Point de départ
La croissance est formidable les toutes premières années de la vie. En un an, bébé multiplie par 50% sa taille de départ avec 25 cm de plus et triple son poids pour atteindre environ 9 à 10 kg ; à deux ans, il a encore pris une dizaine de centimètres et deux kilos. Puis de trois ans à la puberté, régulièrement, il va prendre cinq à six centimètres par an et deux kilos. À l'âge adulte, la tête a doublé de volume, le tronc triplé sa taille, les bras sont quatre fois plus grands et les jambes cinq fois.
Les facteurs de la croissance
La croissance dépend de multiples facteurs :
- Une bonne hygiène de vie associée à une alimentation équilibrée.
- On sait aussi que l'hérédité vient en bonne place dans la taille ou le poids de chacun (les chats font des chats et les échalas... plutôt des échalas).
- Les hormones de croissance et les hormones thyroïdiennes jouent un rôle déterminant dans la croissance. Leur absence aboutit à un nanisme . Les hormones sexuelles jouent un rôle dans le développement des organes génitaux.
- Enfin, les facteurs affectifs ont aussi leur importance. Un enfant entouré, câliné, dorloté, pousse tout seul . Inversement, en cas de conflit familial durable, la croissance peut se bloquer en poids comme en taille. On connaît l'histoire du Tambour , cet enfant qui refusait de grandir par peur du monde des adultes...
La normalité
- Comment savoir si la croissance d'un enfant est normale ? En fait ce qui intéresse les pédiatres ce n'est pas une valeur en centimètres ou en kilos à un âge donné mais plusieurs valeurs au cours du temps qui donnent une idée de la vitesse et la dynamique de croissance. D'où l'intérêt des courbes sur les carnets de santé.
- Schématiquement, on considère que tout enfant dont la taille ou le poids se trouvent supérieurs à deux déviations standards sont considérés comme trop grands ou trop gros ; ceux dont la taille ou le poids sont inférieurs sont trop petits ou trop maigres. Cela dit, les courbes ne sont pas les seules données à prendre en compte. Ainsi pour la taille, l'âge osseux, c'est à dire l'âge de l'enfant calculé à partir d'une radio du poignet vers l'âge de cinq - six ans, permet de prévoir de manière plus rigoureuse la taille définitive.
- Habituellement, l'âge osseux coïncide avec l'âge réel de l'enfant. Lorsqu'il est inférieur, il est normal que la taille soit inférieure à la taille attendue pour les enfants de cet âge. L'enfant grandira alors plus tard que les autres, mais aussi plus longtemps. De même, si l'âge osseux est supérieur à l'âge réel, il est vraisemblable que l'enfant cessera de grandir plus rapidement et se retrouvera avec une taille normale en fin de compte. Toutefois, la vitesse de croissance intervient également, et on rencontre des tailles réellement trop petites ou trop grandes, éventuellement influençables par un traitement adapté.
- Quant au poids, ses fluctuations sont moins significatives que celles de la taille. Un enfant peut cesser de grossir l'hiver parce qu'il enchaîne rhumes sur bronchites. Provisoirement, l'appétit peut aussi se restreindre, indépendamment de toute maladie.
Quand s'inquiéter ?
Les grandes tailles
- Elles sont à traiter quand les enfants sont nés de parents eux-mêmes grands (ou de taille moyenne) avec une taille de naissance élevée. Ils croissent de manière significative vers 3 à 5 ans avec parfois un léger retard de maturation osseuse.
- Le traitement de ces grandes tailles consiste en deux points : freiner la sécrétion d'hormone de croissance et pour la fille, agir sur la maturation osseuse en lui délivrant des hormones féminines (pilule) qui créent une superpuberté .
- Le traitement doit être lancé vers 11-12 ans, au tout début de la puberté.
Les petites tailles.
- Elles sont parfois repérées et traitées par l'hormone de croissance de synthèse chez des jeunes enfants d'un ou deux ans. Plus généralement, les parents viennent consulter entre 5 et 10 ans, lorsqu'ils prennent conscience de la petite taille de leurs enfants. Une analyse médicale précise permettra de déceler les causes de la petite taille et de proposer un éventuel traitement hormonal.
