Point de départ
Ce sont des anecdotes bien connues dans toutes les familles : la petite fille vole un baiser sur la bouche de son papa, et le petit garçon plonge les mains dans le décolleté de sa maman. Tout le monde en rit... mais parfois un peu jaune. Vous êtes confronté(e) en fait à l'une des manifestations du complexe d'Oedipe
La situation
Dès qu'il le peut votre enfant se colle à vous ou tente des câlins, comme "quand il était bébé". Cela finit par vous troubler. Jusqu'à quand peut-on accepter de telles caresses ou gestes intimes, sans pour autant le priver de la tendresse dont il a besoin ?
Et en poussant le raisonnement plus loin, vous vous demandez si ce n'est pas vous qui voyez le mal là où il n'est pas.
Ce qu'il a dans la tête
- Tant que le complexe d'Oedipe ne s'est pas manifesté, l'enfant est d'une innocence totale par rapport à ces gestes, il n'en ressent que la tendresse et le plaisir du contact physique.
- Un peu plus tard, les gestes prennent une signification différente qui est celui du sens : "est-ce que mon père ou ma mère m'aime ?". Et dans ce cas, tout est bon pour attirer l'attention du parent du sexe opposé. L'enfant n'hésite d'ailleurs pas à mettre au point des stratégies envahissantes et débarquant dans le lit des parents sous prétextes de câlins et de bisous, avec au fond de sa tête la ferme intention de débarquer le parent du même sexe que lui.
L'interprétation du psy
- Toute la problématique se situe dans le complexe d'Oedipe : l'enfant aime passionnément son parent du sexe opposé qui incarne pour lui un modèle idéal. Et donc il convoite ce qu'il aime avec passion.
- La question est de poser précisément à l'enfant le tabou de l'inceste : "on n'épouse pas ses parents".
Votre attitude
- On est là dans le domaine de l'interdit . Et cet interdit se fixe avec des limites précises.
- Le premier travail consiste sur soi, car bien qu'on en soit flatté, voire troublé, il est nécessaire de fixer ce qui est de l'ordre du tabou.
- Il convient donc de dire à votre enfant gentiment, sans gêne ni agressivité que vous ne voulez pas de ces attouchements. "Pourquoi ?" demandera t-il invariablement. "Parce que c'est comme ça : mon corps c'est mon corps, et le tien c'est le tien." Tout cela doit être dit avec respect, assurance, gentillesse, mais avec un ton qui ne laisse aucun équivoque.
- La question est également : jusqu'à quand se montrer nu(e) devant l'enfant de sexe opposé ? Là encore il n'y a pas de normes car les traditions familiales, les convenances personnelles, la pudeur naturelle de l'enfant, peuvent faire que c'est très variable. On peut toutefois avancer que jusqu'à l'âge de 5 ou 6 ans, il n'y a rien de bien grave. Mais le jour où une gêne apparaît, chez les parents ou chez l'enfant, il est nécessaire de mettre un frein. Une bonne façon de lui faire passer ce message, c'est de lui dire que "maintenant il n'est plus un bébé, et qu'il est devenu un peu trop grand(e) pour cela". ce message valorisant lui permettra d'accepter plus facilement ce qui est pour lui une frustration .