Un témoignage
Je suis le papa d'une fille de 16 ans et demi, explique Jean. Je sais qu'elle n'a pas franchi encore le grand cap, et j'avoue que je ne suis pas pressé. L'entrée dans la vie sexuelle ne devrait pas être considérée comme un problème, pourtant, nous devons la mettre en garde contre le danger du sida et des maladies sexuellement transmissibles. A la maison nous parlons très librement, elle nous confie ses craintes, les garçons étant de plus en plus entreprenants avec elle. Nous lui avons conseillé d'utiliser dès le départ, et quelque soit son partenaire, le préservatif. D'ailleurs elle connaît... au lycée les enseignants en parlent aussi, et il y a un distributeur .
Bien des parents d'aujourd'hui, comme Jean, doivent guider leur enfant sur le chemin de la sexualité, pavé d'embûches. C'est presque la quadrature du cercle estiment les plus investis : comment laisser ces adolescents vivre leurs premières aventures librement et sereinement, tout en les prévenant des risques encourus ? Comment leur faire aimer l'amour, sans trop d'interdits ? Comment les laisser franchir en douceur ce cap initiatique tout en balisant la route de leurs premiers émois ? Et concrètement comment s'y prendre ? Faut-il faire emplette des préservatifs à la pharmacie pour eux ? Faut-il entrer dans les détails techniques, ou bien les renvoyer à leur prof de sciences naturelles ?
Un autre témoignage
Le discours que j'ai tenu à ma fille a toujours été très clair explique Maude, 45 ans : la première fois, tu ne le fais pas avec n'importe qui, pour faire comme tout le monde, mais tu le fais avec quelqu'un pour lequel tu as de l'amour et dans de bonnes conditions (c'est à dire avec un préservatif). Cette étape est importante pour ta vie sexuelle future et ton équilibre psychologique général. La première fois - ma fille avait alors 18 ans et demi - cela s'est passé spontanément à la maison, alors que j'étais là. Elle savait où se trouvait la boite de préservatifs laissée à sa libre disposition. Je lui avais bien expliqué qu'aujourd'hui le risque de sida était bien plus grave que celui de grossesse et qu'il fallait s'en protéger. L'amour était autorisé à la maison seulement le week-end, à cause de ses études. J'ai eu cette attitude là, parce que ma fille avait aussi un certain comportement. Elle était à la fois très rigoureuse et très sérieuse. Je pouvais lui faire confiance.
La confiance
Tout est là. Une confiance cela s'établit à deux : parents et enfants. Et ça ne s'établit pas en un jour. Il faut du temps. Gagner la confiance de ses parents, c'est à la fois pour l'adolescent gagner de la liberté et ne pas faire les choses pour le seul goût de l'interdit.
Que se passe-t-il dans la tête de vos enfants ?
Souvenez-vous, ce n'est pas si loin que cela votre première fois à vous !
Pour votre fils, plusieurs craintes peuvent l'assaillir :
Crainte que la partenaire découvre que c'est la première fois, ou de ne pas être à la hauteur, de décevoir. Crainte de paraître ridicule s'il ne sait comment s'y prendre. Crainte de ne pas être capable de procurer du plaisir ou d'en éprouver. Crainte de ne pas avoir d'érection ou d'avoir un sexe trop petit ou d'avoir du mal à pénétrer sa partenaire. Crainte d'avoir un orgasme trop rapide.
Pour votre fille, la crainte est sans doute plus proche de la peur et elle n'est pas de même nature : Peur de saigner, d'avoir mal, de tomber enceinte, peur de ne pas savoir comment s'y prendre, de ne pas être à la hauteur, de décevoir, honte de la nudité.
Et toutes ces craintes, il leur est difficile à l'un comme à l'autre de s'en ouvrir à vous car il sont justement dans la crise d'adolescence , ce moment où il vont s'opposer à vous pour prendre plus tard leur envol.
Que faire ?
Il n'y a pas de recettes, rien que des intentions et des attentions.
- Laisser la porte ouverte au dialogue sans chercher à savoir ou à donner des conseils.
- Ménager des plages de dialogue avec vos enfants où vous pourrez parler librement de tout et de rien. Le sujet viendra sur la table tôt ou tard. Il suffit d'être patient.
- Lui montrer simplement que vous êtes là en cas de problème.
- L'avertir sur la nécessité du préservatif, le jour où ca se passera . Et si, il ou elle l'a déjà fait, ce sera pour la fois prochaine.