Définition
Maladie chronique de la peau caractérisée par des plaques rouges recouvertes de squames .
- C'est une affection fréquente comme l'eczéma (atteint environ 3 personnes sur 100).
- Cause héréditaire parfois.
- Importance des facteurs psychosomatiques : choc psychoaffectifs, soucis professionnels ou familiaux.
Ce qui se passe
Le mécanisme
- La plaque de psoriasis est due à une augmentation anormale du renouvellement des cellules de la peau et par une inflammation du derme situé en dessous.
- Ce problème est sans nul doute d'origine génétique sur laquelle viennent se surajouter des éléments immunologiques et environnementaux qui favorisent l'apparition de la maladie.
- La cause immunologique serait d'après les hypothèses actuelles, un déséquilibre de certaines substances impliquées dans le mécanisme d'inflammation , comme le TNF Alpha.
- Il est le témoin d'une sorte de désordre relationnel entre le derme (la partie profonde de la peau) et l'épiderme (la partie superficielle). On pourrait dire entre ce qui est profond et ce qui est apparent. Ainsi, peut-on avancer que le psoriasis fait partie des maladies psychosomatiques .
Les signes
- Les lésions peuvent être étendues et recouvrir des zones importantes du corps ou au contraire être très localisées.
- Les lésions sont rouges ou rosées et recouvertes de plaques blanches.
- Elles entraînent des démangeaisons plus ou moins intenses. Ces plaques lorsqu'on les grattent font tomber la peau comme des sortes de pellicules ou de poussière blanchâtre. L'excès de grattage peut faire apparaître en dessous un soubassement rouge, d'où une petite sérosité rose peut émerger. C'est le signe que l'on désignait autrefois par le terme de "rosée sanglante".
Localisation de prédilection
- Surtout la face postérieure des coudes, la face antérieure des genoux, organes génitaux (vulve ou testicule), et le cuir chevelu.
- Pour une moindre part : le dos, les plis cutanés des aisselles et des aines, les paumes de mains et les plantes de pieds.
- Exceptionnellement face interne des joues, gland de la verge.
Fréquence
- On estime que 3% de la population serait atteinte.
- En France cela représente environ 3 millions de personnes.
- C'est une maladie qui est bénigne, mais qui peut se compliquer dans 20 % des cas.
- C'est une maladie non contagieuse.
- La moitié des personnes atteintes de psoriasis présentent des antécédents équivalents dans leur famille proche. Ainsi, le risque pour un frère ou une soeur est de 12 à 14% quand les parents ne sont pas atteints et d'environ 35% quand l'un des parents est atteint.
- Le psoriasis apparaît souvent chez l'adulte jeune entre 20 et 25 ans.
- Il est d'autant plus fréquent dans ses manifestations que l'on est âgé.
L'évolution
- Elle se fait par poussée à l'occasion d'une infection, d'un petit traumatisme de la peau, du stress ou d'un problème psychosomatique. Parfois il n'y a aucun facteur déclenchant décelable.
- Chaque poussée s'ensuit de phases de rémission plus ou moins prolongées.
- L'évolution est imprévisible.
Classification
On peut considérer qu'il y a 2 grands types de psoriasis :
- Le premier est celui qui se déclare chez la personne jeune (moins de 30 ans) et dont les parents ou grands-parents ont présenté un psoriasis. Celui-là risque d'être plus sévère et plus sujet à des complications.
- Le second, qui se manifeste plus tard, vers l'âge de 40 ans, avec des poussées irrégulières, et ne faisant référence à aucun antécédent familial, est plus bénin.
On utilise des échelles de gravité comme le PASI (index de surface et de sévérité du psoriasis). Plus le score est élevé, plus le psoriasis est considéré comme sévère.
Les complications
Il s'agit classiquement :
- Le rhumatisme psoriasique . C'est la complication la plus répandue. Une atteinte articulaire concerne environ un patient sur dix.
- L'érythrodermie psoriasique.
- Le psoriasis pustuleux.
- Des conséquences psychologiques et sociales plus ou moins importantes.
Pénibilité
- Cette maladie bien que bénigne est très pénible d'une part en raison des signes que sont les démangeaisons parfois fortes, et de l'inconfort au niveau des plaies ou excoriations qui peuvent se former sur les lésions.
- Les lésions squameuses évoquent aux yeux des personnes non informées l'idée de "lèpre" ou de maladie infectieuse. Or le psoriasis n'a rien à voir avec ces maladies. Toutefois, le regard des autres sur la personne atteinte est souvent celui d'un dégoût ou d'une peur, certaines lésions pouvant être très importantes.
- 79% des personnes considèrent que le psoriasis a un impact négatif sur leur vie. 50% ont un sentiment de dépression , et 10 % auraient des envies suicidaires.
Retentissement psychologique
- Mais c'est surtout psychologiquement que cette maladie présente un vécu difficile. Le regard de l'entourage et du corps médical n'est pas forcément bienveillant, la personne étant en quelque sorte "responsable" de son mal puisque le problème est lié à son hérédité et à sa "perméabilité" au stress.
