L'eau et le corps
L'eau qui est au contact de notre corps n'a que trois possibilités :
- Soit elle coule sur notre peau qui est faite de cellules mortes (la couche cornée) et donc ne pénètre pas dans l'organisme : elle ne l'hydrate donc pas puisque la peau est strictement imperméable.
- Soit elle rentre en contact avec nos muqueuses (oeil, nez, bouche, vagin, rectum), et elle permet une hydratation de surface, une sensation de rafraîchissement, mais pas une hydratation de notre milieu intérieur
- Soit elle est ingérée et elle passe dans le tube digestif. C'est le seul moyen normal que nous avons pour nous réhydrater. C'est donc le seul auquel on va s'intéresser car il s'agit de l'hydratation de notre milieu intérieur.
On exclue ici les problèmes pathologiques : la noyade où l'eau rentre en contact avec nos voies respiratoires, les plaies où de l'eau peut venir au contact des tissus sous-jacents à la peau et les techniques d'hydratation par voie intraveineuse ou sous-cutanée utilisée en médecine pour réhydrater les personnes déshydratées.
Où va l'eau ?
Elle n'a alors que deux possibilités :
- Soit elle est éliminée et passe dans les selles.
- Soit elle est réabsorbée par les cellules intestinales. C'est ce qu'on appelle la barrière intestinale .
Cette barrière est constituée des cellules qui tapissent l'intérieur de la paroi intestinale. Ces cellules reposent sur une membrane basale qui les séparent d'un tissu conjonctif (sorte de tissu lâche fait de cellules éparses et de fibres de soutien) lui-même parcouru par un entrelacis de minuscules vaisseaux : les capillaires. Voici donc ce qui se passe : l'eau passe librement dans les cellules de la paroi intestinale à condition que ces cellules soient en mesure de l'accepter. Il faut pour cela que soient réunies des conditions favorables de pression osmotique . C'est le point fondamental pour comprendre toute l'hydratation du corps. On va y revenir.
Admettons que ces conditions soient réunies et que l'eau passe du centre des intestins vers la paroi intestinale. Elle n'a alors que 3 solutions :
- Soit elle reste dans la cellule intestinale (ce n'est pas très intéressant).
- Soit elle est rejetée à nouveau vers les intestins (c'est là aussi un problème de pression osmotique).
- Soit elle franchit la membrane basale et s'infiltre dans le tissu conjonctif. De là elle va diffuser dans les vaisseaux où elle vient diluer le plasma sanguin, c'est à dire l'eau salée qui constitue 55% du sang. C'est ça qu'on va regarder de plus près.
L'eau dans le milieu intérieur
- On a vu que l'eau est passé de la lumière des intestins (milieu extérieur) vers la cellule intestinale (milieu intracellulaire) pour des raisons de pression osmotique.
- C'est pour les mêmes raisons de pression osmotique que l'eau va passer de la cellule intestinale au tissu conjonctif.
- C'est aussi grâce à la pression osmotique que l'eau migre depuis le tissu conjonctif (milieu extra plasmatique) vers le sang (milieu plasmatique).
- Et enfin à cause de quoi l'eau va t-elle passer du plasma sanguin aux globules rouges ? Toujours grâce à la pression osmotique.
Les différents compartiments
Finalement si on exclue le milieu extérieur (la lumière intestinale) qui ne concerne donc pas l'hydratation, il y a 3 milieux répartis en 2 compartiments.
- Le milieu cellulaire (la cellule intestinale, mais aussi le globule rouge et finalement toutes les cellules du corps) qu'on appelle aussi le compartiment intracellulaire,
- Le milieu plasmatique (le plasma sanguin) qui fait partie du compartiment extracellulaire,
- Et le milieu extraplasmatique (tissu conjonctif des intestins mais aussi du rein, du foie, de la peau, bref de tous les organes du corps) et qui fait aussi partie du compartiment extracellulaire.
L'hydratation se résume donc à une répartition harmonieuse d'eau entre la cellule et l'extérieur de la cellule.
C'est pourquoi les médecins parlent de déshydratation intracellulaire et de déshydratation extracellulaire, la déshydratation globale étant la somme des deux.
Le passage d'un compartiment à l'autre
Il se fait par appel d'eau sous deux impulsions possibles :
- L'eau peut passer du compartiment le moins concentré (hypotonique) vers le compartiment le plus concentré (hypertonique). Concentré en quoi ? En sel, on va y revenir : c'est l'histoire de la pression osmotique. En pratique, c'est à cause de cela que l'on demande aux personnes qui font de l'hypertension artérielle (qui ont donc un compartiment plasmatique trop important) de manger peu salé.
- Mais l'eau peut passer aussi sous l'influence de la pression oncotique. Cette pression est la capacité qu'ont les protéines d'attirer l'eau dans le compartiment dans lequel elles se trouvent. C'est ce qui se passe chez les personnes qui ont certaines maladies rénales et qui à cause de la diminution des protéines de leur sang font des oedèmes des jambes.
Les deux moteurs de l'eau
En définitive :
- L'eau passe du compartiment le moins concentré en sel vers le plus concentré en sel grâce à la pression osmotique
- L'eau passe aussi du compartiment le moins concentré en protéines vers le plus concentré en protéines grâce à la pression oncotique.
C'est grâce à ces deux moteurs que l'eau peut passer d'un compartiment à l'autre. Il y a donc un équilibre.
Cet équilibre pourrait finalement aboutir à l'immobilité s'il n'existait pas au sein des cellules un système qu'on appelle la pompe à sodium. Ce système complexe permet à la cellule de faire du sel de façon active, l'eau ne faisant que suivre le sel. L'hydratation du corps n'est donc pas une simple question en eau, mais c'est avant tout une question de sel. On va voir pourquoi.