Impact du cancer sur la sexualité
Le cancer et ses traitements ont un impact évident sur la qualité de vie et la sexualité du fait des symptômes développés. Les résultats d'une étude menée par l'Institut Curie auprès de 850 femmes après un traitement initial pour
cancer du sein indiquent que 65% des femmes ont une vie sexuelle altérée, avec pour 43% d'entre elles une diminution de la capacité à avoir un
orgasme. L'information quant au retentissement des traitements sur leur vie sexuelle est estimé insuffisante à 65% des femmes interrogées lors de l'enquête. Une enquête nationale effectuée auprès de malades de tout cancer 2 ans après l'apparition de la maladie révèle une réelle atteinte de la sexualité pour 2/3 d'entre eux. Il apparaît donc essentiel de prêter attention aux besoins de communication et de prise en charge sur la sexualité des patients.
De multiples perturbations peuvent apparaître perturbant la relation sexuelle des malades, à divers niveaux :
- troubles du
désir (blocages, altération de la motivation…),
- troubles psychologiques (peurs, angoisse, conduite d'évitement, perte de l'estime de soi…),
- troubles organiques (dysfonction érectiles, sécheresse vaginale…),
- perturbation dans les rapports (douleurs, incontinences, dyspareunies…),
- troubles du plaisir (dysorgasmies type anéjaculation…).
Cancer et santé sexuelle
Dans l'imaginaire collectif, les notions de cancer (mort) et de sexualité (vie) sont encore trop antinomiques. Cette « inertie » s'explique par les idées reçues, les tabous et surtout un déficit de savoirs : savoir théorique, mais aussi savoir-faire et « savoir-être ». La clé est de bien distinguer la santé sexuelle et ses troubles, domaine légitime des soignants, de la sexualité et du sexe, très présent dans notre société. Cela fait partie du « prendre soin » au quotidien et englobe deux nouvelles compétences en soins de support, l'oncofertilité et l'oncosexologie, qui participent à la reconstruction biologique, identitaire et relationnelle du patient.
Cancer, santé et vie sexuelle
Un cancer peut avoir des impacts divers sur la santé et la vie sexuelle, que ce soit sur la personnalité, dans les relations à soi et aux autres, et dans la qualité de vie :
• La
personnalité peut être modifiée par l'effet de la maladie et des traitements, créant une vulnérabilité, diminuant la libido, perturbant le système de croyances et de relations sociales…
• Dans la relation à soi interviennent des séquelles physiques, perte de confiance, fatigue, douleurs, peurs…
• Dans la relation aux autres, de fausses idées, des attentes, des attentions, de l'épuisement, des frustrations…
• La qualité de vie est perturbée par les doutes (satisfaction/culpabilité), mais stimulée par un élan vital, une force d'adaptation et de confiance dans une réinsertion.
Formation des professionnels de santé
Le corps médical est sensibilisé, mais encore insuffisamment formé sur le sujet. Il existe une réelle demande de la part des patients comme des équipes soignantes. Le souci est d'améliorer l'offre de soins, déficitaire dans deux domaines : l'information et l'organisation. Pour pouvoir parler de sexualité dans le cancer, il faut au préalable sensibiliser tous les professionnels de santé impliqués et, d'autre part, savoir vers qui orienter en cas de problèmes.
Les professionnels de santé qui doivent en parler sont les suivants :
- médecins généralistes, spécialistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, sexologues, psychologues,
- les spécialistes en cancérologie,
- les professionnels partenaires des
soins de support (esthéticiennes, stomathérapeutes, assistantes sociales, professionnels du bien-être corporel).
Ils doivent en parler de la façon suivante en saisissant l'opportunité d'aborder le sujet :
- en restant dans leur compétence et leur légitimité de soignant, c'est-à-dire en recherchant une altération de la santé sexuelle, en évaluant les plaintes et les craintes ;
- en demandant au patient ce qu'on leur a déjà dit ou ce qu'ils ont pu lire ;
- en utilisant tous les moyens et supports d'information du patient (brochures, plaquettes, vidéos…).
Des référentiels de bonnes pratiques ont été élaborés dès 2010 (« Cancer, santé sexuelle et vie intime » sur www.afsos.org ) et des formations spécifiques ont été mises en place avec certains réseaux régionaux de cancérologie. S'intéresser à cette problématique est une bonne nouvelle, car cela reflète le fait qu'une personne sur deux guérit aujourd'hui de son cancer.
Intégration de la sexualité au parcours de soins
La santé et la vie sexuelle font partie intégrante des soins de support. Mais, cela va encore plus loin : la prise en charge des difficultés intimes n'a pas seulement des conséquences sur la qualité de vie et le bien-être du malade (et du couple), elle peut également participer au traitement du cancer lui-même, en favorisant le processus de guérison ou de rémission.