Manifestation de l'anorexie du petit enfant
À l'occasion de ces périodes de baisse de l'appétit peut apparaître, selon l'attitude que vous ou votre entourage avez adoptée, un refus total de l'alimentation : c'est l'anorexie du nourrisson et du petit enfant.
Chez le nourrisson, elle s'exprime par des pleurs, une agitation au moment des repas, un refus du biberon en serrant les dents ou en détournant la tête, en se cabrant, un refus de la cuillère ou le crachement immédiat de ce qui est mis dans la bouche. Parfois, le bébé se laisse nourrir, puis il vomit tout.
Chez le petit enfant, le refus est plus sélectif : viande, légumes, repas du midi ou du soir, alors que le petit déjeuner et le goûter sont mieux acceptés. Il arrive que ce refus soit violent : crise de nerfs, agressivité, pleurs.
Ces situations sont dramatiques pour vous, pour votre équilibre, pour la paix familiale : tout doit être mis en œuvre pour les comprendre, et surtout pour les éviter.
Comment cela peut-il arriver ?
Nous l'avons vu, certains enfants sont de petits mangeurs ; même chez ceux qui ont un solide appétit, des périodes de moindre appétit apparaissent à l'occasion d'une petite maladie, d'un changement dans le mode de vie… ou peut-être d'un désir d'indépendance. Vous le savez, l'enfant est un opposant permanent. Or, quand il est petit, sa seule façon ou presque de s'opposer à vous est de refuser le repas.
Si à ce moment-là vous le forcez, vous entrez dans son jeu. Il s'aperçoit à votre insu que « ça marche »… il cherche donc à accroître la pression : il refuse à nouveau… Vous le forcez encore… L'escalade s'installe ; sans que vous ne vous en rendiez compte, il devient peu à peu anorexique, et votre vie devient un cauchemar.
Il est inévitable que vous supportiez mal le refus d'un ou de plusieurs repas, vous tenez à ce que la nutrition de votre enfant soit correcte : vous lui donnez à manger pour sa croissance, son développement, son bien-être. Mais pour vous le repas s'accompagne d'une dimension affective : c'est ou ce devrait être un moment privilégié de relation. Vous préparez un repas avec amour… et il le refuse. Plus ou moins confusément, vous avez le sentiment que c'est votre amour qu'il refuse, vous-même qu'il rejette. Alors vous le forcez et vous avez tort… Car s'il ne vous aimait pas, si vous lui étiez indifférent, il ne s'opposerait pas, il ne refuserait pas.
Vous dont le bébé n'a jamais eu ce type de problème ou dont les autres enfants ont toujours été des mangeurs réguliers, pensez que cela n'arrive pas qu'aux autres : un jour il n'aura pas faim ; un jour vous aurez envie de le forcer.
Sachez résister à cette envie et n'écoutez surtout pas ceux qui vous disent que l'anorexie est la conséquence d'un trouble de la relation entre la mère et l'enfant. Ce n'est pas le trouble relationnel qui crée l'anorexie, c'est le forcing alimentaire, la tension, le combat incessant qui induisent le trouble de la relation.
Pour éviter que ce conflit ne s'installe
Méditez ces règles d'or :
- Ne le forcez jamais à manger : plus vous le forcez, plus la nourriture le dégoûte.
- Ne transformez pas le repas en séance de jeu… moins encore en séance de combat.
- Présentez les repas sans insister pour qu'il les finisse.
- Variez les régimes, évitez la monotonie, évitez les changements brutaux.
- Offrez de petites quantités. Vous en rajouterez si nécessaire.
- Limitez la durée du repas à 20 minutes, une demi-heure au maximum.
- Ne remplacez jamais un repas qui a été refusé.
- Ne donnez rien entre les repas, même s'il le réclame.
- Ne vous fâchez pas.
… Et souvenez-vous que tout repas est proposé et non imposé.