Définition
La pédiatrie ou médecine des enfants est une spécialité dont la spécificité la distingue (comme la gériatrie) de toutes les autres spécialités. Il ne s'agit pas en effet d'une étude particulière d'un organe ou d'un système biologique, mais d'une médecine appliquée à une tranche d'âge, à une période particulière de l'existence qui débute à la conception pour se terminer à la fin de l'adolescence arbitrairement fixée à 18 ans (article 1er de la Convention relative aux droits de l'enfant) et officiellement reconnue par les caisses d'Assurance Maladie depuis 2009.
C'est donc une médecine qui s'adresse à un être en développement physique, psychique, intellectuel, éducatif, affectif etc.… alors même que l'interlocuteur n'est pas l'enfant (quand il est petit) mais ses parents (ou référents) qu'il faut savoir écouter avec attention et comprendre. On peut considérer aussi que la pédiatrie dans tous les pays comprend l'ensemble des actions ayant comme objectif primordial la santé de l'enfant aussi bien physique que morale dans son environnement global afin de l'amener à devenir un adulte le plus sain et épanoui possible, parfaitement intégré dans la société ; c'est une finalité certes très ambitieuse mais qu'il ne faut jamais perdre de vue.
La santé de l'adulte se prévoit et se construit dans le développement de l'enfant.
Les enjeux de la pédiatrie
Le pédiatre libéral ou "ambulatoire" ou encore "de ville" est donc le médecin « spécialiste » de l'enfant de sa naissance (et même dés sa conception) jusqu'à 18 ans. Ainsi agit t'il aux différentes étapes de son développement : nouveau né, nourrisson, enfant et adolescent mais il peut intervenir avant la naissance (consultation prénatale), et à la naissance (prise en charge du nouveau né dans les maternités qui conduit souvent à une sur spécialité de néonatologiste)
Son champ d'action est très vaste et complet car quelque soit la tranche d'âge il doit assurer un rôle de surveillance, de prévention, de dépistage ou repérage, d'éducation sanitaire des parents et de l'enfant, de conseils éducatifs tout en s'occupant des maladies aiguës (les urgences représentent 20à 30% de l'activité) ou chroniques (beaucoup de pédiatres sont impliqués dans des réseaux:prématurité ,obésité,handicaps,précarité etc….), domaines évidemment plus ou moins intriqués.
LA SURVEILLANCE de l'ENFANT
Elle est indispensable
pour s'assurer de sa bonne santé et ainsi rassurer ses parents mais
aussi pour faire de la prévention, du dépistage, du repérage La
surveillance s'exerce à propos
• De l'intégration de l'enfant dans sa famille : la parentalité et ses troubles
• De la croissance en poids et taille mais aussi de la vérification
de l'indice de masse corporelle indispensable à la prévention de
l'obésité.
• Du développement psychomoteur afin de s'assurer
que l'enfant dispose de toutes les compétences physiques,
intellectuelles et mentales, de tous les instruments nécessaires au bon
déroulement de sa scolarisation et de sa vie sociale
• De ses activités sportives, ludiques, sociales et culturelles
• De l'alimentation, afin certes de prévenir les carences ou les excès,
de prévenir voire traiter les troubles du comportement alimentaire,
mais aussi d 'éviter certaines maladies de l'adulte (HTA,
hypercholestérolémie, obésité)
• Du déroulement de la puberté et de ses anomalies afin de garantir son évolution normale
• De l'adolescence et toutes les difficultés personnelles, familiales
et relationnelles qui peuvent la perturber et ainsi générer des
difficultés scolaires, des troubles du sommeil, des perturbations
nutritionnelles, des conduites addictives sévères (alcool, drogues) une
désinsertion familiale et sociale etc.…
LA PREVENTION
C'est ainsi l'un des aspects majeur de la médecine de l'enfant.
La promotion de l'allaitement maternel en est une des priorités.
La prévention des maladies infectieuses de l'enfant et de l'adulte
par la vaccination intéresse particulièrement le pédiatre ou médecin e
l'enfant et il n'est pas toujours facile de convaincre les parents de
ses bénéfice et innocuité tant les discours médiatisés sont
contradictoires voire négatifs
En fait toute
consultation qu'elle soit organisée ou provoquée par une urgence doit
être l'occasion d'aborder auprès des parents ou de l'enfant lui même
certains domaines qui peuvent impliquer son développement. La pédiatrie
est essentiellement une médecine préventive.
LE DÉPISTAGE
D'un handicap orthopédique ou neurologique, d'un déficit sensoriel visuel ou auditif,
LE REPÉRAGE
D'un trouble envahissant du développement ,
d'un retard mental, d'un trouble du langage, de tout troubles des
apprentissages sont toujours à l'esprit du pédiatre.
