte manuel, au lieu de l'ouvre-boîte électrique, pourtant utilisé quotidiennement).
- ce n'est que vers la fin de l'évolution que ces apraxies touchent des domaines comme l'habillage ou le ménage.
Les activités de reconnaissance
- Désigner le nom d'un objet devient difficile.
- Parfois la personne peut prendre une personne pour une autre, au point de prétendre que la vraie personne est en fait un sosie.
- La reconnaissance des lieux finit par intervenir, faisant que la personne se perd dans son propre appartement.
L'altération du jugement
- Elle peut toucher des activités de gestion, notamment avec une mauvaise utilisation de l'argent. A ce stade, ces personnes peuvent être très vulnérables face à des gens peu scrupuleux.
- Elle peut également toucher des activités comme la garde des petits-enfants, ou des activités nécessitant un raisonnement (bricolage, conduite automobile, etc.)
En raison de la pauvreté des signes de début, le diagnostic est posé relativement tardivement : en moyenne 2 ans après le début des signes. C'est ce qui fait toute l'importance de la détection des signes précoces.
XSignes de la maladie d'Alzheimer en vidéo
Maladie d'Alzheimer Présentation de la maladie d'Alzheimer (troubles jugement, langage, reconnaissance, …)….compréhension de la maladie (transmission génétique, …), diagnostic examens cliniques complémentaires, possibilités de traitement. | 10 vidéos |
Signes plus tardifs
Les signes psycho comportementaux
- On entend par là, tous les signes qui touchent le comportement d'une manière générale.
- Les oublis et les stratégies pour les masquer peuvent aboutir à des incohérences qui peuvent provoquer des comportements bizarres (mettre une écharpe enroulée sur la tête parce qu'on ne trouve plus son chapeau).
- Des réactions de colère ou de frustration peuvent aboutir à des comportements agressifs ou hostiles (paroles, cris, gestes, injures, etc.).
- A l'inverse, pour échapper à ces déficits, la personne s'enferme dans une attitude d'indifférence joviale ou d'euphorie inadaptée. Cette stratégie de déni peut faire croire à tort à une pathologie psychiatrique.
Et parfois, c'est l'alternance des deux types de comportement qui donne un tableau très contrasté et déroutant.
Les troubles de l'humeur
- La dépression, mais auparavant des réactions de colère ou de frustration de ne pouvoir tout réaliser comme avant provoque des troubles de l'humeur qui aboutissent à des comportements qui déroutent l'entourage.
- Les troubles du comportement ainsi que la réduction de l'activité physique et intellectuelle aboutit à des troubles du caractère de plus en plus marqués : irritabilité permanente, syndrome de persécution virant à la paranoïa.
- Les troubles du langage commençant par une raréfaction des mots usuels pour terminer avec une véritable aphasie , engendrent un enfermement progressif qui aggrave les troubles de l'humeur.
La démence
- A cause de la perte des repères, la personne confond souvent le jour et la nuit, errant dans son appartement la nuit, et dormant le jour. Si elle vit seule, une désocialisation s'installe rapidement.
- La personne perd l'appétit, elle maigrit. Son goût peut changer au point qu'elle va ne plus apprécier que le sucré ou ne plus accepter que certains types d'aliments, ce qui aboutit à une malnutrition.
- La conséquence est souvent des complications cutanées et urinaires, avec une incontinence urinaire, voire une incontinence fécale.
- A un stade avancé, la personne sombre dans un état de déchéance.
Ce qui doit alerter
- Les oublis fréquents des prénoms des proches (petits-enfants, voisins, amis...)
- L'oubli de la place des objets d'utilisation quotidienne (vêtements, vaisselle, etc.)
- La perte de son chemin lors des trajets habituels.
- Une gêne dans les activités quotidiennes habituelles (ménage, bricolage, jardinage, jeux de société, etc.). Cela peut aboutir à un abandon progressif de ces activités.
- Oubli des évènements récents importants (anniversaires, fêtes de famille, mariages, etc.)
Tous ces signes sont constatés généralement par l'entourage. La personne de son côté trouve tous les échappatoires possibles pour expliquer qu'elle ne se souvient pas. Il est important pour l'entourage de ne pas se laisser abuser et d'amener la personne à consulter le médecin, au besoin en l'accompagnant.
Evaluation
- Elle est effectuée par les tests.
- Par la suite, les images obtenues par IRM et scanner permettent de renforcer la probabilité du diagnostic.
MMS
Le MMS (Mini Mental Status) est constitué de 30 petites questions ou épreuves qui suffisent pour faire la distinction entre la maladie d''Alzheimer et un vieillissement normal. Il est côté sur 30 points. Il permet d'apprécier le niveau d'altération de la personne.
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La maladie est considérée comme légère entre 20 et 26.
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Elle est modérée entre 15 et 19
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Elle est modérément sévère entre 10 et 14
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Elle est sévère en dessous de 10.
Le MMS permet un suivi de la personne.
Tests de Folstein
Score de l'ADAS COG
Diagnostic
Le médecin fera le diagnostic sur :
- L''interrogatoire long et précis du patient pour analyser et comptabiliser l'ensemble des lacunes mnésiques, sensorielles et psychomotrices.
- Et le scanner cérébral ou l'imagerie par résonance magnétique nucléaire ne sert pas au diagnostic : en effet les examens peuvent être normaux ou montrer une atrophie de la région de l'hippocampe dans le cerveau. Mais ces lésions ne sont pas spécifique de l'Alzheimer. C'est l'association de ces signes au contexte clinique qui signe la maladie.
En cas de doute, le médecin fera hospitaliser la patient pour éliminer toutes les causes pouvant se terminer par un état démentiel :
Evolution
La maladie évolue peu à peu en différentes phases qui aboutissent généralement au décès dans un délai variable compris entre 8 et 12 ans. Tout dépend de la personne, de l'âge de début des troubles, de son niveau intellectuel et culturel de départ, et de la progression de la maladie.
- La phase de début dure de 2 à 4 ans. Ce sont les troubles de mémoire qui alertent. La personne est généralement consciente de la diminution de ses capacités de mémorisation, ce qui renforce la dépréciation qu'elle a d'elle même et la conduit vers une dépression. Des troubles du langage et du comportement peuvent commencer à apparaître, hâtés par les aléas de la vie : opération, infection, voyage, etc.
- La 2ème phase dure de 2 à 6 ans. L'autonomie de la personne diminue, ses troubles s'aggravent, elle perd de plus en plus ses repères, l'amnésie devenant permanente. Le raisonnement et le jugement sont altérés, la personne pouvant être victime de personnes peu scrupuleuses. Son langage s'altère, ainsi que son écriture. Les troubles du comportement se renforcent, avec parfois des hallucinations, des idées délirantes ou des tentatives de fugue.
- La phase sévère dure de 2 à 4 ans. La mémoire ne fonctionne plus, aucun fait n'étant mémorisé, le langage écrit et oral est profondément altéré. La compréhension également. La personne perd alors le contact avec le monde extérieur. Des réactions d'agressivité et d'opposition apparaissent. Les troubles de la marche se renforcent, la personne pouvant faire des chutes.
- La phase terminale ne dure jamais plus de 2 ans. La perte d'autonomie est totale, la communication absente et les troubles du comportement majeurs. La personne est grabataire, assise puis allongée, et finit par décéder des complications liées à l'allongement permanent (infections urinaires , embolie pulmonaire .