Surface oculaire
La surface oculaire est à l'image d'une scène de théâtre sur laquelle de multiples acteurs, dans une unité de lieu, concourent à un même objectif : maintenir l'équilibre délicat de la surface de l'oeil et du film lacrymal, c'est-à-dire garantir la
vision. La
cornée est non seulement précieuse mais fragile. C'est elle qui transmet la lumière. Sans vaisseaux sanguins ni défense, elle très agressée et fragilisée par le milieu extérieur. Si la cornée est abimée c'est alors la vision qui est en danger !
Le film lacrymal, les
glandes lacrymales et les tissus environnants que sont la
conjonctive et les paupières, et qui composent la surface oculaire travaillent tous à maintenir cet
équilibre indispensable au bon fonctionnement de la vision. Les maladies qui peuvent
toucher la surface oculaire sont nombreuses et de différentes natures : inflammatoires, traumatiques, consécutives à une brûlure, d'origines infectieuses, dégénératives ou encore tumorales…
Altérations de la surface oculaire
Les pathologies qui altèrent la cornée et son environnement vont également influer sur la qualité de la surface et donc sur la vision. C'est le cas :
• de l'oeil sec, la pathologie la plus fréquente qui concerne 20 à 30% de la population et en développement du fait du vieillissement de la population. Elle se traduit essentiellement par une gêne : picotements, impression de sable sous les paupières, pouvant aller jusqu'à une véritable douleur si la cornée est altérée ;
• des allergies, et allergènes, qui touchent toutes les tranches d'âge et dont les symptômes peuvent être bénins ou graves. Ils peuvent être causés par des substances provenant de l'air, des mains, des produits de maquillage, de bijoux… Il peut s'agir d'allergies provoquées à la suite d'un contact direct ou non. Certaines allergies sont saisonnières, notamment au printemps avec les pollens, mais d'autres sont présentes tout au long de l'année, comme avec les
acariens ;
• des pathologies infectieuses qu'elles soient bactériennes, virales, mycosiques ou amibiennes. Leur prise en charge fait appel à toutes nos ressources
antibiotiques et antivirales mais si l'on peut sauver l'oeil, il est fréquent de laisser s'installer des séquelles visuelles ;
• des
lentilles de contact qui, mal adaptées, vont favoriser les altérations de la surface et engendrer des risques infectieux majeurs. L'exemple le plus typique est celui des lentilles
cosmétiques pour changer la couleur des yeux. Vendues sur internet, sans aucun contrôle médical et sans garantie de stérilité, elles font des ravages chez les adolescents ;
• des pathologies immunes de la conjonctive. Ces maladies ne sont pas strictement localisées sur la surface oculaire mais c'est le lieu de leur retentissement maximum. Dans ces situations un bilan allant au-delà des yeux est nécessaire et un traitement par voie générale souvent indispensable ;
• des dystrophies et dégénérescences de la cornée qui, en déformant la surface, vont lui faire perdre sa capacité à former une image correcte sur la
rétine ;
• des tumeurs du limbe (jonction entre cornée et conjonctive), de la conjonctive, de la sclère et des
paupières qui vont mettre en péril la surface. Leur traitement est évidemment spécifique qu'il soit médical, par
radiothérapie ou chirurgical.
Méthode d'exploration
Si la surface oculaire est aussi fragile c'est notamment parce qu'elle est en contact direct avec l'extérieur. Elle est exposée en première ligne à ses agresseurs potentiels : vent, pollution, particules physiques et chimiques... Mais elle est aussi plus accessible à l'observation de l'ophtalmologiste.
• L'examen clinique est donc primordial et constitue le point de départ de toutes les investigations. Des colorants spécifiques sont utilisés pour caractériser les anomalies de la surface. Tout poste d'examen ophtalmologique possède ce type d'exploration. La sécrétion lacrymale est explorée par des tests spécifiques (Schirmer, BUT ou mesure du temps de rupture du fil lacrymal) que tout ophtalmologiste sait exploiter.
• L'imagerie toujours plus sophistiquée et précise permettra de compléter le diagnostic :
- L'OCT (Optical coherence tomography ou tomographie par cohérence optique), nous renseigne sur la morphologie et la quantification du tissu de la surface. Cet examen non invasif est indolore et ne prend que quelques minutes à réaliser.
- La microscopie confocale, nous informe sur les cellules de la surface et le tissu cornéen sous-jacent. C'est également un examen non invasif et de réalisation rapide.
- La topographie cornéenne nous renseigne sur la forme de la face antérieure de la cornée et sur ses anomalies. Elle permet de définir les traitements nécessaires au rétablissement d'une surface optiquement correcte.
De nouveaux appareils sont à l'essai pour l'analyse du film lacrymal lui-même et en particulier de sa composante lipidique.