Point de départ
A voir des « idées bizarres » n'a rien de ...bizarre. C'est même fréquent. Cela peut aller de la simple « originalité » à des comportements étranges, en passant par toute une gamme de manifestations.
Ce qui se passe
- Notre cerveau est une machinerie extrêmement complexe. Nul ne sait très bien encore comment fonctionne la pensée. On en localise le point de départ dans le lobe frontal du cerveau. Mais les connexions avec le reste du cerveau sont d'une complexité inimaginable.
- Les idées qui nous viennent engendrent généralement un comportement. Certains sont de l'ordre du réflexe : j'ai l'idée d'attraper ce stylo pour écrire quelque chose, et donc je le saisis. Mais cela peut être plus compliqué : j'ai l'idée d'aller faire des achats, donc je mets en branle tout un système comportemental précis dont la plupart seront automatiques (chercher le porte-monnaie, mettre le manteau, prendre les clés, fermer la porte, etc.). L'idée qui a servi de point de départ a mis en place des « schémas corporels ».
- Et puis il y a d'autres idées qui n'entraînent aucun comportement : on pense à quelque chose, et le cerveau visualise l'image ainsi créée. C'est le monde éminemment complexe de la pensée . C'est ainsi que le cerveau peut travailler autour de cette idée, l'appréhender par différentes voies, sans pour autant que cela entraîne une action ou un comportement particulier.
- Certaines idées peuvent n'être plus en contact avec le réel. C'est ce qui se passe au cours du rêve et qui est dû au sommeil paradoxal . C'est aussi ce qui se passe dans les états de conscience modifiée induits par l'hypnose. On peut par ailleurs au cours de l'état de veille, « rêvasser » ou imaginer fortement quelque chose, au point que des images, voire de véritables scènes se déroulent sous nos yeux. C'est l'un des privilèges de la création artistique par exemple.
- Et puis parfois, ce rêve peut devenir cauchemar durant la nuit, au point que notre cerveau a parfois du mal lors de l'éveil à faire la distinction avec la réalité.
Jusque là, rien que de très normal : c'est l'une des multiples performances de notre cerveau .
La limite du pathologique
C'est là toute la difficulté. On peut être assailli soudain par des « idées bizarres » qui modifient les comportements : telle personne, soudain, va brusquement traverser la rue, sans raison et sans que rien ne justifie cet acte.
- Parfois, c'est une idée qui s'impose à nous, qui va nous perturber. Durant la nuit, ce sont les « idées qui tournent dans la tête » et qui empêchent le sommeil : tel problème qui nous tracasse, telle image qui nous obsède, telle musique qui « trotte dans la tête ». Le plus souvent, c'est le cas des personnalités anxieuses , voire des véritables anxiétés .
- Durant la journée, cette idée, ou d'autres, peuvent nous assaillir, au point de nous perturber : on répète inlassablement le même geste, comme si on en était prisonnier. Ce sont les troubles obsessionnels compulsifs. Mais on peut aussi avoir une image qui nous obsède, qui revient sans cesse : on est alors dans un système d'obsession qui peut être seulement le témoin d'une personnalité obsessionnelle , soit mener à une névrose de type obsessionnel. La frontière entre le « normal » et le « pathologique » devient alors très imprécise.
Le pathologique
Cette limite est très artificielle, car bien des comportements « déviants » ou des idées « déviantes » sont fortement culturelles. Toutefois, on peut définir la limite à partir du moment où il y a perte de contact avec le réel.
- Certaines personnes peuvent alors construire de véritables scènes totalement imaginaires. Ce sont alors des hallucinations dont les causes peuvent être très nombreuses.
Il peut s'agir de scènes totalement construites et imaginaires qu'éprouvent des personnes atteintes d'un certain type de crises d'épilepsie .
- Pour d'autres personnes, l'univers ainsi créé, ou la difficulté de communiquer avec les autres ou avec le monde réel enferme la personne dans l'autisme . Parmi ces formes d'autisme, le syndrome d'Asperger est une forme très poussée de bizarrerie ou d'étrangeté.
Votre compréhension de la situation
Deux éléments vous permettent de situer cette frontière :
- La première est le comportement : une personne aux « idées bizarres » et au « comportement étrange » ne pose problème que lorsqu'elle met en danger les autres ou elle-même.
- La seconde est la souffrance que cela génère chez la personne : une personne qui souffre de ses troubles car elle ne peut en devenir maître, a besoin d'aide.
Et dans ces 2 cas, la consultation du médecin s'impose.
L’attitude du médecin
Elle consiste à évaluer ces idées bizarres, et à les rapprocher de l'une des maladie ou des troubles vus plus hauts.
- A partir de cela, le traitement peut être médical, par l'utilisation de médicaments adaptés. Mais cela peut amener , lorsqu'il y a risque pour la personne ou pour autrui, au placement volontaire ou au placement d'office . Ces solutions sont peu fréquentes et surtout le fait de personnes ayant déjà un lourd passé psychiatrique.
- Le plus souvent, il s'agit de névrose obsessionnelle ou de névrose d'angoisse qui se résoudront avec des anxiolytiques . Pour ces personnes comme pour celles atteintes de TOC, la psychothérapie est très utile et par ses nombreuses composantes, permet, sinon de faire disparaître les troubles, du moins de les rendre supportables.