Point de départ
En 2003 est apparue une infection pulmonaire virale au départ de Hong-Kong. Nouvelle grippe espagnole ? Nouveau virus ?
L'épidémie a fait des ravages, d'abord à Hong-Kong et en Chine, mais aussi dans d'autres pays de l'Asie du Sud-Est. En France, les cas se sont déclarés chez des personnes ayant séjourné dans ces pays.
Ce qui est certain, c'est que c'est un virus qui est en cause, et que son mécanisme s'apparente à celui d'une pneumopathie . Toutefois en raison de son mécanisme un peu particulier, à mi-chemin entre la grippe et l'oédème pulmonaire , et de sa mortalité importante, elle a été appelée « pneumopathie atypique », puis Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
Les circonstances
Au début de la maladie qui a débuté vers la mi-Mars 2003, ont été touchés des personnes séjournant à Hong-Kong. Puis de proche en proche, par contamination d'individu à individu, la maladie s'est étendue, provoquant à cette date un nombre restreint de morts (62) mais surtout une importante contamination (2.700 personnes atteintes dans le monde recensés en début Avril 2003, plus de 3500 vers la mi-Avril). Les pays touchés massivement sont essentiellement la Chine (Hong Kong et province de Guangdong), le Vietnam (ville d'Hanoï), Singapour et le Canada. D'autres cas isolés ont été signalés à Taïwan, en Thaïlande, au Canada, et dans plusieurs pays européens.
Ce sont les transports par avion qui ont permis la dissémination du virus en Europe. L'incubation de la maladie serait de 7 à 10 jours.
Le virus
Il s'agit d'un coronavirus, germe responsable d'atteintes pulmonaires assez sérieuses. Mais ce virus a une particularité : c'est un virus émergeant, c'est à dire qui a subi une mutation , laquelle aurait transformé un germe peu dangereux en un virus à haute contagiosité et à fort pouvoir pathogène.
La transmission s'est fait de certains animaux aux hommes dans des régions où la promiscuité avec les animaux d'élevage est importante. Ce n'est donc pas nouveau, puisque le virus de la grippe utilise le relais de certains canards sauvages faisant escale dans des pays d'Asie du Sud-Est élevant des bovins. L'homme se trouve en définitive en bout de chaîne. Toutefois, la parenté avec la grippe s'arrête là puisque ce virus n'a rien à voir avec la « grippe du poulet » qui fut à l'origine de plusieurs dizaines de morts en 1990. Ce qui distingue ce virus de la grippe c'est la violence de ses attaques qui aboutissent à une détresse respiratoire sévère. Par la suite, la contamination se fait d'individus à individus, par les gouttes de salive, les postillons et l'air expiré au cours de toux ou d'éternuements. Quoi qu'il en soit, et en raison des moyens de transport, l'épidémie est mondiale. On sait que la transmission se fait par contact très proche d'individu à individu (vivre sous le même toit ou avoir soigné une personne atteinte). C'est là que se situent les mesures préventives.Le mécanisme
Quel que soit leur nature, ces virus ont un terrain d'action privilégié : les cellules des poumons. La particularité de ce virus est que non content d'infecter les cellules et de les détruire pour libérer dans l'organisme les millions de virus dus à sa multiplication, il provoque un œdème interstitiel dans les poumons, c'est à dire un afflux d'eau important dans le tissu qui soutient les alvéoles pulmonaires, sorte de petite unité microscopique qui est responsable des échanges d'oxygène entre l'air inspiré et le sang. Résultat, une diminution importante de l'oxygénation du sang, et une détresse respiratoire majeure associée à une infection de l'organisme par le virus.
Le traitement
Il n'y a pas de traitement « étiologique », c'est à dire s'attachant aux causes initiales intimes de la maladie, qui permette d'agir.
Le seul traitement est donc « symptomatique », donc soignant les symptômes.
Contre la fièvre et les courbatures on dispose des antalgiques . Mais surtout on effectue une réanimation pour lutter contre la défaillance respiratoire entraînée par le virus.
Seul moyen véritablement efficace : la prévention (masque, double gants en latex, lunettes) non pas pour éviter d'être contaminé, mais pour éviter de contaminer l'entourage.
Les principes diagnostiques
La question est de savoir comment être capable de distinguer formellement le SRAS d'une autre pneumopathie ou d'une autre infection virale. En effet, comme aucun sérodiagnostic rapide et fiable n'existe à ce jour, on ne peut poser le diagnostic que de façon indirecte. Les médecins raisonnent donc par probabilité selon l'ensemble des signes qui se présentent.
Toutefois, on peut par PCR sur deux prélèvements successifs, suspecter fortement le diagnostic de SRAS. Le délai est de 2 à 3 jours.
