De quoi s'agit-il ?
- 860.000 personnes sont atteintes de maladie d'Alzheimer en France. Parmi elles, 30 à 40% perdent du poids, ce qui peut avoir pour conséquence une progression plus importante de la maladie et une augmentation des risques de décès liés au conséquences de la perte d'autonomie.
- La dénutrition chez la personne atteinte de maladie d'Alzheimer est un signe d'alerte qui témoigne de la nécessité de faire entrer la personne en institution, et du risque important de mortalité.
- L'alimentation est donc un point important de la prise en charge de la maladie.
Mécanisme
- La désorientation dans le temps et dans l'espace empêche la personne de programmer ses courses, de les organiser, et de choisir ses aliments avec discernement. Son esprit d'initiative est perturbé, ce qui l'amène parfois à ne plus se ravitailler.
- La difficulté à assurer les tâches habituelles (épluchage, cuisine, utilisation des ustensiles...) perturbent la réalisation des repas.
- Les troubles de mémoire perturbent l'organisation de la journée et le souvenir des repas précédents.
- L'âge est en lui-même un facteur de dénutrition et de déshydratation, l'appétit étant souvent perturbé. A cela s'ajoutent les problèmes dentaires, les troubles du goût et la diminution de l'odorat qui participent à la diminution de l'appétit.
- Enfin, les troubles dépressifs qui accompagnent la maladie aggravent la perte d'appétit et sont à eux seuls l'un des principaux risques de dénutrition.
Tous ces phénomènes s'auto-entretiennent, ce qui aboutit à un véritable cercle vicieux.
XAlimentation dans la maladie d'Alzheimer en vidéo
Maladie d'Alzheimer: dénutrition Le docteur Olivier Guerrin, gériatre au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nice explique le rôle essentiel des aidants de patients atteints de la maladie d'Alzheimer, en particulier dans la détection de la dénutrition qui doit être signalée au plus vite au médecin traitant pour enrayer la perte de poids. | 1 vidéos |
Les conséquences de la dénutrition
- La dénutrition multiplie par 2 à 6 le risque infectieux en raison de la difficulté de l'organisme à fabriquer les protéines qui contribuent à sa défense contre les infections .
- La dénutrition augmente l'altération de l'état général (fatigue, perte d'appétit, amaigrissement) qui va aggraver la perte d'autonomie et la réactivité.
- Elle augmente la recrudescence d'épisodes dépressifs.
- En raison de l'épuisement de l'organisme en réserves protéiques, la fonte musculaire s'accélère, la peau s'amincit et la circulation sanguine diminue au niveau des points d'appui ce qui favorise l'apparition d'escarres .
- Les fausses routes dues au troubles de la déglutition favorisent l'encombrement bronchique et les surinfections pulmonaires . Par ailleurs, elles entraînent un refus de s'alimenter qui aggrave le problème.
Evaluation
- L'échelle de Blandford permet d'évaluer le stade évolutif de la dénutrition en observant différents comportements :
- Comportement actif de résistance alimentaire ou d'opposition : la personne repousse la nourriture ou la recrache.
- Les difficultés à mâcher et à déglutir : ce trouble de la coordination et de l'attention fait que la personne manipule la nourriture mais ne la mange pas. Elle peut par contre manger des aliments non comestibles (serviette en papier par exemple).
- Les comportements sélectifs : la personne mange uniquement du sucré ou du liquide ou du semi-solide.
- Comportement montrant des difficultés de déglutition et de mastication.
Stades évolutifs
On détermine 4 stades :
- Stade 1 : simple aversion à l'alimentation
- Stade 2 : nécessité croissante d'une aide extérieure pour s'alimenter. C'est le début de la dépendance alimentaire.
- Stade 3 : dépendance alimentaire totale : la personne ne mange plus sans aide.
- Stade 4 : c'est le stade ultime où la personne refuse toute alimentation. La nutrition par sonde gastrique devient la seule alternative.
Signes d'alerte
- De dénutrition : perte de poids de plus de 5% en 1 mois ou de plus de 10% en 6 mois, IMC inférieur à 21, baisse de l'albuminémie.
- De dénutrition sévère : Perte de poids de plus de 10% en 1 mois, IMC inférieur à 18, Albuminémie inférieure à 30 g/l.
Ces signes imposent une réaction sans attendre.
Alimentation
- Les apports énergétiques doivent être de 30 à 40 Kcal/Kg/jour, soit donc 2800 Kcal/jour pour une personne de 70 Kg. Cela veut donc dire un apport supérieur ou égal aux besoins énergétiques quotidiens d'un adulte plus jeune !
- Des apports en protéines de 1,2 à 1,5 g/Kg/jour : soit donc 100 g de protéines par jour. La viande, les oeufs, ou le poisson doivent être d'un apport quotidien.
Forme
- L'alimentation nécessite des conseils nutritionnels adaptés, voire une aide dès le stade 2, une alimentation enrichie et des compléments nutritionnels oraux.
- Si les troubles de la déglutition empêchent toute alimentation orale, un relais par voie parentérale (en perfusion) est nécessaire, et si besoin alimentation par sonde gastrique qui est le recours.
- A terme se pose le problème de la sonde de gastrostomie .
Les compléments nutritionnels oraux
- Ils doivent être variés en parfum et en texture afin de ne pas entraîner de lassitude.
- Il vaut mieux les donner en collation de façon à ce qu'ils ne se substituent pas aux repas.
- Les formes crèmes peuvent être mises au congélateur et devenir des glaces.
- L'épaississement des crèmes avec des céréales par exemple est utile en cas de début de troubles de la déglutition.
Evolution
- Une alimentation correcte permet une reprise du poids, parfois une régression des signes et surtout une diminution des complications.
Termes associés : régime - alzheimer - nutrition -
L'information ci-dessus apporte les éléments essentiels sur ce sujet. Elle n'a pas vocation à être exhaustive et tout comme les conseils, elle ne peut se subsister à une consultation ou un diagnostic médical.