- Cette double "responsabilité" associée au fait que la peau desquame, confère à la personne atteinte de psoriasis un statut dans lequel elle va se sentir peu à peu exclue et rejetée.
- Il est donc essentiel que l'entourage comprenne à quel point cette situation n'est pas de son fait, mais liée à des dysfonctionnements internes et externes au même titre que l'asthme, par exemple.
- Le psoriasis a donc un retentissement important dans la vie quotidienne, essentiellement en raison des localisations. Certaines comme sur les zones de friction peuvent handicaper selon le métier pratiqué. Mais cela peut être également un problème lors du bain ou des relations sexuelles ou de toute activité où il est nécessaire de montrer son corps.
XPsoriasis en vidéo
Psoriasis: définition (1/3) Le docteur Edouard Begon, PH dermatologue à l'hôpital de Pontoise et à l'hôpital Saint Louis à Paris, explique ce qu'est le psoriasis qui atteint plusieurs centaines de milliers de personnes en France. Son diagnostic, sa survenance, son pronostic. Il évoque aussi le rhumatisme psoriasique qui est le pendant articulaire du psoriasis cutané. | 4 vidéos |
Vous consultez pour
- Apparition de petites plaques sur la face postérieure des coudes, parfois sur la face antérieure des genoux et sur le cuir chevelu.
- Elles sont sèches et peuvent démanger. C'est souvent de façon fortuite, au cours d'une consultation pour autre chose que l'on signale la maladie au médecin, ou que celui-ci s'en rend compte au cours d'un examen clinique.
Vous consultez plus rarement pour
- Apparition de grandes plaques sur l'ensemble du corps.
- Plus particulièrement sur la plante des pieds et la paume des mains, le dos.
- Le psoriasis étendu d'emblée n'est pas fréquent.
Vous consultez exceptionnellement pour une complication
- Polyarthrite (inflammation de plusieurs articulations : doigts et sacro-iliaque surtout) pour le rhumatisme psoriasique.
- Des plaques sur le corps entier avec une altération de l'état général (fièvre, frissons, amaigrissement,) pour l'érythrodermie psoriasique.
- De petites lésions pustuleuses , sur les mains surtout pour le psoriasis pustuleux.
Au cabinet du médecin
Le médecin fait facilement le diagnostic sur l'observation des lésions. Sa prescription dépend de l'étendue des lésions :
- Les traitements locaux comprennent l'application de corticoïdes en pommade ou en crème, seuls ou associés au calcipotriol ou au tazarotène en fonction de l'aspect, du siège, de l'épaisseur et de l'étendue des lésions. Tout cela est laissé à l'appréciation du médecin.
- Les traitements généraux sont parfois proposés, mais le moins possibles : puvathérapie , médicaments du groupe des antifolates comme le Novatrex* ou le Soraitane*. Parfois des immunosuppresseurs plus puissants comme le Methotrexate* sont prescrits.
- En fait le choix répond à une stratégie du médecin au cas par cas.
Principes de traitement
Tous les patients ne justifient pas d'un traitement. Un psoriasis bien vécu, sans souffrance autre que l'inconfort, et pour lequel la personne atteinte ne sollicite pas de traitement, ne nécessite pas forcément un traitement. Ceci d'autant plus que certains traitements sont astreignants et d'efficacité très variable d'une personne à une autre.
Traitements locaux
Crème émollientes
- Les crèmes émollientes permettent de ramollir et d'assouplir la peau, ce qui diminue les craquelures et les ruptures mécaniques dues à la sécheresse de la peau à cet endroit.
Acide salycilique
- Les préparations à base d'acide salicylique à 2 à 5% associé à des corticoïdes et de l'urée sont utiles. Spécialité : Diprosalic*. Elles diminuent l'épaisseur des plaques et ont un effet décapant, notamment sur le cuir chevelu. De plus elles sont un bon vecteur pour augmenter la diffusion des corticoïdes locaux. Seul problème, elle peut augmenter les rougeurs.
- Le dithranol est utilisé contre les plaques très dures et ne cédant pas aux autres traitements. Il peut être utilisé également en traitement d'entretien pour augmenter la durée des périodes de rémission. L'association avec l'acide acétyl salicylique et des préparations à base de vaseline permet d'agir sur les lésions lorsqu'elles sont au stade de rougeur et non de plaques blanches.
- Par ailleurs, surtout chez l'enfant, des antibiotiques locaux peuvent être utilisés pour lutter contre les infections dont le point de départ est la lésion de psoriasis.
Les analogues de la vitamine D
- Le calcipotriol qui est une sorte de vitamine D modifiée, agit localement sur les cellules de la peau en limitant leur développement. Il est utile dans les psoriasis peu actifs ou peu étendus à raison de 2 applications par jour. Il est par contre moins actif sur les rougeurs localisées et ne doit jamais être appliquée sur les muqueuses et le visage, et rester en application très localisée. Spécialité : Daivonex*.