Suspicion de SRAS
LE SRAS est considéré comme possible si les signes suivants sont associés :
- Poussée de fièvre supérieure à 38°C
- Toux
- Gène respiratoire
- Personne revenant d'un voyage en Chine du Sud (province de Guangdong, capitale Canton), à Hong Kong, Hanoï ou Singapour, dans les 10 jours précédant le début des signes. Autre élément qui a même valeur que le voyage en pays à risque : la notion de contact avec un cas probable (personne ayant soigné ou ayant vécu avec, ou ayant eu un contact face à face, ou ayant été en contact avec des sécrétions respiratoires d'un cas probable). Bien que ceci soit de moins en mois vrai du fait de la mondialisation et des déplacements importants de population.
A ce moment, la simple radio des poumons complétée éventuellement par un scanner permet de montrer les signes radiologiques de "pneumopathie interstitielle" : le cas "possible" devient alors un cas "probable".
La personne est alors transférée par le SAMU vers l'hôpital de référence pour isolement strict. L'Institut de Veille Sanitaire est alerté afin que soit mis en place un suivi de la personne et de toutes les personnes ayant été en contact avec elle. Si la personne est considérée comme cas probable, les sujets contact sont isolés à leur domicile durant 10 jours. Ils sont suivis par un médecin et doivent porter un masque chirurgical pour éviter une contamination éventuelle de l'entourage. L'apparition des signes impose le transfert en hôpital de référence et mise en isolement strict.
SRAS probable
Le SRAS devient probable dès que s'associent aux signes précédents :
- des signes radiologiques de penumopathie interstitielle
- une leucopénie .
Le problème est d'éviter les fausses alertes qui surchargeraient les hôpitaux. Le protocole est alors un isolement simple des personnes présentant une pneumopathie aigüe atypique sévère (PAAS).
Dans le cas du personnel soignant, un isolement dans l'hôpital où ces personnes travaillent est nécessaire, avec port d'un masque chirurgical et limitation des déplacements. La personne suspecte est alors suivie durant 10 jours au cours desquels des examens sont effectués. Si le diagnostic est porté, la personne sera transférée par SAMU dans l'hôpital de référence. Si le diagnostic est éliminé, les mesures d'isolement sont levées.
SRAS exclu
On est en revanche certain qu'il ne s'agit pas d'un SRAS lorsque la personne présente les éléments suivants :
- État clinique pas inquiétant : fièvre modérée, et surtout, absence de gène respiratoire
- Radio pulmonaire normale ou du moins ne présentant aucun signe compatible avec un SRAS
- Numération formule sanguine normale excluant donc toute leucopénie.
- Absence de contact proche avec un cas probable.
- Diagnostic certain d'une pneumopathie due à un autre germe que le coronavirus.
S'il manque alors un seul de ces signes, le SRAS ne peut pas être exclu jusqu'à une nouvelle évaluation effectuée 3 jours plus tard. Il suffit alors de simplement surveiller la personne.
Si tous les critères ci-dessus sont remplis, la personne sera néanmoins surveillée car il peut s'agir d'une personne en phase d'incubation.
Votre attitude en pratique
En France
Elle consiste à surveiller, chez toute personne l'apparition des signes tels que :
- Fièvre élevée supérieur à 38 ° d'apparition brutale
- Toux sèche
- Gène respiratoire croissante
- Courbatures avec ou sans maux de tête.
Ces signes nécessitent de contacter son médecin.
La seule différence entre une simple infection virale de type grippal et cette pneumopathie est qu'elle survient chez une personne ayant séjourné ou en contact avec une personne ayant été en contact avec un porteur de ce virus.
La question est de savoir si vous avez été contaminé(e) au cours d'un séjour à l'étranger ou une personne porteuse du virus. Seule chose à faire, la surveillance. La simple apparition d'une fièvre supérieure à 38°, d'une toux, ou d'une gène respiratoire suffit à consulter le médecin. Tout dépend alors de la situation dans laquelle vous vous trouvez :
- Si vous êtes dans l'avion : prévenez l'hôtesse de façon à ce qu'on vous isole le plus possible des autres passagers, et à ce que vous soyez pris(e) en charge dès votre arrivée.
- Si vous êtes dans un aéroport étranger, prenez contact immédiatement avec les autorités sanitaires de l'aéroport.
- Si vous êtes dans un aéroport français, allez au service médical d'e l'aéroport, d'abord pour qu'on vous examine, et ensuite pour que l'on puisse repérer toutes les personnes ayant été à votre contact dans l'avion au cas où vous seriez contaminé(e).
- Si vous êtes rentré chez vous, la situation est la même que si vous n'étiez pas parti, avec cette nuance que le risque est plus fort pour vous que pour les personnes qui vivent en Métropole. Vous êtes potentiellement porteur du virus pendant 10 jours. Au delà de ce délai, si aucun signe n'apparaît, tout risque est écarté.
