Point de départ
Vous vous préoccupez beaucoup de l'appétit de votre enfant, estimant que c'est un signe de bonne santé, persuadé que s'il ne mange pas correctement il est malade ou va le devenir. Votre entourage vous y incite : « Comment a-t-il mangé ? A-t-il fini son repas ? » Or ces préoccupations sont souvent infondées, mal comprises, mal interprétées. Essayons donc de comprendre, d'analyser, de distinguer ce qui est normal et ce qui l'est moins. Examinons deux situations : l'enfant « qui ne mange pas », l'enfant « qui mange trop ».
L'ENFANT QUI NE MANGE PAS
Il faut en fait distinguer trois types de situations :
- Votre enfant mange peu.
- Votre enfant mange moins que d'habitude.
- Votre enfant refuse de manger de façon régulière : cette situation seule mérite le terme d'anorexie.
Votre enfant mange peu
C'est un petit mangeur.
Si sa croissance est régulière en taille et en poids, c'est que ses besoins sont inférieurs à ceux d'autres enfants. Quand vous réalisez bien que l'enfant prend ce dont il a besoin, laissez-le faire, proposez-lui des quantités moindres et vous n'aurez pas ainsi l'obsession du biberon, du bol ou de l'assiette dans lesquels il laisse une certaine quantité d'aliments. Ne le forcez jamais à finir. Cela n'arrange rien, bien au contraire.
Vous le trouvez trop petit ou trop maigre. La situation devient plus difficile, d'autant que votre entourage ne manque pas de vous faire des reproches : « Tu ne lui donnes pas assez à manger, tu le nourris mal, il ne mange pas assez par rapport aux autres, vois ton médecin… » Quoi de plus naturel que de penser qu'un enfant grandit lentement ou grossit peu parce qu'il ne mange pas assez ? Or il vous faut accepter le principe inverse : votre enfant mange peu ou moins qu'un autre parce qu'il grandit plus lentement. Le monde est ainsi fait : il est des Blancs, des Noirs, des Jaunes, des blonds, des bruns, des grands, des petits, des gros et des maigres. Si votre enfant vous paraît trop petit ou trop maigre, n'accusez pas automatiquement son alimentation et le fait qu'il mange peu.
Assurez-vous auprès de votre médecin que sa croissance se fait régulièrement (en taille et en poids), même un peu au-dessous des normes. Si son comportement, son développement psychomoteur sont parfaits, laissez-le manger les quantités qu'il veut : ce sont celles dont il a besoin.
Votre enfant mange moins que d'habitude
Pendant certaines périodes, plus ou moins longues, votre enfant peut manquer d'appétit et moins manger. Cela vous inquiète car vous craignez pour sa santé, pour sa croissance. Sachez cependant qu'il existe souvent des explications simples à ce phénomène.
Une maladie, quelle que soit son importance : un enfant qui a de la fièvre, de la diarrhée, mal au ventre, qui est enrhumé (un nez bouché gêne la prise du biberon), qui tousse, etc., n'a pas faim. Ne le forcez pas à manger, vous le feriez vomir. Il mangera quant il sera guéri. N'imaginez pas qu'il faut manger pour guérir plus vite. Quand vous êtes malade vous-même, vous n'avez pas très faim. C'est la même chose pour votre bébé. Souvent d'ailleurs, après sa maladie, il y aura une phase où il mangera beaucoup plus, à la période de convalescence.
Les poussées dentaires peuvent transitoirement couper l'appétit.
Parfois, le manque d'appétit est le seul symptôme : votre enfant ne mange pas ou peu, mais il va très bien, a une activité normale, dort bien. Comme celui des adultes, son appétit est variable : il connaît des périodes de grand appétit, des périodes de manque d'appétit ; sachez les respecter. Celles-ci sont souvent rythmées par des phases de croissance accélérée ou ralentie, des phases du développement psychomoteur.
C'est ainsi que l'on peut, entre autres, dégager quelques périodes de perte d'appétit.
A partir de 5-6 mois
Pendant les premiers mois de la vie, votre enfant a bien mangé, bien poussé aussi ; puis, vers 5 à 6 mois, parfois avant s'il a beaucoup grandi, sa croissance s'est normalement ralentie, ses besoins ont diminué, d'où une baisse normale de l'appétit.
De plus, c'est éventuellement la période des premières poussées dentaires et, surtout s'il est en crèche, des premières maladies. C'est aussi la période de la diversification, donc de l'introduction de nouvelles saveurs, de nouvelles consistances, celle du passage à la cuillère. C'est donc une période critique pour l'appétit et la prise de poids.
Dans la deuxième année de la vie
Dans la deuxième année de la vie, la croissance se ralentit encore et les besoins diminuent. L'enfant veut manger seul. Il devient capricieux vis-à-vis de l'alimentation comme vis-à-vis du reste : c'est la phase d'opposition, d'instabilité, et le refus de l'alimentation en fait partie – surtout qu'il perçoit que ce refus a un certain pouvoir sur vous. Il est donc normal qu'il y ait pendant cette période de grandes variations de l'appétit, parfois même d'un repas à l'autre.
A partir de 2 ans ½
Votre enfant entre dans une phase d'indépendance, d'autonomie, qui va se traduire là aussi, transitoirement, par un refus d'alimentation, manière d'attirer l'attention sur lui. À cet âge, tout événement important – naissance d'un frère, séparation transitoire de la mère, hospitalisation, etc. – peut induire des difficultés alimentaires.
Pourquoi un enfant mange-t-il peu ?
- Parce que c'est un « petit mangeur », ce qui ne veut pas dire une « petite nature ».
- Parce qu'il est malade.
- Parce qu'il a une poussée dentaire.
- Parce que l'appétit varie avec les périodes de l'enfance.
- Parce qu'il est à l'âge des caprices.
- Parce qu'il veut faire preuve d'indépendance.
- Parce qu'il veut tester… votre résistance.
… Acceptez ce moment avec sourire et indulgence.