Point de départ
Le traitement hormonal substitutif à base d'estrogènes permet de soulager les femmes qui souffrent des troubles de la ménopause. Ses effets positifs sur différents symptômes ou fonctions ne signifient pas qu'ils en constituent une indication.
Sur les bouffées de chaleur, il est très efficace.
Sur la qualité de vie et la sécheresse vaginale, effet positif.
Sur le cœur et les vaisseaux, il pourrait avoir un effet protecteur sur le risque cardiovasculaire à condition d'être prescrit dés la ménopause, donc aux environ de 50 ans, chez des femmes sans facteurs de risque.
Sur la diminution de la minéralisation osseuse, l'effet positif perdure peu de temps après l'arrêt du traitement.
Sur le cerveau, les capacités mentales et la prévention de la maladie d'Alzheimer, l'effet positif n'est pas confirmé.
Du fait des risques liés à l'utilisation de ce traitement, son indication principale demeure les bouffées de chaleur suffisamment gênantes pour altérer la qualité de vie.
Un traitement contesté ?
Des études internationales ont montré une augmentation du risque de cancer du sein, d'accidents vasculaires cérébraux, de maladies coronariennes et de phlébites chez les femmes qui prenaient un THS depuis plusieurs années. Elles ont été discutées en France pour deux raisons principales :
- les hormones utilisées dans les études étaient synthétiques différentes des hormones naturelles prescrites en France.
- elles ont été effectuées chez des femmes qui pour certaines d'entre elles présentaient des facteurs de risque particuliers.
2002, l'étude WHI américaine
16608 femmes âgées de 50 à 79 ans, suivies depuis 1993 et réparties en 2 , traitement et placebo. Résultats : une diminution du nombre de fractures, une augmentation de cancer du sein faible et des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, thrombose veineuse). Elle n'a pas montré de bénéfices sur les fonctions cognitives. Les résultats sur le cœur avaient fait grand bruit à l'époque, ils n'ont pas été confirmés ultérieurement pour les accidents coronariens car ils ne concernaient que les femmes âgées de plus de 63 ans et ayant des facteurs de risque. Les molécules utilisées dans le traitement sont peu utilisées en France. L'étude est régulièrement actualisée.
2003 l'étude anglaise MWS
1 084 110 de femmes âgées de 50 à 64 ans dont la moitié ont déjà reçu un THS. Elle confirme l'augmentation du risque de cancer du sein associé au THS quelque soit les estrogènes utilisés et leur mode d'administration (oral, timbre, gel). La prise d'un progestatif de synthèse augmente ce risque. La tibolone est aussi associée à une augmentation du risque de ce cancer.
2008 L'étude française E3N
Cette étude sur 80 000 femmes ménopausées a été commencée en France en 1990 avec des hormones naturelles. Les derniers résultats suggèrent qu'il n'y a pas d'augmentation de risque chez les femmes traitées avec les estrogènes et la progestérone naturelle.
Que retenir ?
Le risque de cancer du sein est augmenté de manière significative qu'après 5 ou 7 ans de traitement et il reste faible en valeur absolue. Il ne serait pas augmenté avec les estrogènes naturels transdermiques et la progestérone naturelle. À confirmer.
Le risque d'accident vasculaire cérébral existe et celui des artères coronaires n'est présent que si la femme présente des facteurs de risque ou si elle est âgée de plus 65 ans. Les phlébites ne seraient pas augmentées par les estrogènes naturels.
XTraitement
hormonal substitutif - THS en vidéo
Ménopause: comment la traiter ? Le professeur Serge Rozenberg, Clinique de la ménopause et de l'ostéoporose au CHU Saint Pierre à Bruxelles explique
qu'en cas symptômes importants comme des bouffées de chaleur, des insomnies, des douleurs articulaires ou une sècheresse vaginale le traitement efficace est le traitement hormonal de substitution (THS), donné à la plus faible dose possible. | 1 vidéos |
Ce qu’il faut faire
Prendre le traitement uniquement lorsqu'il est nécessaire pour soulager les signes incommodants de la ménopause aux doses les plus faibles et le moins longtemps possible. Ce sont les recommandations des autorités françaises, l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).
Débuter le traitement seulement lorsque la ménopause est confirmée. Inutile de le prendre avant.
Choisir la voie d'administration de l'estrogène naturel qui vous souhaitez, crème, patch ou comprimés.
Choisir la séquence de traitement qui vous convient le mieux. Les deux hormones, estrogènes et progestérone, peuvent être prises tous les jours, c'est le traitement continu. Mais aussi de manière séquentielle, les estrogènes sont alors pris tous les jours, 25 jours par mois et les progestatifs, les 12 derniers jours du traitement. Les règles reviennent parfois un temps à l'arrêt mais ce sont des fausses règles.
Associer un progestatif à l'estrogène, sauf si vous avez eu une hystérectomie afin d'éviter une prolifération excessive de la muqueuse utérine liée aux estrogènes qui pourrait aboutir à un cancer de l'endomètre.
Avoir une bonne hygiène de vie est une condition importante pour bien traverser cette période. Une alimentation équilibrée, la pratique régulière d'exercice physique et le contrôle des principaux facteurs de risque (poids, tabac, alcool) sont nécessaires.
Évaluer régulièrement le rapport bénéfice-risque du traitement.
À l'arrêt du THS, prendre des traitements spécifiques pour les symptômes à traiter. Il existe des molécules très efficaces pour l'ostéoporose et des ovules ou de la crème pour la sécheresse vaginale, par exemple.
Une surveillance mammaire et cardiovasculaire régulière.
Ce qu’il ne faut pas faire
Prendre le traitement en cas de contre-indications : antécédent ou traitement cancer du sein ou de l'utérus, antécédent de phlébites, d'embolie pulmonaire, d'accident vasculaire cérébral et dans certaines autres maladies rares.
Prendre le traitement quand il n'est pas nécessaire. La présence de facteurs de risque d'ostéoporose n'est pas une indication du THS.
Confondre les manifestations liées à la ménopause avec celles du vieillissement naturel. Certaines femmes croient à tort que le traitement hormonal va soulager tous leurs symptômes.
Les questions que vous vous posez peut-être
Quelle est la différence entre le traitement hormonal et la pilule ?
La pilule contient un estrogène de synthèse, l'éthinyl-estradiol et un progestatif qui augmentent après l'âge de 40 ans les risques cardiaques, veineux, artériels et métaboliques. Elle ne peut être prescrite après 40 ans qu'en l'absence de ces contre indications. Le THS en France utilise des hormones naturelles.
Les phyto estrogènes contiennent ils des estrogènes ?
Les phyto estrogènes sont des substances végétales dérivés du soja qui ont à la fois des propriétés estrogéniques et anti estrogéniques. Ils peuvent améliorer les bouffées de chaleur, mais n'ont pas d'effet positif sur l'os. Ils sont contre-indiqués en cas d'antécédent de cancer du sein. Ils sont en vente libre en pharmacie et para pharmacie et non remboursés par la sécurité sociale.
Les chiffres
300 000 nouvelles femmes sont ménopausées tous les ans, ce qui fait 10 millions de femmes ménopausées en France.
Chez la femme ménopausée, le risque de maladie cardiovasculaire est quinze fois plus important que celui de cancer du sein.