Les précautions sur place sont uniquement l'hygiène :
- Port d'un masque pour éviter de respirer les sécrétions en suspension dans une atmosphère confinée (pièce, lieu fermé), ou par contact direct avec une personne potentiellement atteinte.
- Lavage des mains le plus fréquent possible sous le robinet, si vous avez un contact physique avec quelqu'un (serrage de mains par exemple).
- Surveillance de tout signe (fièvre, toux, gène respiratoire) pendant 10 jours après votre retour de voyage.
Sur place
Les conseils sont les mêmes que ci-dessus.
De plus, certains points doivent être respectés :
- Toute personne en contact rapproché avec une personne atteinte du SRAS doit être automiquement mise en quarantaine et surveillée journellement par les médecins de la National Environmental Agency (NAE). La quarantaine dure 10 jours.
- En l'absence de symptôme, tout risque peut être écarté. En revanche l'apparition du moindre symptôme nécessite d'être examiné.
- Les personnes en quarantaine peuvent obtenir des renseignements en permanence sur la hotline : MOH Quarantine Hotline au 6325 8470. Autre numéro utile à connaître : MOH's hotline (Tel: 1800-2254122) du lundi au samedi de 8h30 à 23h.
- E-mail: MOH_info@moh.gov.sg
A signaler enfin qu'il est nécessaire de surveiller les enfants en milieu scolaire. Il est recommandé donc :
- Prise de température journalière des enfants
- Consultation du médecin en cas de toux ou de fièvre supérieure à 38°.
- Renseignements aux numéros suivants : Les informations concernant les écoles peuvent être obtenues au 6872-2220. Les questions concernant les centres de soins pour les enfants peuvent être posées au 1800-258-0677.
L'alerte sanitaire
Données de l'Institut de Veille Sanitaire du 23 Octobre 2003
Principes
Le SRAS ne se manifeste que de façon résurgente. Trois modalités sont possibles :
- Modalité A : Réapparition du SRAS en Asie du Sud-Est, le diagnostic étant posé de façon certaine. Dans ce cas l'alerte internationale est déclenchée. Toute personne présentant les signes est alors considérée comme suspecte.
- Modalité B : Contamination d'une personne travaillant ou ayant travaillé dans un laboratoire d'analyse qui a manipulé le virus, et ceci quelle que soit la localisation du laboratoire dans le monde.
- Modalité C : Détection chez au moins 2 personnes appartenant au personnel soignant et travaillant dans le même hôpital, de signes de pneumopathie aiguë atypique sévère (PAAS).
Mesures prises
- En cas de modalité A : la personne suspecte est transférée par le SAMU vers l'hôpital désigné pour prendre en charge cette pathologie. Tout le personnel soignant est protégé. Des radios, numération formule sanguine et examens biologiques ainsi que la recherche du coronavirus sont effectués. Les personnes ayant été au contact sont suivies. Si le diagnostic est posé de façon certaine, le maintien de l'isolement est poursuivi. En revanche la découverte d'une autre cause que le SRAS lève la quarantaine et les mesures de protection. Tout cas découvert est signalé à l'InVS et à la Direction Générale de la Santé.
- En cas de modalité B : la personne suspecte est en isolement strict, transférée par le SAMU vers l'hôpital désigné pour prendre en charge cette pathologie. Le protocole est le même que ci-dessus.
- En cas de modalité C : il n'y a pas de transfert immédiat à l'hôpital. La personne est isolée en chambre individuelle dans l'hôpital où elle travaille. Elle ne peut se déplacer qu'avec un masque chirurgical. De la même façon le personnel soignant à son contact portera un masque FFP1. Les examens sont effectués pour diagnostic de SRAS. Si c'est le cas, la personne contaminée sera transférée vers l'hôpital de référence : on se retrouve dans le même protocole que pour la modalité A.
Bilan du SRAS
Les premiers cas de SRAS sont survenus dans le Guangdong à la mi-novembre 2002. La maladie a commencé à se propager au niveau international à la fin du mois de février 2003 et s’est soldée au total par plus de 8000 cas et 774 décès dans 27 pays.Grâce à une mobilisation internationale sans précédent, motivée par l’alerte mondiale déclenchée début mars 2003 par l’OMS, l’épidémie a pu être endiguée par des mesures d’isolement et de quarantaine. De même, l’agent causal du SRAS, un coronavirus inconnu jusqu’alors, a pu être rapidement identifié.L’OMS considère que le taux de létalité global du SRAS est de 15 % et peut dépasser 50 % chez les personnes de plus de 65 ans, ce qui en fait un virus très mortel .