L'ENJEU DU PROBLEME
C'est, en pédiatrie, l'un des problèmes majeurs de cette fin de siècle, dans les pays occidentaux. Tout le monde en est conscient. On en parle mais on l'oublie souvent, estimant sans doute que l'accident « n'arrive qu'aux autres ». Notre réflexion doit se nourrir de quelques chiffres afin de situer l'enjeu véritable.
- En France, chaque année, 1 enfant sur 10 est victime d'un accident.
- Toutes les 4 heures, un enfant meurt victime d'un accident.
- C'est la première cause d'hospitalisation des enfants.
- C'est la cinquième cause de recours au médecin de famille.
- Entre 1 et 3 ans, l'accident est cause de 40% des décès.
LE ROLE DES PARENTS
Il est considérable. Sans doute les pouvoirs publics, les fabricants, les urbanistes ont-ils un rôle à jouer pour édifier une réglementation, prévoir des systèmes de protection, mais toute réglementation peut être transgressée et aucun système de protection n'est efficace à 100%. La prévention de l'accident est essentiellement du domaine de la responsabilité individuelle…
Prenons un exemple. La réglementation concernant la prévention des accidents de la route est très précise : limitation de vitesse, lutte contre l'alcoolémie élevée, port de la ceinture de sécurité… Mais, au nom du « respect des libertés individuelles », un certain nombre de nos concitoyens passent outre, et nous sommes un pays où le nombre d'accidents de la route est élevé.
Pour protéger vos enfants contre les accidents, comptez d'abord et avant tout sur vous.
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L'EDUCATION CONTRE L'ACCIDENT
Toute attitude éducative qui consisterait uniquement à « enlever les cailloux devant les pieds de l'enfant de peur qu'il ne trébuche » est vouée à l'échec. Un jour ou l'autre, il échappera à la surveillance. Un jour ou l'autre, il voudra jouir de sa liberté. Un jour ou l'autre, il jouera à prendre des risques.
Dans la petite enfance, avant que l'enfant ne soit accessible à un minimum de compréhension et d'éducation, il est évident que seule la prévention passive (« qui enlève les cailloux ») est efficace. Il faut savoir la pratiquer avec patience, persévérance et à tous les instants. Jusqu'à 3 ans, il n'est guère éducable, et c'est ce type de prévention qui doit être privilégié.
Mais, très vite, vous allez apprendre à votre enfant à se défendre. Une fois que vous aurez repéré les dangers, vous allez lui expliquer, lui faire toucher du doigt : « ça brûle, ça pique, ça fait MAL, etc. » Chacun d'entre vous le fait spontanément, mais peut-être de façon épisodique et anarchique. Chaque danger repéré mérite une éducation spécifique. Il faut vous y atteler, comme à toute autre tâche éducative, en sachant tenir compte de la personnalité de votre enfant.
SE METTRE A LA PLACE DE L'ENFANT
Très souvent, les accidents surviennent alors même que l'entourage, pourtant attentif, n'imaginait pas qu'il y avait réellement danger. Ainsi, pour bien comprendre où se situent les risques, essayez de vous mettre à la place de l'enfant.
Se mettre à sa place, c'est d'abord avoir en mémoire les grandes étapes de son développement psychomoteur. (Elles ont été étudiées au chapitre « Le développement psychomoteur ».) En y réfléchissant, vous comprendrez peut-être mieux à quel âge surviennent certains dangers. Ainsi, dès que le bébé est capable de se retourner, il peut tomber de la table à langer ; dès qu'il se déplace (c'est-à-dire bien avant de marcher), il peut toucher aux prises de courant ou attraper ce qui est dans le placard sous l'évier… Vous savez qu'entre 18 mois et 3 ans il est agité et opposant : pendant cette période, vos interdits, vos mises en garde seront souvent transgressés… C'est l'âge « idéal » des accidents à la maison.
Se mettre à sa place, c'est aussi le faire réellement, physiquement. De par sa taille, votre enfant voit son environnement sous un aspect tout à fait différent de nous. Parce que ses yeux ne sont pas à la même hauteur que les vôtres, son champ de vision n'est pas le même. Faites cette expérience simple : accroupissez-vous pour mettre vos yeux à la même hauteur que les siens (comme vous le faites spontanément lorsque vous jouez avec lui). Faites-le chez vous et à l'extérieur, dans la rue. Regardez autour de vous : vous verrez un univers tout différent du vôtre. Vous découvrirez alors des dangers que jusqu'alors vous ne soupçonniez pas. Vous vous rendrez compte également que certains dangers que vous souhaitez lui signaler ne sont pas inclus dans son champ de vision. Vous devez tenir compte en permanence de cette nouvelle façon de voir.