Seconde cause d'invalidité
En France, l'arthrose affecte entre 9 et 10 millions de personnes, soit environ 17% de la population, dont environ 75% de femmes. Elle constitue le premier motif de consultation médicale après les maladies cardio-vasculaires. Seconde cause d'invalidité dans notre pays, elle est responsable d'une dégradation importante de la qualité de vie. Les patients ont en moyenne 60 ans mais les premiers symptômes peuvent apparaître bien plus tôt. L'articulation la plus touchée est la colonne vertébrale, suivie du
genou.
Vraie maladie
Pour comprendre l'arthrose, il faut avant toute chose comprendre ce qu'est le
cartilage. Ce tissu d'aspect nacré recouvre les extrémités osseuses. Son rôle est double : assurer un glissement parfait entre les os et garantir la répartition des pressions exercées sur ces derniers. Quelques éléments de la matrice cartilagineuse se renouvelle tous les 3 mois, d'autres ne se renouvellent quasiment jamais. Le cartilage ne doit pas se détacher, sauf au cours de l'arthrose et donc en cas de maladie.
L'arthrose survient lorsque, à la suite de phénomènes mécaniques et biologiques, un déséquilibre se produit entre la fabrication et la destruction du cartilage. Dans un premier temps, le cartilage tente de réparer ces lésions, mais il se trouve plus ou moins rapidement dans l'incapacité de compenser le déséquilibre. L'épaisseur du cartilage diminue alors, entraînant un pincement de l'articulation (les deux extrémités osseuses se rapprochent) et des
fissures dans le tissu cartilagineux.
L'arthrose est confirmée par les clichés radiographiques. Mais attention, il n'y a pas toujours de concordance entre l'importance des lésions radiographiques et les signes ressentis : les douleurs peuvent être très importantes alors que les signes radiographiques sont peu prononcés et inversement.
Contrairement à une idée répandue, le vieillissement ne suffit pas, à lui seul, à expliquer l'apparition d'une
arthrose. Evidement, l'âge va de pair avec une moindre résistance du cartilage. Mais il existe bien d'autres facteurs de risques : les micro-traumatismes répétés subis dans certaines professions manuelles ; les traumatismes articulaires retrouvés dans certaines pratiques sportives excessives ; l'excès de poids ; la
ménopause ; l'hérédité ; les maladies microcristallines (goutte, chondrocalcinose, hémochromatose, maladie de Wilson) ; les troubles de l'architecture des membres (luxation congénitale de la hanche, le genu varum, le genu valgum).
XArthrose : maladie et traitements en vidéo
Arthrose : traitement Présentation du traitement de l'arthrose . | 4 vidéos |
Qualité de vie
L'arthrose peut entraîner d'importantes limitations fonctionnelles dues à la raideur articulaire et aux douleurs qu'elle provoque. Le cartilage n'étant pas innervé, ce n'est pas lui qui "fait mal". La douleur ressentie naît à partir des tissus voisins qui sont également touchés par les lésions arthrosiques : la membrane
synoviale en particulier, mais aussi l'os sous-chondral, les
ligaments et les
tendons. L'information douloureuse démarre des terminaisons nerveuses présentes dans ces tissus. Elle chemine ensuite par les
nerfs jusqu'à la
moelle épinière et gagne le
cerveau qui déclenche la sensation de douleur. Fait étonnant, une fois le cartilage lésé, il peut également se produire une "néoneurogenèse" : du fait de la maladie arthrosique, des terminaisons nerveuses apparaissent au
sein même du cartilage qui en est initialement dépourvu.
Maladie chronique se manifestant par poussées, l'arthrose peut altérer de façon importante la qualité de vie des patients, tant sur le plan professionnel que social et familial. 80% des patients arthrosiques disent leur moral impacté. Pour 25% d'entre eux, la maladie a un impact sur leur vie de couple (1). Son retentissement psychologique est d'autant plus fort que cette maladie est parfois mal comprise par l'entourage des malades. Même les proches les plus attentifs ont parfois du mal à percevoir la souffrance ressentie puisque l'objet de la douleur ne se voit pas. S'ajoute à cet isolement la crainte de la perte irrémédiable de la mobilité (53% des patients disent avoir
peur du handicap). Cette crainte, infondée, s'explique par le caractère chronique de la maladie qui laisse penser aux patients que leurs
articulations vont se dégrader inéluctablement.
(1) Enquête « Stop Arthrose » à l'initiative de l'Alliance nationale
contre l'arthrose lancée fin 2012 et à laquelle ont répondu plus de 4600 patients arthrosiques.
Traitement
Il n'existe pas de traitement curatif de l'arthrose. Mais une fois qu'elle est dépistée, on sait aujourd'hui soulager la douleur et préserver la mobilité articulaire. La prise en charge est double et indissociable, à la fois médicale et non médicale.
