Définition
Le traitement repose sur plusieurs éléments :
- D'abord sur une évaluation de la dépression : est-ce une simple déprime, ou un état dépressif qui s'installe ?
- Ensuite, sur une prise en charge thérapeutique par le médecin ou le psychiatre, qui est essentielle pour que le traitement soit le plus efficace possible.
- Enfin, sur les médicaments et la prise en charge psychologique, de type psychothérapique éventuelle.
Raisonnement du médecin
- Avant tout, il essayera de faire la part des choses entre un état anxieux, une démobilisation passagère, et une véritable dépression. Le diagnostic repose essentiellement sur l'interrogatoire de la personne et de son entourage.
- Puis il recherchera la cause (soucis professionnels, problèmes sentimentaux ou familiaux, angoisse existentielle etc.)
- Enfin, il évaluera (et c'est bien ce qui est difficile) le risque suicidaire, la sévérité de l'état dépressif, et l'absence de signes pouvant faire évoquer une psychose.
Deux cas de figure :
- S'il estime qu'il y a un risque suicidaire, ou que cette dépression entre dans le cadre d'une maladie psychiatrique telle que psychose maniaco-dépressive , schizophrénie , il enverra la personne à l'hôpital.
- S'il estime qu'il n'y a pas de risque immédiat, il prescrira des médicaments : un anxiolytique pour diminuer l'anxiété, un somnifère si les troubles du sommeil sont importants, un antidépresseur dont le choix et les prises quotidiennes sont fonction de l'importance de la dépression.
- Eventuellement, il pourra ajouter pour une courte durée un anxiolytique pour diminuer l'anxiété ou encore un somnifère si les troubles du sommeil sont importants.
Bien souvent, il conseillera en plus une psychothérapie ultérieure, et confiera la personne à un psychiatre.
Il informera la personne de son état, de la nécessité ou on d'un traitement et dans ce cas, il lui en indiquera la nécessité d'une observance sur une durée de quelques mois. De la relation entre le médecin et son patient dépendront pour beaucoup le succès du traitement.
XTraitement de la dépression en vidéo
Dépression: causes et traitements (2/3) Le docteur Isabelle Amado, psychiatre, praticien hospitalier au CH Sainte Anne à Paris décrit les différents types de dépression: dépressions endogènes et dépressions réactionnelles font suite à un facteur déclenchant.
Elle explique aussi les différents types d'anti-dépresseurs. | 2 vidéos |
Les possibilités thérapeutiques
(Anaes Juin 2005)
La psychothérapie
Elle est recommandée, et permet de soulager les états dépressifs légers. Les techniques cognitivo-comportementales ont fait la preuve de leur efficacité en ce qui concerne le soulagement des symptômes. Les psychothérapies de type psychanalytique ont un plutôt un rôle dans la recherche de la cause.
Les médicaments
Leur emploi dépend de la gravité de l'état dépressif.
- Les petites déprimes, ne justifient pas de l'emploi d'un antidépresseur.
- Dès que la dépression est modérée ou sévère, le traitement fait appel aux antidépresseurs . Le choix du type d'antidépresseur (tricyclique, inhibiteurs de recapture de la sérotonine, etc.) sont sous la responsabilité du psychiatre. Ce traitement se fait sur la durée. Il ne doit pas être changé avant la fin des 3 premières semaines, sauf s'il y a aggravation du risque suicidaire. Le traitement doit être poursuivi durant 4 à 6 mois de toute façon. Le sevrage doit être très progressif et sous le contrôle du médecin.
L'hospitalisation
Elle est de moins en moins nécessaire. Elle est réservée aux dépressions très sévères, avec risque de suicide, ou lorsque une psychose y est associée.
Stratégie thérapeutique
(Recommandations HAS 2007)
Le traitement des états dépressifs légers
Les épisodes dépressifs légers (sensation de mal être, ou les suites d'un chagrin ou d'une forte contrariété peuvent être soignés autrement qu'avec des antidépresseurs.
