Pourquoi modifier le calendrier vaccinal tous les ans ?
Les recommandations sont reconsidérées régulièrement en tenant compte de l'évolution épidémiologique de chaque
infection prévenues par des vaccins, de la mise à disposition de nouveaux vaccins (+ efficaces ou mieux tolérés ou mieux associés), de l'âge le plus approprié pour leur application. Le calendrier vaccinal est un compromis soigneusement pesé tenant compte de tous ces éléments, notamment pour l'immunisation du
nourrisson.
Qu'est-ce qu'un vaccin, comment agit-il ?
En administrant un vaccin, qui est un microbe (ou une partie du microbe)
rendu inactif ou atténué, notre organisme apprend à le reconnaître et
se prépare à s'en défendre.
Notre système immunitaire garde en
mémoire le portrait-robot du microbe (1) et peut être activé s'il le
rencontre: on parle alors de mémoire immunitaire, c'est ce qui fait que
l'on est immunisé (protégé) contre tel agent infectieux ou telle maladie
(2).
Pour acquérir une
immunité de base, plusieurs injections du
vaccin sont souvent nécessaires surtout chez le petit nourrisson (par
exemple, deux injections à deux mois d'intervalle avec rappel moins d'un
an après). Par la suite, l'immunité doit être entretenue par la
pratique de rappels réguliers afin de maintenir une protection
suffisante et durable (3,4).
(1)Les entreprises du
médicament
(LEEM). Dossier de presse. Les vaccinations et les rappels de
vaccination : des étapes essentielles du parcours santé des Français. 7
mars 2012.
(2) Les entreprises du médicament (LEEM). La vaccination, comment ça
marche ? www.leem.org/article/vaccination-comment-ca-marche
(3) Planète vaccination. La vaccination, pourquoi ? 2013.
(4)
Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). Le Calendrier des
vaccinations et les recommandations vaccinales 2013 selon l'avis du Haut
Conseil de la santé publique. 19 avril 2013 / n°14-15.
Quelle est l'efficacité d'un vaccin ?
Les vaccins ont contribué à la réduction spectaculaire du nombre de
personnes malades et de décès provoqués par des
maladies infectieuses
(1) :
• On estime que la vaccination a contribué, depuis 1950, à
diviser par 30 ou plus la mortalité due à certaines d'entre elles (1).
Elle a d'ailleurs permis en France d'éliminer des maladies comme la
diphtérie ou la
poliomyélite (1).
• En 1980, la variole, une
affection contagieuse aiguë potentiellement mortelle, a été déclarée
éradiquée suite à une campagne de vaccination mondiale menée par
l'Organisation Mondiale de la Santé (2).
• Entre 2000 et 2011, les décès par
rougeole dans le monde ont chuté de 71% grâce à la vaccination anti rougeoleuse (3).
(1)
Les entreprises du médicament (LEEM). Dossier de presse. Les
vaccinations et les rappels de vaccination : des étapes
essentielles du parcours santé des Français. 7 mars 2012.
(2) Organisation mondiale de la Santé (OMS). Thèmes de santé.
Variole. www.who.int/topics/smallpox/fr/
(3) Organisation mondiale de la Santé (OMS). Rougeole. Aide-mémoire n°286. Janvier 2013.
www.who.int/mediacentre/facsheets/fs286/fr/
A combien estime-t-on le nombre de personnes vaccinées en France ?
Tout vaccin confondu, on peut estimer que le taux de couverture vaccinal
en France est autour de 85% alors qu'il devrait atteindre 95 %(1). Le
problème réside essentiellement dans les taux de couverture par famille
de vaccins.
(1)INVS – 20 novembre 2012
A combien estime-t-on le nombre de décès évités en France par la vaccination ?
Impossible de répondre globalement à cette question dans la mesure où
les vaccinations modifient l'épidémiologie des maladies. Il faudrait
faire maladie par maladie en comparant pour chacune d'entre elles avant
et après vaccination. Exemple : avant 1992, date de l'introduction du
vaccin, il y avait 600 cas par an de méningites à Haemophilus b chez
l'enfant de moins de 5 ans, avec une mortalité de l'ordre de 10%. En
2000, il y avait 20 cas dont la moitié chez des enfants non vaccinés.
