Point de départ
Le terme de masturbation chez un enfant peut choquer. C'est pourquoi les parents ont tendance à trouver d'autres mots comme : "il se tripote", "il se caresse", "il joue à touche-pipi", etc.
En fait il ne faut pas avoir peur des mots, l'activité masturbatoire chez l'enfant sont à la fois une découverte nécessaire de son corps et un apprentissage du plaisir. C'est une fonction naturelle, normale, et absolument indispensable dans l'évolution de l'enfant et dans ses acquisitions .
La situation
Elle est évidemment gênante pour les parents, et ceci pour plusieurs raisons dites ou non dites, argumentées ou non.
- Les raisons morales ou religieuses. Elles appartiennent à chacun, et les parents inculquent ce qu'ils veulent en toute liberté. Le seul point sur lequel une précision doit être apportée, c'est pour qu'il y ait respect d'une règle et prise de conscience du respect de son corps, voire acceptation d'un interdit, il faut qu'il y ait eu auparavant connaissance, et donc ... expérimentation.
- Les convenances. Ce point est important, car l'enfant doit peu à peu comprendre que ce geste de se tripoter sans arrêt est du domaine personnel et ne se fait pas devant tout le monde.
- Les idées reçues. Les parents, du fait de leur éducation ou de leurs convictions peuvent estimer que ces gestes sont sales voire un signe de perversion sexuelle. C'est une idée reçue, et comme toutes les idées reçues, elle est fausse.
Il n'en demeure pas moins qu'il est important de savoir poser à l'enfant des limites .
Ce qu'il a dans la tête
L'enfant remarque très bien l'effet que cette attitude a sur ses parents, soit qu'ils sont amusés, ou réprobateurs. Il sait donc en jouer et l'utiliser à bon escient envers ses parents.
De plus, le plaisir provoqué par cette sensation est important : cela l'apaise, le calme avant de s'endormir, le rassure lorsqu'il est inquiet ou énervé.
L'interprétation du psy
- La masturbation fait partie du règne animal, les animaux y recourant quelle que soit leur espèce. L'espèce humaine n'y échappe pas, puisque le célèbre rapport Kinsey faisait état du fait que le tiers des garçons découvraient l'orgasme avant l'âge de... douze mois, et la moitié avant l'âge de 7 ans.
- La masturbation fait partie de la recherche du plaisir, mais elle n'a pas le même sens que chez l'adulte pour qui cette pratique a un sens érotique évident. Sans doute, ce terme de "masturbation" porte en lui une connotation érotique qui chez l'enfant est totalement absente ; un autre mot serait sans doute à utiliser...
- Vers 2 ou 3 ans, l'enfant prend conscience de son sexe. C'est le stade phallique , qui lui permet ainsi de se différencier entre l'état de garçon et celui de fille. Le "zizi " devient alors différenciant entre les deux sexes selon qu'on en a ou qu'on en n'a pas.
- Par la suite, et devant les réactions de ses parents, l'enfant va comprendre que cet acte se doit d'être solitaire. L'installation dans sa vie d'un sentiment de pudeur va conforter l'enfant dans cette attitude.
- Ce qui pose problème n'est pas le caractère pathologique de la masturbation, car elle ne l'est en aucun cas tant qu'elle reste dans le cadre strictement intime, c'est ce que la culture dans nos sociétés a véhiculé. Ainsi, dans le Gand Dictionnaire Universel du XIXème siècle, on trouvait cette définition de la masturbation : "Nous n'avons point à décrire ici un acte malheureusement aussi connu qu'il est honteux (...). Ce sont surtout les enfants des deux sexes qui se livrent à ce vice, frappant ainsi la société dans les éléments qui doivent plus tard concourir à sa perpétuité par la génération, à une influence fatale, tout à la fois pour l'individu et pour l'espèce."
- Aujourd'hui, la masturbation est considérée par les médecins et les psychologues comme une pratique naturelle et normale qui permet à l'enfant de découvrir son corps et d'accéder plus tard à une sexualité épanouie.