Définition
On définit généralement la dépression comme un état caractérisé par une humeur triste et douloureuse associée à une réduction de l'activité psychomotrice.
- Elle peut-être réactionnelle à un conflit donné. Dans ce cas, elle est ponctuelle.
- Elle survient sans raison apparente et s'installe dans le temps. Dans ce cas, c'est une longue maladie difficile à traiter.
Les mots
Il ne faut pas confondre déprime et dépression, état dépressif et dépression, épisode dépressif majeur et dépression chronique. Tâchons d'y voir clair.
- La déprime dans le langage courant est un passage quasi obligé au cours de la vie : on en a tous fait un jour ou l'autre. C'est un mal être passager qui dure quelques heures, voire quelques jours, mais qui n'entraîne aucune modification du comportement.
- L'installation dans la durée transforme cette simple "déprime" passagère en un "épisode dépressif". Celui-ci nécessite d'être évalué par un médecin de façon à en évaluer la gravité (de léger à sévère).
- L'état dépressif , n'est pas encore un véritable épisode dépressif, mais il peut en constituer les prémices.
- L'épisode dépressif caractérisé dans le jargon médical, c'est beaucoup moins courant que la déprime mais beaucoup plus dangereux car il représente la phase aiguë de la dépression avec son risque suicidaire. C'est une urgence.
- Lorsque l'épisode dépressif caractérisé disparaît, la personne est dite en "rémission", phase au cours de laquelle peuvent exister des "symptômes résiduels" (on parle alors de rémission partielle).
- L'épisode dépressif caractérisé peut s'installer dans la durée et devenir chronique (au bout de 2 ans). C'est une maladie qui s'installe sournoisement à la suite d'un épisode dépressif. La personne est généralement prise en charge par un médecin, mais malgré les traitements, il continue de persister un fond dépressif.
- Et puis, il y a aussi la psychose maniaco-dépressive qui ajoute encore de la confusion. Il ne s'agit là plus de déprime ou de dépression, mais d'une maladie psychiatrique bien individualisée avec son traitement très spécifique. La psychose maniaco-dépressive n'a rien à voir avec la dépression, ni en terme de diagnostic, ni en terme de traitement.
XDépression chez l'adulte en vidéo
Dépression: symptômes (1/3) Le docteur Isabelle Amado, psychiatre, praticien hospitalier au CH Sainte Anne à Paris décrit les symptômes de la dépression à la fois chez les sujets agés, lesadultes, les enfants et les adolescents. | 4 vidéos |
Les signes d'alerte
- Refus de parler de son problème. La personne s'enferme dans son silence.
- Sentiment de culpabilité, de dépréciation de soi, de dévalorisation qui empêche tout projet à court ou à long terme.
- Inactivité avec désaffection professionnelle.
- Ralentissement intellectuel : l'esprit tourne en rond.
- Agitation, anxiété témoignant du mal-être.
- Difficulté pour s'endormir.
- Réveil au milieu de la nuit ou très tôt le matin.
- Antécédents de tentative de suicide.
Tous ces signes signalent une dépression et c'est au médecin d'évaluer le risque suicidaire toujours présent. Consulter ou faire appel au médecin est important dès ce stade, d'autant plus que, diagnostiquée tôt, l'épisode dépressif n'en guérira que plus rapidement.
Rôle du médecin
Poser le diagnostic
- Avant tout, il essaiera de faire la part des choses entre un état anxieux, une déprime classique, une démobilisation passagère et une véritable dépression. Cela signifie donc pour lui à la fois de poser le diagnostic et à la fois d'en évaluer la sévérité.
- Ensuite, la question qui se pose à lui est d'évaluer le risque suicidaire.
- Enfin, il doit s'assurer du caractère véritablement isolé de cet épisode. En effet, divers problèmes peuvent être à l'origine de ces manifestations : soucis professionnels, problèmes sentimentaux ou familiaux, angoisse existentielle etc. Et dans ce cas, il ne s'agit plus d'un épisode dépressif, mais d'une dépression secondaire, ce qui ne réclame pas la même prise en charge. De même, il vérifie si une psychose maniaco-dépressive ne serait pas à l'origine de ces troubles, ce qui là aussi nécessiterait un autre type de traitement.
Mise en route du traitement
- Le traitement passe d'abord par une information de la personne, et si elle en est d'accord d'une personne de son entourage en laquelle elle ait confiance. Cette information concerne le diagnostic, les différents traitements possibles avec leurs effets bénéfiques et indésirables éventuels.
- Ensuite, il définit le projet thérapeutique qu'il inscrit dans la durée, et qui est personnalisé en fonction de la spécificité de la personne.
- Par ailleurs, s'il estime qu'il n'y a pas de risques immédiats nécessitant une hospitalisation, il mettra en route un traitement de cette dépression . Dans bon nombre de cas, il conseillera un traitement médicamenteux et en plus une psychothérapie de soutien.
- Enfin il prévoiera un suivi durant les 6 mois qui suivent l'arrêt du traitement, le risque de rechute étant important durant cette période. Les symptômes réapparaissant moins de 6 mois après le retour à la normale constituent une "rechute". Ceux qui apparaissent plus de 6 mois après correspondent à une "récidive".
