Point de départ
La masse grasse du corps correspond à la quantité totale de graisse répartie dans l'organisme. Certaines graisses sont constitutives de l'organisme et ne fondent que dans des conditions de restrictions alimentaires anormales, comme celles que l'on peut observer dans les pays très pauvres de la planète. Dans les conditions de vie normale, cette graisse se sera jamais mobilisée : graisse autour d'organes de l'abdomen, graisse entre plans musculaires, etc.). Le reste de la graisse est mobilisable et correspond à ce qu'on appelle la masse grasse.
Répartition
La moitié de cette masse grasse est située sous la peau. C'est à ce niveau que se stockent les graisses en cas de surpoids. Mais elle ne se répartit pas de façon uniforme. Certaines zones restent longtemps dépourvues de graisses : les chevilles, les paupières, le dos des mains et des pieds. Le reste se situe le plus souvent dans des espaces du péritoine autour des organes abdominaux. Ce tissu sert selon les cas à protéger les organes ou à les soutenir.
La femme possède naturellement plus de graisse que l'homme (20 à 25% contre 10 à 15%). Cette disproportion naturelle est due au fait que la femme dans l'ordre des mammifères dont nous faisons partie, étant programmée pour enfanter, ses réserves de graisse sont indispensables pour faire face à la grossesse. En revanche, l'homme (également dans cette optique de programmation de l'espèce humaine) a plus de muscles (chasse, construction, etc.), donc proportionnellement moins de graisse.
De plus, la graisse en excès ne se répartit pas de façon équivalente selon le sexe. Chez l'homme, elle se situera sur le ventre, le cou, les épaules et la cage thoracique. Chez la femme, elle se localisera sur les fesses, les cuisses, les hanches et le tour de taille. La répartition « gynoïde » ou « androïde » est donc sous contrôle hormonal (surrénales et ovaires .
Rôle
L'ensemble de cette masse grasse sert à la fois :
- De réserve énergétique en cas d'alimentation insuffisante
- De soutien des organes profonds
- De protection contre le froid (graisse sous-cutanée)
La mesure de la masse grasse
Le pli cutané
- La technique la plus simple mais la moins précise est celle des plis cutanés mesurée avec un compas sur le dessus et à l'arrière de l'avant-bras, derrière l'aisselle, au niveau du tour de taille (les poignées d'amour », ou sur le ventre. L'idée générale, c'est que lorsque le pli cutané est à la base du pli, supérieure à 3 cm, la personne est en surcharge de masse grasse. De même si le pli sous le bras est supérieur à 2 cm, on est en surcharge graisseuse.
Le tour de taille
Il n'a de valeur en soi que comparé au tour de hanche. On mesure donc avec un centimètre de couturier le tour de taille (sans rentrer le ventre !) à différents niveaux, et on ne retient que le plus petit. On fait pareil avec le tour de hanches à différents niveaux, et on ne retient que le plus grand. Puis on fait le rapport tour de taille/tour de hanche.
- Chez les femmes il est compris entre 0,64 et 0,84. Au delà de 0,84, il y a surcharge en masse grasse, mais surtout, cela signifie que ces graisses sont à répartition « fémorale » ou « gynoïde », c'est à dire plutôt de type féminin.
- Chez les hommes il est compris entre 0,85 et 1. Au delà de 1, il y a surcharge en masse grasse, à répartition « abdominale » ou « androïde », c'est à dire plutôt de type masculin.
Les examens complémentaires
Il y a divers moyens de mesurer précisément la masse grasse.
- L'impédancemétrie . On envoie un courant électrique de faible intensité aux jambes et aux bras et on mesure la conductivité de ce courant dans le corps. Plus le corps contient d'eau (donc de masse maigre), meilleure sera la conduction du courant. On peut donc évaluer précisément la masse maigre. La masse grasse correspond donc à la différence entre poids total et masse maigre. Toutefois cette méthode est relativement imprécise et doit être corrélée au sexe et à l'âge.
- L'échographie . Elle permet de mesurer directement l'épaisseur de graisse sous la peau. Un calcul permet de déterminer la masse totale.
- Le scanner et l'IRM permettent également de visualiser l'épaisseur de graisse profonde. Ce sont toutefois des examens coûteux par rapport à la nécessité qu'on a de précision de la masse grasse.
- Les infra-rouges. Très peu utilisés. Le principe est lié à l'absorption plus ou moins grande des tissus dans la graisse de la peau.
- La créatinine urinaire. On mesure la quantité de créatinine éliminées dans les urines en 24 heures. Or la créatinine est à 80% le produit de dégradation exclusif des muscles. On rapporte le taux de créatinine à la taille, ce qui permet grâce à des tables de calcul de déterminer la masse musculaire totale et de déduire la masse grasse.
- D'autres techniques sont parfois utilisées : le DEXA (Dual Energy X-Ray Absorptiometry) permet de mesurer l'absorption des rayons X qui ne se fait pas de la même façon dans la graisse que dans la masse maigre. Le comptage du potassium 40, 70% du potassium se trouvant dans la masse maigre, et 0,012% du potassium étant du potassium 40. L'hydrodensitométrie, la radioactivation neutronique et les méthodes de dilution sont encore moins utilisées.
Finalement
La détermination de la masse grasse permet de savoir sur quel volume de graisse il faut jouer. En effet, pour deux personnes en surpoids ayant même taille, même âge et même sexe, celle qui a la masse grasse la plus importante a une marge d'amaigrissement plus grande que celle qui a une masse grasse plus faible. Car ce qu'il faut bien comprendre, c'est que toute perte de poids durable et non dangereuse (à condition de respecter certaines limites) ne pourra se faire qu'aux dépens des graisses, donc de la masse grasse.