Certaines personnes utilisent un vaccin homéopathique contre la grippe. Est-il aussi efficace qu'un vaccin allopathique ?
Je ne sais pas ce que c'est qu'un vaccin homéopathique (dilution
infinitésimale d'un
antigène ?). Aucune étude n'est à ma connaissance
publiée sur l'efficacité d'un vaccin se dénommant homéopathique dans une
maladie. Il faudrait démontrer qu'une telle substance administrée à une
population la protège vis-à-vis de cette maladie par rapport à une
population qui a reçu un placebo à la place du vaccin et si possible
dans des conditions dites de double aveugle, c'est-à-dire que le
prescripteur ne sait pas ce qu'il donne (le vaccin ou le placebo), et le
sujet ne sait pas ce qu'il reçoit (vaccin ou placebo). Il faudrait que
dans ces conditions qu'après la levée de l'aveugle (on sait alors qui a
reçu quoi), il y ait dans le groupe « vacciné » moins de personnes
malades que dans le groupe placebo, avec une différence statistiquement
significative. C'est une méthodologie utilisée pour les vaccins non
homéopathiques.
Quelles seraient vos recommandations pour améliorer la couverture vaccinale des jeunes enfants et des adolescents en France ?
Si l'on se penche sur la couverture vaccinale des enfants jusqu'à l'âge
de 7 ans, et d'après l'enquête publiée en juin 2013 dans Archives de
Pédiatrie, qui compare l'état vaccinal des nourrissons et des jeunes
enfants français entre 2011 et 2008, on constate une couverture
vaccinale globalement assez bonne et une amélioration sensible. Ces
résultats témoignent d'une situation beaucoup plus favorable que chez
les adolescents (1) dont la couverture vaccinale est très insuffisante.
Les
raisons de ce désamour sont simples et elles ne sont pas là où on les
attend. On entend souvent dire que les ados se rendent peu chez le
médecin. C'est faux, nous avons pu constater que lors d'une enquête
effectuée fin novembre début décembre 80% des adolescents avaient rendu
visite à un médecin dans les 3 mois précédents essentiellement pour se
faire des
certificats médicaux.
Tout contact médical avec un
adolescent devrait faire l'objet d'une vérification des mises à jour des
vaccins. Je suggère d'ailleurs que le médecin puisse vacciner
l'adolescent immédiatement lorsque cela est possible (et avec accord
parental pour les mineurs) car il faut également penser à faciliter le
travail des professionnels de santé.
(1) Gaudelus J, et al. Med Mal Infect 2013, 43, 49-51
Y a-t-il une résurgence de certaines maladies en raison d'un faible taux de vaccination ?
Un bon taux de couverture diminue significativement la propagation de
certaines maladies infectieuses. Comme nous l'a montré la rougeole ces
dernières années, son caractère très contagieux nécessite un taux de
couverture de plus de 95% si on veut interrompre la circulation du
virus. Ce taux n'est pas encore atteint en France, contrairement à
certains pays du nord de l'Europe qui ont éliminé la rougeole depuis
plus de 10 ans. Au-dessous de ce seuil, la maladie est susceptible de se
propager à nouveau, et c'est exactement ce qui s'est passé dans notre
pays où 3 vagues épidémiques entre 2008 et 2011 ont été responsables de
24 000 cas déclarés de 30 encéphalites et de 10 morts. Lorsque les
autorités recommandent des vaccins, il faut le faire non seulement pour
soi mais aussi pour les autres !
Quels peuvent être les effets indésirables d'un vaccin ?
Certains vaccins peuvent provoquer de la fièvre, ou des douleurs au
point d'injection, mais ces réactions sont en général bénignes et moins
fréquentes que les complications liées aux maladies contre lesquelles
les vaccins protègent. Ces effets indésirables peuvent être diminués par
des traitements appropriés. Les complications graves sont rares.
