Régurgitation simple
Le reflux gastro-oesophagien (RGO) simple, le cas le plus fréquent, est une affection bénigne sans gravité, différente des
vomissements qui se produisent avec effort. Les rejets ne contiennent jamais de
bile.
Les deux tiers des bébés régurgitent, certains plus que d'autres. Pour la plupart des bébés, cela disparait à l'âge de la station assise. Le RGO guérit spontanément avec l'acquisition de la position debout (le tonus abdominal limite les renvois).
Les causes sont l'immaturité du sphincter, quantité ingérée supérieure à ce que l'estomac de l'enfant peut contenir, excès de salivation.
Il n'y a pas de risque pour le bébé, hormis si cela survient durant le
sommeil. Même si le bébé régurgite, son appétit est conservé. Il grandit bien et grossit régulièrement. Ce type de reflux ne requiert qu'une prise en charge hygiéno-diététique.
• Conseils de nursing : donner le
biberon dans un moment tranquille. Eviter les interruptions intempestives, les bruits soudains, la lumière forte et les distractions durant l'alimentation. Laisser bébé faire son rot toutes les 3-5 mn durant le temps de prise du biberon. Garder bébé en position semi-verticale durant 20 mn après l'alimentation. PAS DE TABAGISME Utiliser une tétine adaptée, dont l'orifice n'est pas trop large (il avale trop vite) ni trop petit (il est frustré, cherche à téter plus fort et avale de l'air). Un moyen simple de contrôler : si vous retournez le biberon, une goutte/seconde.
Régurgitation non compliquée
Le RGO non compliqué est fréquent dans la première année de la vie. Des
régurgitations sont rapportées chez 2/3 des nourrissons à 4 ou 5 mois. Elles sont ensuite moins fréquentes, ne concernant que 1/4 des enfants de 6 ou 7 mois, et moins de 5 % chez ceux de 12 mois.
Symptômes :
• Rejets abondants et fréquents après les repas, parfois au moindre mouvement, dans 80% des cas.
• Douleur liée aux remontées acides (ou pyrosis) dans l'œsophage (RGO invisible). Le bébé peut alors se tortiller pendant les repas, voire refuser de boire son biberon.
• Certaines manifestations non digestives (affections ORL à répétition comme
otites et laryngites, malaises après les biberons) peuvent aussi révéler un RGO méconnu.
• Plus rarement,
inflammation du bas de l'oesophage (oesophagite) provoquée par un RGO acide qui peut même entraîner des vomissements de
sang rouge (hématémèse) par saignement des parois de l'oesophage.
Des régurgitations sont graves lorsqu'elles présentent des complications oesophagiennes (oesophagite, endobrachyoesophage) et nutritionnelles (stagnation pondérale, anémie), et des risques de malaise.
Régurgitation pathologique
Le RGO pathologique, très rare, est compliqué d'oesophagite (inflammation de l'oesophage due à l'acidité des régurgitations). Chez ces enfants présentant une oesophagite chronique, on peut quelquefois observer une
érosion des
dents due à l'acidité du reflux, voire un
torticolis par contracture des
muscles du cou.
• Symptômes : régurgitations avec traces de sang, pleurs incessants, refus d'alimentation, perte de poids… Cela nécessite des examens et un traitement médicamenteux pour soigner l'oesophagite chronique.
•
Examens complémentaires nécessaires en cas de RGO grave :
- une pHmétrie des 24 heures pour quantifier la fréquence et l'importance des reflux acides
- une
fibroscopie oesogastrique peut être envisagée afin de déterminer l'existence ou non d'une lésion oesophagienne (oesophagite).
• Risque de RGO dans les pathologies suivantes :
– anomalies de l'oesophage (sténose opérée,
hernie hiatale) ;
– problèmes pulmonaires chroniques (mucoviscidose…) ;
– troubles du développement psychomoteur.
Laits épaissis anti-reflux
Avant l'arrivée des laits pré-épaissis sur le marché en 1995, il existait différentes possibilités d'épaississement des régimes. Certains épaississants étaient utilisés depuis de nombreuses années. C'était le cas de la
Gélopectose (pectine cellulosique sucrée à la dextrine maltose) et du Gumilk (mucilage : extrait de la graine de caroube additionnée de dextrine maltose). Les quantités de
glucides non métabolisables contenues dans ces deux épaississants étaient à l'origine de fermentation
colique. Une autre possibilité était l'adjonction de maïzena (amidon de maïs) ou de tapioca (amidon de manioc). La reconstitution était contraignante et fastidieuse, souvent responsable de la mauvaise observance du traitement et d'erreurs diététiques.
D'où l'idée de la réalisation pour le 1er et le 2ème âge de :
- laits épaissis vendus en grandes et moyennes surfaces (amidons jusqu'à un certain taux–pas de caroube) ;
- laits épaissis anti-reflux "AR" et produits pour épaississement vendus en pharmacie.
Il existe trois possibilités de laits pour régurgitation bénigne :
• Lait standard épaissi soi-même en ajoutant des produits vendus en pharmacie contenant de la caroube, ou de la pectine, ou des amidons. Cela nécessite de chauffer l'eau au préalable pour bien dissoudre. Dans ce cas, le lait reconstitué paraitra toujours plus épais dans le biberon que les préparations industrielles utilisant le même procédé et dont l'épaississement se produit plus bas dans l'estomac. Les laits épaissis par soi-même à la caroube ou à la pectine nécessitent donc une tétine adaptée avec un orifice plus large. La caroube peut provoquer des ballonnements abdominaux avec coliques et
diarrhées. Les laits contenant de l'amidon épaississent plus bas dans l'estomac au contact de l'acide gastrique.
• Lait standard épaissi en caséine : la caséine flocule dans l'estomac ; en augmentant son pourcentage, le bol gastrique sera moins liquide.
• Lait épaissi anti-reflux "AR" (vendu en pharmacie) : épaissi avec de l'amidon de riz, du maïs, de la pomme de terre ou de la farine de caroube… Pour certaines catégories de lait, au-delà d'un certain taux d'amidon ajouté, et en cas d'ajout de caroube, la prescription est médicale et le produit n'est vendu qu'en pharmacie.