Les poids lourds.
- À première vue, il est impossible de dire qu'un enfant lourd ou apparemment enrobé est trop gros, il faut que le médecin examine ses courbes de poids et de taille et l'évolution dans le temps de l'indice de masse corporelle.
- Celui-ci correspond à la taille sur le poids au carré. On parle d'obésité chez l'enfant, lorsqu'il est au delà des frontières limites indiquées par les courbes correspondant à cet indice. Ces dernières sont intégrées dans les nouveaux carnets de santé. Il existe pour les parents un autre moyen, approximatif mais simple, de savoir si leur enfant est trop gros, c'est de voir si son poids est au moins égal ou supérieur aux deux derniers chiffres de sa taille, et cela de façon constante dans le temps. Un enfant d'1,30 m qui dépasse 30 Kg est en surpoids. Si son poids grimpe à 32, 33, puis 34 kg régulièrement, alors que la taille de l'enfant avoisine toujours les 1,30 m, il devient indispensable de consulter.
Les poids plume
À priori, un enfant maigre qui grandit bien dans son corps et dans sa tête n'a pas à inquiéter : son faible poids est constitutionnel. En revanche, une brusque cassure dans la courbe de poids avec un amaigrissement anormal, doit amener à consulter un médecin ; il recherchera les causes médicales du problème.
Quelques repères
Taille
- À la naissance : 50 cm à terme.
- À un an : 75 cm.
- À 4 ans : 1 mètre.
- Jusqu'à 13 ans, la vitesse moyenne de croissance est de 5cm/an, et la taille moyenne se rapproche de : T=5 X âge + 85 cm
Poids
- À la naissance : 3,3 kg à terme.
- À un an : le poids de naissance a triplé (environ 10 kg).
- À 4 ans : 16 kg.
- De 1 an à 10 ans, prise de poids de 2 kg par an environ, et le poids moyen se rapproche de P=2 X âge + 8 kg
Quelques questions
Le retard
Les bébés de petite taille et de petit poids à la naissance se rattrapent-ils ensuite ?
- Environ 15.000 enfants naissent chaque année, atteints d'un retard de croissance intra-utérin. Celui ci peut être dû à des anomalies chromosomiques, une mauvaise irrigation du foetus par le placenta, le tabagisme maternel. 60 à 80% de ces petits bébés retrouveront des mensurations normales dès la première année de leur vie, voire avant deux ans. Les autres conserveront une plus petite taille à l'âge adulte, inférieure en moyenne de 6 cm à celle de la population témoin.
- Toutefois, grâce à l'hormone de croissance de synthèse administrée dès les premiers mois aux bébés, le rythme de croissance peut augmenter significativement.
La taille définitive
La taille à deux ans donne-t-elle la taille à l'âge adulte en multipliant par deux ?
- Pas vraiment, c'était un moyen simple, quasi mnémotechnique, mais il n'a aucune réalité statistique. Il n'y a qu'à voir les chiffres correspondants aux moyennes établies à partir de la population des écoliers français : à deux ans, une petite fille mesure 84,3 cm. À 17 ans, elle mesure 162,6 cm. On aurait dû obtenir (si le calcul précédent était juste) 168,6 cm. Quant au garçon, à deux ans, il mesure 85,6 cm et à 17 ans, 173,3 cm. On aurait du obtenir 171, 3. Le système est donc trop approximatif pour être rassuré ou inquiet à partir de la taille à cet âge.
Le sport
L'excès de sport freine-t-il la croissance ?
- À dose raisonnable (six heures maximum par semaine) le sport est pleinement bénéfique pour l'enfant : il tonifie les muscles, améliore l'appareil locomoteur, prévient les troubles ostéo-articulaires, évite les mauvaises postures. Au delà de six heures hebdomadaires, la pratique sportive peut accélérer l'ossification et risquer de diminuer la taille définitive.
L'évolution générale
Une étude récente, montre qu'au fil des générations, les enfants sont plus grands que leurs parents et grandissent surtout... des jambes. En 20 ans, affirme un chercheur de l'Université de Maastricht, les enfants japonais auraient gagné 10 cm de gambettes sur leurs aînés !