- D'autres analogues comme le calcitriol (Silkis*), le tacalcitol (Apsor*) et une association calcipotriol et dermocorticoïdes (Daivobet*) permettent aussi un décapage des lésions et semblent plus actifs sur les rougeurs. Toutefois, le risque est l'effet rebond (reprise des lésions à l'arrêt du traitement).
Les dermocorticoïdes locaux
- Les corticoïdes locaux appelés aussi dermocorticoïdes sont utiles pour le psoriasis très localisé, en particulier dans les plis. Le problème est que les rechutes sont fréquentes à l'arrêt du traitement, et que certains psoriasis peuvent s'aggraver par la suite et/ou devenir résistants aux autres traitements locaux.
Acide rétinoïque
- L'acide rétinoïque qui est un dérivé de la vitamine A en crème à 0,05% ou à 0,1% a été utilisé. Ils ont un effet net sur les squames blanches des genoux et des coudes. Une forme en gel est utilisée pour le cuir chevelu.
- Par contre, il est finalement sans grand intérêt pour les rougeurs d'autant que l'acide rétinoïque provoque lui aussi des rougeurs locales qui peuvent être importantes, le remède devenant alors pire que le mal.
Puvathérapie
- La puvathérapie sert pour les psoriasis étendus ou résistants aux traitements locaux. Au bout de près de 2 mois de traitement, à raison de 2 à 3 séances par semaine, l'amélioration est très nette pour les lésions couvertes. En revanche les lésions découvertes et le psoriasis des ongles sont plus lentes à réagir au traitement. Les doses doivent être inférieures à 1000 joules/cm2. Au delà il y a des risques de brûlures de la peau et de démangeaisons. Par ailleurs d'autres lésions comme les kératoses actiniques ou le lentigo peuvent être aggravées. La puvathérapie est généralement utilisée en association avec des traitements locaux. Enfin, au-delà d'un certain nombre de séances, il est recommandé d'arrêter pour éviter tout risque de cancer cutané, de mélanome en particulier.
- Les stations thermales sont utiles dans certains cas, de même que la thalassothérapie
Les traitements généraux
Ils sont réservés aux formes très étendues ou résistantes.
- L'étrétinate et l'acitrétine pris par voie orale. Ils améliorent les lésions et sont largement utilisés pour toutes les formes cliniques de psoriasis, notamment les formes sévères, étendues et évolutives pour lesquelles ils sont très efficaces en quelques semaines. L'étrétinate peut être poursuivi à doses faibles pour éviter les rechutes.
- Ces médicaments associés à la puvathérapie sont très efficaces.
Seuls inconvénients certains effets secondaires touchant les muqueuses de la bouche et des yeux qui sont secs, et rougeurs diffuses du corps. Il est à signaler que les femmes en âge d'avoir des enfants doivent impérativement avoir une contraception orale efficace pour ne pas tomber enceinte, à poursuivre durant 2 ans après l'arrêt du traitement, les rétinoïdes provoquant des malformations graves chez l'enfant.
- Le méthotrexate, la ciclosporine sont des médicaments réservés aux psoriasis très sévères.
En effet le methotrexate est toxique pour le rein et le foie. La ciclosporine est toxique pour le rein et génère des poussées d'hypertension artérielle.
- Un anti-TNF alpha. Cela veut dire qu'il s'oppose aux phénomènes inflammatoires dus à l'excès de TNF alpha. Il peut être injecté par voie intraveineuse ou sous cutanée. Ces traitements par anti-TNF alpha appelés biothérapies, sont utilisés sur les psoriasis en plaques sévères ou résistants (ou mal tolérés ou contre-indiqués) aux précédents traitements généraux, et seulement aux adultes. Ils ne sont donc pas donnés en première intention. La prescription est réservée aux dermatologues, rhumatologues, et certains autres spécialistes. Avant de donner ce traitement, des examens doivent ête réalisés. Un traitement par anti-TNF alpha doit être très surveillé. Les médicaments utilisés sont Remicade*, Enbrel*, Humira*. Ils donnent de bons résultats.
Les suites
- Il n'y a pas de guérison définitive.
- Les plaques atténuées par le traitement finissent souvent par réapparaître après un délai plus ou moins long.
- Dans certains cas difficiles à déterminer, la maladie peut être améliorée par la psychothérapie et l'hypnose.
- Le soleil est les bains de mer améliorent nettement la maladie en faisant disparaître les squames, mais celles-ci reviennent quasi systématiquement à la fin de l'été. Les séjours au bord de la mer, et en particulier au bord de la Mer Morte, sont utiles.
Associations et bibliographie
L'Association de lutte contre le Psoriasis
- Bérard F. & coll. Comment comprendre le psoriasis. La Revue du Praticien 2004
- Guillot B. psoriasis, diagnostic, évolution, principes de traitement. La Revue du praticien 1999.
- Le psoriasis . Dr Laurence Valeyrie Edition In Press