- Il est important de savoir que la mise en route du tgraitement ne signifie pas efficacité immédiate : un certain délai, variable selon les médicaments et les personnes est nécessaire avant de pouvoir en mesurer les effets bénéfiques.
- Par ailleurs, tout traitement médicamenteux commencé doit être poursuivi selon les modalités et sur la durée prévue par le médecin. En effet, un arrêt brutal sans l'avis du médecin aurait pour conséquence possible une reprise et une agravation des signes.
La question de l'urgence
S'il estime qu'il y a un risque suicidaire ou que cette dépression entre dans le cadre d'une maladie psychiatrique (psychose maniaco-dépressive , schizophrénie ), il adressera la personne à l'hôpital.
Le diagnostic
(D'après les recommandations HAS 2005)
Aux Etats Unis, on utilise le DSM-IV qui est une classification qui est également utilisée par certains psychiatres en France.
En France, on fait appel le plus souvent à la CIM-10. C'est celle qui est exposée ici.
Pour poser le diagnostic d'épisode dépressif majeur, un certain nombre de critères doivent être remplis :
- Les critères généraux qui sont obligatoires.
- Deux autres volets de questions doivent également être remplis qui concernent l'humeur et le comportement.
Critères généraux
- Il n'y a épisode dépressif que s'il dure plus de 2 semaines.
- Il ne doit y avoir aucun signe de psychose maniaco-dépressive
- Les signes ne doivent pas être secondaires à une pathologie mentale ou à la prise de substances ou de médicaments modifiant l'humeur.
Si ces critères ne sont pas tous remplis, il ne s'agit pas d'un épisode dépressif majeur.
Critères concernant l'humeur
- Humeur dépressive que la personne juge anormale, durant pratiquement toute la journée, presque tous les jours, non influencé par les circonstances, et cela depuis au moins 2 semaines.
- Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour des activités habituellement agréables.
- Energie diminuée ou fatigabilité augmentée.
Pour qu'il y ait épisode dépressif majeur, au moins 2 de ces 3 critères doivent être remplis.
Critères concernant le comportement
- Perte de confiance en soi ou de l'estime de soi.
- Sentiments injustifiés de culpabilité excessive ou inappropriée.
- Pensées de mort, ou idées suicidaires qui reviennent régulièrement, ou comportement suicidaire.
- Difficultés de concentration ou de l'aptitude à penser, se manifestant par exemple par une indécision ou des hésitations anormales.
- Agitation ou au contraire ralentissement
- Perturbation du sommeil quelles qu'elles soient
- Modification de l'appétit (dans un sens ou dans un autre) provoquant une modification du poids habituel.
Pour qu'il y ait épisode dépressif majeur, il faut au moins 4 de ces critères.
Le degré de sévérité
Il existe 4 niveaux de sévérité :
- Léger : Les critères cités plus haut sont remplis, mais il y en a peu ou pas en plus. Cela n'altère que très peu les activités professionnelles, les activités sociales courantes ou les relations avec les autres.
- Sévère sans caractéristiques psychotiques : d'une part les critères cités plus haut sont remplis, mais il en existe plusieurs en plus, et d'autre part, les symptômes perturbent nettement les activités professionnelles, les activités sociales courantes ou les relations avec les autres.
- Sévère avec caractéristiques psychotiques : A cet épisode dépressif majeur se rajoutent des idées délirantes ou des hallucinations.
- Modéré : Les critères cités plus haut sont remplis, et la perturbation des activités professionnelles, les activités sociales courantes ou les relations avec les autres est comprise entre "léger" et "sévère".
Le risque suicidaire
Il est important à évaluer, ce qui se fait grâce à 6 éléments :
- Le niveau de souffrance : le désarroi, le désespoir, le repli sur soi, l'isolement relationnel, le sentiment de dévalorisation ou d'impuissance ou le sentiment de culpabilité.
- L'intention de passer à l'acte : le fait que les idées soient envahissantes, que la personne rumine son problème, qu'elle refuse de l'aide ou tout traitement, qu'elle envisage divers scénarios pour se suicider.
- L'impulsivité : la tension psychique, l'instabilité du comportement, l'agitation, l'état de panique, les antécédents de passage à l'acte, de fugues ou d'actes violents.
- Evènement activateur : un conflit, un échec, une rupture.
- La présence de moyens à la disposition de la personne : armes, médicaments, etc.
- La qualité du soutien de l'entourage : capacité de soutien faible, famille ayant déjà eu des cas de suicide.
Ce risque est bien entendu difficile à évaluer avec certitude. Plus la souffrance est élevée, l'intention et l'impulsivité fortes, avec un évènement déclenchant activateur, des moyens de suicide à disposition, et un entourage peu accompagnant, plus le risque sera élevé. Les médecins peuvent utiliser un questionnaire spécifique, le MINI. Il ne peut être établi que par un médecin, de préférence psychiatre.
Sites et adresses
L'UNAFAM (Union Nationale des Amis et Familles de Malades psychiques) a pour but d'accompagner et d'informer les familles sur les problèmes qu'elles rencontrent lorsque l'un de leur membre est atteint d'une maladie psychique.
- Siège : 101 Avenue de Clichy 75017 Paris. Métro La fourche.
- Teléphone 01 45 20 63 13
- Fax : 01 45 20 17 79
- Mail : 75@unafam.org
- Site www.unafam.org