Chaque
rencontre avec l'enfant est l'occasion de parler de sa scolarité et
ainsi de repérer les difficultés scolaires qu'elles soient liées à un
déficit instrumental (intellectuel, sensoriel, langage, ou
désorganisation psychomotrice), à un trouble spécifique (dyslexie,
dyscalculie, dyspraxie, dysphasie entre autres) ; Il faut savoir aussi
reconnaître l'enfant à haut potentiel ou atteint d'un TDAH (trouble
déficitaire de l'attention avec hyperactivité) qui bénéficient de prises
en charge spécifiques ; Sans oublier les problèmes « psycho affectifs
» :le désinvestissement scolaire, l'anxiété, la dépression de l'enfant
qui peut se manifester certes par une baisse des performances scolaires
mais peut ne s'exprimer que par des troubles fonctionnels comme des
douleurs abdominales, des céphalées chroniques voire des troubles du
sommeil Il faut aussi savoir évoquer devant des troubles divers la
souffrance d'un enfant victime d'un harcèlement psychologique familial
ou scolaire. Tout doit être entrepris quelque soit la difficulté repérée
pour éviter l'échec scolaire ou du moins donner à l'enfant le maximum
de chances.
L’ÉDUCATION
Le pédiatre participe à l'éducation
sanitaire Tout au long de cette surveillance régulière, le médecin
ne doit pas oublier qu'il est et doit être de plus en plus un éducateur
en santé publique. Au cours des consultations régulières, il faut
que soient abordés les problèmes d'avenir. Les parents doivent ainsi
connaître la conduite à tenir devant un problème aussi banal que la
fièvre ou la diarrhée. Il faut leur décrire les situations qui ne
manqueront pas de se produire, leur préciser les gestes simples qu'ils
devront faire avant la venue du médecin (parfois après un conseil
téléphonique), leur indiquer de quels médicaments ils doivent disposer
dans la pharmacie familiale, la manière de les utiliser. Il faut aussi
leur dire que le plus grand danger qui guette leur enfant n'est pas la
maladie, mais l'accident. Il faut leur apprendre à éviter les plus
évitables d'entre eux. Il faut enfin ne pas hésiter à leur révéler tel
ou tel de leurs comportements qui semble préjudiciable à l'équilibre
psychologique de leur enfant ; bref, il faut leur dire tout ce que l'on
estime utile à son plein épanouissement.
C'est ainsi
qu'il peut être amener aussi à donner des conseils éducatifs devant des
troubles courants du comportement (agitation, anxiété, dépression
mineure, tics, mais aussi mensonge, vol, fugue etc..) sans
systématiquement en référer au pédopsychiatre et en engorger les
consultations.
Il peut et doit aussi intervenir ou
apporter son expertise dans toutes ces « avancées » sociétales qui
peuvent générer autant de dérives dont l'enfant ou l'adolescent pourrait
être victime comme et surtout : L'irruption des nouveaux modes de
communication (smartphones, tablettes, tactiles, ordinateurs et écrans
variés, qui donnent accès souvent a un monde virtuel totalement
déconnecté de la réalité, conduisant a de véritables addictions
entravant la socialisation des nos adolescents mais aussi maintenant des
plus jeunes (les ado naissants de François de Singly) comme l'usage du
tabac, de l'alcool, voire de la drogue auxquels nos jeunes sont de plus
en plus confrontés
Les ruptures familiales, les
familles monoparentales, les autres formes de parentalité,l'adoption,
peuvent être autant de difficultés pour les enfants auxquelles le
pédiatre doit pouvoir donner des réponses.
On ne peut
aborder toutes les situations que le pédiatre de terrain peut
rencontrer et auxquelles il peut apporter son expérience et son
expertise.
Pour cela cependant il investit et se perfectionne
dans tous ces champs d'action bien qu'il n'ait pas toujours été formé
pour cela (surtout les plus anciens) car la société a changé et de
nouvelles pathologies ont émergées : difficultés psychoaffectives,
familles séparées, recomposées, difficultés d'apprentissage, problèmes
sociaux, grande précarité, enfants migrants, allergie, obésité mais
aussi handicaps, prématurité, maladies rares, adolescence de plus en
plus vulnérable entre autres. Mais il doit rester le référent, le
spécialiste de l'enfant. C'est une médecine triangulaire (l'enfant, sa
famille, son contexte socio culturel) lente, patiente, exigeante, dont
les enjeux dépassent très largement la médecine d'urgence et de soins
organiques.
Bien sur le pédiatre libéral ne peut pas tout faire
ni tout savoir ni tout traiter mais il doit rester la plaque tournante,
l'aiguilleur pour diriger vers tel ou tel spécialiste libéral ou
hospitalier si nécessaire. Malheureusement le nombre de pédiatres en
France et surtout dans certaines régions est totalement insuffisant pur
assurer toutes ces missions .Heureusement de très nombreux médecins
généralistes se forment pour cela :c'est la raison pour laquelle on
parle du pédiatre ou du médecin de l'enfant