Point de départ
L'habillement constitue pour l'enfant un enjeu très important qui le suivra toute sa vie. Cela commence dès l'âge de 3 ans, c'est à dire dès la socialisation et le regard des autres.
Pour l'enfant, l'habillement est d'abord question d'autonomie , ensuite instrument d'opposition aux parents, et enfin outil de ralliement à des clans lorsqu'il sera à l'école.
La situation
Elle est souvent conflictuelle, le désir de l'enfant s'opposant à la volonté des parents qui voient à la fois dans l'habillement le côté pratique (chaud, froid, salissant, etc.) et le côté social puisqu'on cherche à ce que son enfant soit le plus beau et le plus présentable possible puisqu'on en est fier.
Cette différence de vue peut se transformer en véritable guerre de tranchées, l'enfant mettant toute sa volonté d'opposition pour faire valoir son point de vue. Et le conflit devient d'autant plus marqué, que les parents sont, surtout le matin, pressés et peu enclins au dialogue.
Ce qui se passe dans sa tête
- S'habiller, c'est faire comme les parents qui le font plusieurs fois par jour. Et donc faire comme eux est une preuve d'autonomie. L'enfant est fier de montrer qu'il peut s'habiller tout seul.
- S'habiller est également le choix des couleurs et des vêtements. C'est s'identifier au parent (surtout celui de sexe opposé). Mais c'est aussi s'en détacher en se démarquant et en s'affranchissant de leur volonté. Ce point est surtout net pour les enfants à partir de l'âge de 4-5 ans, et il en sera ainsi jusqu'à l'âge adulte, en particulier à l'adolescence.
- Et c'est également faire allégence au clan auquel on veut appartenir à l'école.
L'interprétation du psy
Dès l'âge de 2-3 ans
Les goûts vestimentaires peuvent commencer très tôt. Ne serait-ce déjà dans le simple fait de s'habiller. Pour l'enfant être capable de s'habiller seul est un moyen de montrer qu'il est grand et autonome. Mais c'est aussi un moyen d'affirmer sa personnalité qui est en train de se construire peu à peu.
Il y a également une forte valeur affective donnés au vêtement : le cadeau que lui a fait sa grand-mère, ou une circonstance particulièrement heureuse ou positive au cours de laquelle il portait déjà ce vêtement, bref bien des valeurs qui sont attachées à certains vêtements et qui ne sont pas du goût des parents. Les conflits sur l'habillement sont souvent la cause de colères chez l'enfant.
A partir de 3 ans
- A toutes ces notions affectives, viennent se rajouter les éléments dus à la socialisation à l'école. S'habiller pareil que les copains est le moyen d'appartenir à un clan et donc de n'être pas rejeté par la majorité. On se doit de porter les mêmes baskets, les mêmes marques, les mêmes couleurs, etc.
- L'habillement est également une armure qui permet de masquer certaines fragilités. Les adultes en sont tous là aussi, et donc l'enfant sur ce plan fonctionne exactement comme un adulte. Il suffit pour le comprendre de vous reporter à vos propres complexes ou fragilités qui motivent votre façon de vous habiller.
- Parfois aussi l'enfant s'habille de telle façon ou de telle autre pour lancer un message à l'un de ses petits copains ou copines afin de lui dire qu'il l'aime. Et si vous vous doutez de ce stratagème il ne l'avouera pas, par simple pudeur.
- L'habillement est également un outil de socialisation très important : on appartient au clan de ceux auxquels on veut ressembler. Cet aspect ne fera qu'aller en augmentant jusqu'à l'âge adulte.
Votre attitude
Il y a un compromis à trouver entre la volonté de l'enfant et celle des parents.
Ne transigez pas sur ce qui a trait à la sécurité ou au côté pratique des choses. L'enfant le comprendra très bien.
En revanche, soyez plus coulant en ce qui concerne les goûts. Evidemment, certains choix de l'enfant risquent de ne pas vous convenir. Il suffit alors de vous poser la question : « le choix de vêtement que vous voulez lui imposer, est-ce pour vous faire plaisir à vous ou à lui ? ». Posé ainsi, le problème sera beaucoup plus facile à solutionner, car bien souvent vous remarquerez qu'en fait ce que vous lui imposez ce n'est pas pour lui, mais pour vous.
Les pièges
- Par l'habillement, l'enfant vous teste : à la fois pour les limites que vous imposez et à la fois sur votre autorité . Vous êtes donc renvoyé à ces deux notions qui balisent en continu la relation parent enfant. L'habillement n'en est qu'un parmi d'autre. Les pièges étant de ne pas fixer de limites et à l'inverse d'abuser de votre autorité.
- Autre piège, lui dire « tu es trop petit pour t'habiller » ou « tu es trop petit pour choisir ».
Dans l'un et l'autre cas, vous brisez son travail d'autonomisation . Il faut savoir laisser parfois aboutir certaines initiatives vestimentaires très expérimentales, ne serait-ce que pour que l'enfant mesure qu'elles ne sont pas adaptées.