Prise en charge médicamenteuse
Les antalgiques
Les antalgiques (appelés également analgésiques) type
paracétamol occupent une place de choix dans la prise en charge des douleurs. En bloquant l'inflammation, les anti-inflammatoires sont très utiles lors des poussées inflammatoires. Il peut s'agit d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) à prendre sur de courtes périodes par voie orale, ou d'anti-inflammatoires stéroïdiens ; ces dérivés de la
cortisone sont injectés directement dans l'articulation (infiltration). Les anti-arthrosiques symptomatiques d'action lente (AASAL) diminuent chez certains patients l'intensité des douleurs, en particulier pour l'arthrose des hanches et des genoux.
Gels et pommades anti-inflammatoires
Les gels et pommades anti-inflammatoires sont intéressants sur les petites articulations comme celles des doigts. Ils ont l'avantage d'agir rapidement et de limiter le risque d'effets indésirables des anti-inflammatoires pris par voie orale, notamment pour les personnes souffrant de l'estomac.
Appareillages médicaux
Les appareillages médicaux : l'utilisation d'orthèses, de semelles orthopédiques, de compresses thermiques, de cannes ou de béquilles peut apporter un confort supplémentaire.
Chirurgie
La chirurgie : La pose d'une
prothèse du genou ou de la
hanche est envisagée lorsque les
médicaments ne suffisent plus à soulager les douleurs et que les lésions d'arthrose sont « bien avancées » sur les
radiographies.
Prise en charge non médicamenteuse
Mesures hygiéno-diététiques
Les mesures hygiéno-diététiques font partie intégrante de la prise en charge de l'arthrose. Première des 25 recommandations émises en 2013 par la Société internationale de recherche sur l'arthrose (OARSI) concernant les soins optimaux en cas d'arthrose du genou ou de la hanche : leur prise en charge optimale requiert d'associer des moyens médicamenteux et des moyens non médicamenteux. Parmi ces moyens non médicamenteux figurent en priorité la lutte contre un éventuel surpoids et le maintien d'une activité physique régulière.
Perte de poids
Perte de poids : en cas de surcharge pondérale, une perte de poids même modérée aura des effets positifs sur l'arthrose et les douleurs qui l'accompagnent. En effet, le surpoids (IMC supérieur à 25) augmente les contraintes mécaniques sur les articulations portantes (genou, hanche). Il a été démontré qu'au-dessus d'un IMC de 27, le risque de gonarthrose (arthrose du genou) s'élève de 14% à chaque augmentation d'un kilogramme/m2. A l'inverse, une perte de poids de 10% améliore les symptômes de 28%. Et une perte de poids de 5 kilos évite un quart des interventions chirurgicales. A noter que l'obésité (IMC supérieur à 30) favorise également l'arthrose des doigts, probablement par le biais de mécanismes inflammatoires induits par les modifications métaboliques secondaires à l'excès pondéral.
Marche
Marche : d'après des chercheurs de l'Université du Massachusetts, faire 6000 pas par jour, soit un peu moins de 5 km, même en plusieurs fois, suffit à réduire le risque de limitation fonctionnelle associée à l'arthrose du genou. Au-delà, chaque kilomètre supplémentaire réduit encore le risque de 16%.
Activité physique
Activité physique régulière : les principales sociétés savantes de
rhumatologie recommandent avec insistance de conserver une activité adaptée : elle réduit les douleurs, améliore la mobilité articulaire, renforce les muscles, diminue l'inflammation et contribue à lutter contre un éventuel excès pondéral. Le
mouvement est bénéfique pour le cartilage car il lui permet d'améliorer sa
nutrition et de stimuler ses cellules. arche, natation, vélo... Le choix des activités physiques est large. Il se fait en concertation avec les médecins et éventuellement le kinésithérapeute. Il doit rimer avec plaisir, l'objectif étant de bouger avec régularité, sur le long terme. Seul bémol : l'activité physique doit être suspendue pendant les crises douloureuses aiguës (poussées d'arthrose). Lorsqu'une articulation est plus sensible qu'habituellement, chaude et gonflée, il faut la laisser se reposer.
Rééducation
Rééducation avec un kinésithérapeute : l'apprentissage de mouvements visant à maintenir ou à récupérer partiellement l'amplitude des mouvements des articulations atteintes, les massages, l'application de chaleur contribuent à soulager l'arthrose.
Cures thermales
Cures thermales : elles auraient un effet bénéfique sur la douleur, la mobilité et le bien-être des patients souffrant d'arthrose du genou, de la hanche et des doigts. Elles permettraient également de diminuer la consommation de médicaments antalgiques et anti-inflammatoires.