Définition
On dit qu'une personne a un état général altéré lorsque son appétit est diminué, qu'elle a maigri et qu'elle est très fatiguée. Ces trois problèmes se renforcent les uns les autres : si on maigrit, on a moins de besoins puisque moins de muscles et de graisses, et donc on mange moins, ce qui finit par rendre pénible toute activité. De la même façon, si on est fatigué, on peut moins se déplacer, et l'inactivité entraîne une fonte musculaire, ce qui diminue d'autant les besoins et donc l'appétit. Enfin le manque d'appétit va entrainer une fatigabilité par un manque de carburant, et le schéma précédent. Tout est donc lié, et la difficulté est de prendre le problème par un bout pour sortir de ce cercle vicieux.
Points importants
Une altération de l'état général n'arrive pas du jour au lendemain. Depuis plusieurs jours ou semaines, la personne ne s'alimente plus vraiment, traîne une fatigue où tout est pesant et surtout elle maigrit à vue d'oeil.
Cela implique souvent l'hospitalisation.
Il est exceptionnel que le médecin soit appelé ou consulté à ce stade pour la première fois. Dans la très grande majorité des cas, il aura déjà vu la personne pour une fatigue anormale, une simple perte d'appétit ou, plus souvent, un ou deux kilos qui manquent à l'appel.
Il aura déjà été suffisamment alerté pour demander au minimum un bilan sanguin , et en fonction de la plainte exprimée, des examens complémentaires spécifiques orientés sur tel ou tel organe. Souvent mais pas exclusivement, il sera confronté avec ce que l'on appelait pudiquement il y a peu de temps encore, une longue maladie . À une certaine époque, dans les médias, cela évoquait un cancer et rien d'autre. C'était la formule consacrée largement reprise et diffusée par la presse sous toutes ses formes. Mais il y a d'autres causes d'altération de l'état général : maladies infectieuses, auto-immunitaires, psychiatriques.
Points particuliers
Les conséquences de l'altération de l'état général sont ensuite celles de l'alitement prolongé. En effet, la position allongée, la moindre mise en mouvement des articulations et la stagnation générale de l'organisme aboutissent à des complications qui ne peuvent être enrayées qu'au prix de soins constants qu'on appelle le nursing .
La peau : c'est elle la première touchée avec le risque d'escarres . C'est pourquoi la mise sous matelas alternating et le massage à l'alcool plusieurs fois par jour sur les épaules, les fesses et les talons, évite ou retarde leur apparition.
Les infections urinaires : la moiteur permanente du lit, la diminution des boissons et donc du volume d'urines en raison de l'absence d'activité physique, la stagnation des urines dans la vessie, voire les sondes urinaires à demeure, augmentent de façon considérable le risque d'infection urinaire, dont le risque majeur est la pyélonéphrite . Il est donc indispensable que la personne boive 1 litre d'eau par jour, régulièrement, en petite quantités.
La phlébite . Elle est la conséquence directe de la stagnation du sang dans les veines, ce qui favorise la formation de caillots et donc leur migration vers les poumons que l'on appelle l'embolie pulmonaire . La mobilisation des membres, éventuellement par un kinésithérapeute est indispensable pour la prévenir, ainsi que la mise sous anticoagulants par le médecin dès qu'il le juge utile.
Les infections respiratoires. Elles procèdent du même mécanisme : stagnation des glaires qui s'infectent et donnent des pneumopathies ; la kinésithérapie respiratoire est très utile pour le prévenir.
Causes principales
En fait une altération de l'état général concerne de nombreuses affections que l'on regroupera de la façon suivante :
- Le cancer bien sûr. Nous n'insisterons pas, précisant toutefois que les progrès dans le domaine de la prévention et des traitements ont été tels ces dernières années que la guérison est une finalité reconnue à laquelle on peut croire. L'image systématique des longues et interminables souffrances est heuresement derrière nous dans la grand majorité des cas.
- Les grandes maladies au long cours. Quelle qu'en soit la nature et l'origine, toute maladie qui aboutit à un alitement provoque une sérieuse altération de l'état général, qui elle-même génère un alitement.
- Les suites de polytraumatismes sont du même ordre car elles entraînent un alitement prolongé.
- Le grand âge. Les forces qui abandonnent, un moindre goût pour l'existence, sont le début d'un déclin qui se manifestera à terme par une altération de l'état général.
- Les affections psychiatriques ou psychologiques graves. Elles déstabilisent la personne au point que celle-ci abandonne complètement physiquement. Ce sont avant tout les psychoses majeures qui projettent le patient dans un autre monde. Le corps ne suit pas. Deux autres exemples bien connus : la dépression profonde et chez la jeune fille l'anorexie mentale qui bien souvent doit son salut à la perfusion 24h sur 24 en milieu hospitalier. Et ne pas oublier la maladie d'Alzheimer quand elle atteint un stade évolué, avec cette même négligence des fonctions du corps: alimentation, hygiène, activité insuffisante ou au contraire excessive (patients qui ne cessent de déambuler dans les couloirs de l'hôpital parce qu'ils sont déboussolés et anxieux)