Point de départ
Les risques qui menacent la personne âgée sont très nombreux. Ils sont dus essentiellement à la diminution des performances physiques et mentales, à la solitude, et au contexte social. Ces trois facteurs en font une personne potentiellement fragile chez qui un accident ou un élément déstabilisateur peut avoir des conséquences considérables sur son autonomie.
La diminution des performances
Performances physiques
- L'un des problèmes qui survient généralement en premier est la perte ou la diminution des facultés ayant trait à la locomotion . Les problèmes articulaires liés à l'arthrose , en particulier au niveau des genoux ou des hanches, provoque des difficultés pour mouvoir les jambes et lever les pieds. C'est la raison pour laquelle, un appartement où une personne âgée vit seule, ne doit le plus possible pas comporter de tapis ou de carpette. Ceci d'autant plus que certaines personnes sont obligées de manipuler un déambulateur. Cette difficulté à se mouvoir a pour conséquence immédiate le risque de chutes dont certaines peuvent aboutir aussitôt à une perte d'autonomie : fractures du poignet , fracture de la main , et surtout fracture du col du fémur . C'est surtout cette dernière fracture qui est problématique, car elle impose une hospitalisation avec la pose d'une prothèse de hanche.
- A cela s'ajoute une certaine rigidité de la colonne vertébrale qui est fréquente, et qui diminue la souplesse nécessaire pour se rattraper en cas de déséquilibre. L'arthrose, là encore est en cause.
- La fonte musculaire est fréquente, avec souvent en contrepartie une prise de poids. Plus lourde et moins musclée, la personne âgée risque encore plus les chutes. La mobilisation articulaire et musculaire sont donc importantes pour ralentir cette fonte musculaire.
Performances sensorielles
- La diminution de l'ouïe a surtout un retentissement social, puisqu'elle empêche la personne de communiquer avec son entourage. Cela provoque un certain isolement, des relations amoindries, et donc une moindre sollicitation du cerveau. Or la « gymnastique intellectuelle » est essentielle pour maintenir le cerveau en éveil. Indirectement la baisse des capacités auditives participe donc à l'isolement, à la solitude, à la baisse du goût de vivre, et à la baisse des performances intellectuelles. Autre conséquence qui n'est pas des moindres, une faculté moindre à reconnaître les personnes, tant au téléphone qu'au travers de la porte d'entrée. Cela majore considérablement le risque d'agression à domicile.
- La diminution de la vue. Elle présente les mêmes conséquences que la baisse de l'audition sur le plan social et sur le plan du maintien des fonctions intellectuelles. Mais il s'y ajoute en plus une moindre sécurité : l'obstacle que l'on n'a pas vu en travers du chemin, la gène pour réagir de façon adaptée à une situation imprévue, etc.
- La perte d'équilibre n'est pas à proprement parler une performance sensorielle, mais elle est à la fois le fruit des performances physiques et de certaines performances sensorielles. Elle est génératrice d'une bonne partie des chutes. L'organisation de l'appartement doit donc être très bien pensée pour que la personne ait la possibilité de se déplacer avec le maximum de sécurité.
- Le goût et l'odorat sont souvent peu perturbés. Toutefois, lorsque ces sens sont touchés, une moindre appétence peut survenir, ce qui majore la fonte musculaire et donc la perte d'autonomie. Par ailleurs perdre le goût revient à être privé de l'un des plaisirs de l'existence qui est la nourriture. Cela peut indirectement majorer une dépression latente.
Performances mentales
- Elles sont à la fois la cause de certains problèmes (moindre mesure des risques de l'existence, perte des capacités de gestion des biens et de l'argent, risque d'agression ou de se faire escroquer, etc.), et la conséquence de la perte des performances sensorielles vues plus haut.
- Mais c'est surtout l'âge en lui-même qui est la cause de cette baisse de performance, majoré par les problèmes circulatoires et neurologiques. Les accidents vasculaires cérébraux sont générateurs de déficits neurologiques qui limitent les capacités de socialisation et donc l'entretien de la « machine » intellectuelle. La maladie d'Alzheimer , ainsi que toutes les maladies apparentées est bien entendu l'une des causes majeures de ces pertes de performances.
C'est pourquoi la stimulation et le maintien en éveil permanent sont aussi importants chez les personnes âgées, car ils conservent les fonctions intellectuelles en état d'activité.
La solitude
Elle est le lot de la plupart des personnes âgées, qu'elles vivent seules ou en institution. Cette solitude est renforcée par la limitation des performances physiques qui entravent la bonne communication avec l'entourage et surtout avec les personnes étrangères. En effet, la nouveauté dans la relation est un moteur qui sollicite le cerveau, or bien souvent les personnes âgées perdent de façon naturelle une certaine ouverture au monde et peuvent se recroqueville dans des attitudes de fermeture, ce qui majore la solitude.
Lutter contre la solitude, est donc limiter la dépendance.
Le contexte social
- Notre société est pour l'instant peu armée pour lutter contre la dépendance. Toutefois, en raison du vieillissement inéluctable de la population lié à l'augmentation de la durée de la vie, la société est dans l'obligation de se mobiliser. Des structures se mettent peu à peu en place, soit en institution, soit à domicile. Ainsi des aides à la dépendance existent, mises en place par les DDASS et les centres d'aide sociale.
- Il est vraisemblable que tout un arsenal sera mis en place dans les années qui viennent pour faire face au glissement progressif d'une partie de la population vers la dépendance.
- Des solutions techniques, liées aux moyens de communication et à la domotique, vont permettre qu'une certaine part de surveillance actuellement effectuée par des personnes physiques, soit effectuée par des moyens électroniques et télématiques. Toutefois, la part psychologique considérable qui existe dans la dépendance ne peut être prise en charge par des machines. C'est la question de la gestion transgénérationelle de la communication entre les actifs et les personnes dépendantes qui se pose. Et à cela, les réponses sont à la fois politiques, philosophiques et organisationnelles.