- La phytothérapie tel l'extrait de milleperthuis (Mildac*) peut rendre un service non négligeable. Relevant de l'automédication , elle permet sans accoutumance ni pratiquement aucun effet secondaire de soulager les premiers signes. Quelques contre-indications : la grossesse, les contraceptifs oraux et les anticoagulants .
- La luminothérapie est un traitement dont peut bénéficier la dépression saisonnière, liée, entre autre, au changement de saison et à la baisse de l'ensoleillement. Elle consiste à exposer les yeux à une lumière d'intensité et de spectre lumineux spécifique proche de la lumière solaire.
Traitement de l'épisode dépressif
- Lorsque l'épisode dépressif est d'intensité légère à modérée, les antidépresseurs et la psychothérapie sont efficaces, avec une préférence pour les thérapie cognitivo-comportementales.
- En cas d'épisode dépressif modéré, les antidépresseurs sont proposés d'emblée. La psychothérapie lui est associée en cas de retentissement marqué sur la vie de la personne.
- En cas d'épisode dépressif sévère, outre les antidépresseurs avec ou sans psychothérapie, on adjoint des neuroleptiques lorsque des signes psychotiques sont associés.
Traitement des symptômes résiduels
- Si des symptômes résiduels persistent au cours du traitement, on associe ou on intensifie la psychothérapie. On peut également augmenter la dose d'antidépresseurs.
- En cas d'échec, le médecin essaiera en général un autre antidépresseur.
- Parfois, il peut être amené à traiter les troubles du sommeil et l'anxiété par des anxiolytiques ou des somnifères pour une courte durée.
Traitement de la dépression chronique
- Le médecin met en place un traitement de maintien basé sur les antidépresseurs et la psychothérapie pendant une durée de 18 mois à 2 ans.
- Si l'antidépresseur est sans effet, on propose à la personne du lithium.
- L'hospitalisation peut parfois s'avérer nécessaire.
L'hospitalisation
Elle est nécessaire :
- en cas de risque suicidaire élevé
- pour évaluer une situation compliquée
- dans les cas où il est nécessaire de soustraire la personne à son entourage
- en cas de difficultés de surveillance en ambulatoire
- en cas de changement important de traitement.
L'évolution
Mis à part les épisodes dramatiques aboutissant au passage à l'acte, l'épisode dépressif majeur finit généralement par disparaître grâce au traitement.
Celui-ci est fait en 3 phases successives :
- le traitement aigu qui va depuis le début de la prise en charge jusqu'à la rémission (disparition des signes dépressifs) ;
- le traitement de consolidation qui va depuis la rémission jusqu'au rétablissement (au moins 6 mois après la rémission) ;
- enfin le traitement de maintien qui ne se justifie qu'en cas de récidive, ou de symptômes résiduels (signes encore un peu présents) ou encore de passage à la chronicité (état dépressif durant plus de 2 ans).
Facteurs de risque de récidive
Certains éléments sont des facteurs de risque de récidive ou de passage à la chronicité :
- Le fait d'être de sexe féminin.
- Le nombre (au moins 2 épisodes en 4 ans), la durée des épisodes, et l'espacement. Plus ils sont longs et rapprochés, plus le risque est important.
- La persistance de symptômes résiduels pendant le traitement ou la rémission de l'épisode.
- L'âge de survenue du premier épisode : soit après 60 ans, soit avant 30 ans.
- La rapidité de la récidive.
- Les antécédents familiaux de dépression.
- La mauvaise observance du traitement par la personne.
- Des évènements douloureux intercurrents (traumatismes, deuils, séparations, etc.)
- Les troubles anxieux et les troubles de la personnalité.
- Les additions (drogues, tabac,; alcool...)
- L'environnement stressant ou insuffisamment protecteur
- Une situation financière difficile.