Quelles sont les contre-indications à la vaccination ?
Dans certaines situations, un vaccin peut être contre-indiqué ou
nécessiter des mesures de précaution particulières destinées à diminuer
encore le risque d'effets indésirables.
- Pour tous les vaccins, en cas de maladie bénigne ou de fièvre, il suffit de retarder la vaccination de 1- 2 semaines.
-
Une allergie grave à l'une des substances contenues dans le vaccin ou
l'apparition d'une réaction allergique grave après une dose de vaccin
sont des contre-indications à effectuer ou poursuivre la vaccination. En
cas de réaction allergique bénigne (urticaire), la vaccination peut
être poursuivie avec des précautions particulières.-
- Lors de
maladie neurologique non définie et évolutive (par exemple spasmes
infantiles,
épilepsie non contrôlée,
encéphalopathie progressive), la
vaccination est recommandée dès que le statut neurologique est mieux
défini et stabilisé. La vaccination est possible voire recommandée
lorsque, aux yeux du médecin et des parents, la vaccination ne
représente pas de risque supplémentaire mais protège d'une maladie
potentiellement grave.
- Pour les vaccins vivants atténués contre
rougeole-oreillons-rubéole,
varicelle ou
fièvre jaune, la vaccination
doit être évitée chez les femmes enceintes (une
contraception est
nécessaire pendant un mois après chaque dose de vaccin).
- La
vaccination par un vaccin vivant est contre-indiquée chez les malades
dont le système immunitaire est déficient (immunodéficience cellulaire,
infection avancée à VIH….ou qui prennent un traitement
immunosuppresseur). (1)
(1)Infovac-France – Contre-indications vaccinales.
Quelle est l'importance du rappel vaccinal ?
Le rappel est très important surtout lorsque la vaccination est
effectuée très tôt dans la vie de l'enfant. Les bébés naissent avec un
système de
défense plus faible qui progressivement va s'améliorer. Il
faut plusieurs injections et un ou des rappels pour stimuler sa mémoire
immunitaire et rétablir la protection car son taux d'anticorps aura
tendance à diminuer. Pour éviter les infections graves, il est donc
fondamental d'effectuer les rappels (en particulier chez les moins de 2
ans).
En quoi consiste la simplification du calendrier vaccinal 2013 ? Quelles conséquences selon vous sur la couverture vaccinale ? Peut-elle favoriser le passage à l'acte ?
Nous constatons que cette simplification est bien réelle et devrait
avoir pour conséquence une meilleure couverture vaccinale. Dans les
grandes lignes, on peut retenir pour les enfants et les adolescents :
-
La suppression de l'injection à 3 mois pour le DTPCa HIb
(Diphtérie/Tétanos/Poliomyélite/ Coqueluche/ HIb) passant à 2 injections
à 2 et 4 mois et 1 rappel avancé à 11 mois comme pour les vaccins
contre les infections invasives à
pneumocoque et l'hépatite B ramené
également à 11 mois,
- le RRO à 12 mois au même moment que le
méningocoque C quelque soit le mode de garde avec une seconde injection
entre 16 et 18 mois,
- le rappel de la
coqueluche est à faire à 6 ans et à 11-13 ans combiné au DTP,
- le vaccin anti HPV recommandé entre 11 et 14 ans avec rattrapage possible jusqu'à 19 ans.
Concernant
les adultes, les nouveautés proposées dans le calendrier devraient
également simplifier la mémorisation des rappels qui nécessitait
auparavant des calculs. Chaque adulte devra savoir que les rappels des
vaccins contre la diphtérie, le
tétanos et la poliomyélite sont
nécessaires à 25, 45, 65 ans, âge auquel il faut ajouter la grippe, tous
les 10 ans. A l'âge de 25 ans, il ne faudra pas oublier le rappel de la
coqueluche également. Après 65 ans, les rappels se font à nouveau tous
les 10 ans. Ceci est dû à une diminution de l'efficacité du système
immunitaire à partir de cet âge.