Gonarthrose
La gonarthrose désigne l'arthrose du
genou. C'est l'une des
articulations les plus touchées, puisqu'elle concerne la moitié des cas, avant les mains, les hanches et les pieds. Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas une simple usure du cartilage, un phénomène de sénescence lié à l'âge qui surviendrait à plus ou moins long terme. C'est une maladie beaucoup plus complexe, qui implique les trois tissus de l'articulation : le cartilage, l'os sous-chondral (zone osseuse située sous le cartilage) et la membrane
synoviale qui tapisse l'intérieur de l'articulation. Sans que l'on sache réellement aujourd'hui qui est à l'origine de quoi.
Le
cartilage n'est pas le seul tissu responsable de la gonarthrose. Ce que la recherche a révélé, et qui est fondamental dans la compréhension de la maladie, c'est qu'il existe un dialogue, une communication entre les trois tissus, notamment entre les deux plus importants : le cartilage et l'os sous-chondral. Quand l'un est malade, il envoie des signaux à l'autre en sécrétant des
protéines qui agissent comme médiateurs de l'information et qui vont influencer l'homéostasie du second tissu. C'est ainsi que des phénomènes moléculaires (biochimiques) vont contribuer à la dégradation de l'articulation. Un processus inflammatoire va s'enclencher et le dialogue se poursuivre entre les différentes parties qui vont s'influencer mutuellement. In fine, ce sont les trois tissus qui sont malades.
Il n'y a pas une mais des gonarthroses. Sous le vocable gonarthrose se cachent plusieurs maladies. S'il semble difficile d'identifier une gonarthrose en fonction du/des tissus atteints, il est plus aisé d'appréhender la maladie par ses origines. On aura différentes gonarthroses en fonction des différents facteurs de risques. Citons principalement l'arthrose post-traumatique que l'on peut observer chez d'anciens grands sportifs ou dans des métiers physiquement exigeants, celle que l'on observe chez les patients en surpoids. On peut parler de gonarthrose secondaire quand celle-ci est favorisée par une pathologie première (problèmes métaboliques comme le diabète,
malformations osseuses…). La gonarthrose peut aussi être liée à des facteurs hormonaux chez les femmes ou à des facteurs héréditaires.
Gonarthrose et surpoids
Sachant que le surpoids est le principal facteur de risque de la gonarthrose, la recherche a réussi à mettre en évidence le lien entre gonarthrose et surpoids/obésité : les cellules qui sont dans le cartilage ont des palpeurs de pression qui font que, lorsque vous augmentez lescontraintes mécaniques, comme c'est le cas pour les personnes atteintes d'obésité, cela dérègle les cellules. Cette dérégulation va entraîner la sécrétion d'éléments qui vont dégrader la matrice et donc générer de l'arthrose. Le fait qu'un signal mécanique se transforme en signal biochimique est un phénomène très important pour la recherche : cela ouvre des perspectives thérapeutiques qui permettraient de nouveaux traitements.
L'autre point important est que les liens existant entre gonarthrose et
obésité ne sont pas seulement des liens mécaniques mais également métaboliques. Tout d'abord, il ne faut jamais oublier que la gonarthrose liée au surpoids peut aussi être associée à la présence de comorbidités, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires. Chez le patient obèse, la recherche a révélé la présence anormale dans le
sang de protéines fabriquées par le tissu graisseux : les adipokines, dont on sait qu'elles sont toxiques pour les articulations. C'est ainsi qu'on observe, souvent associée à la gonarthrose, une arthrose digitale. On peut également citer les cytokines, protéines dont le rôle dans la polyarthriterhumatoïde est avéré. Ainsi, la gonarthrose aurait une double origine : mécanique et métabolique.
XGonarthrose (arthrose du genou) en vidéo
Arthrose : traitement Présentation du traitement de l'arthrose . | 7 vidéos |
Prise en charge
La
molécule susceptible de prévenir ou de réparer les dommages liés à la gonarthrose n'existe pas à ce jour. Les traitements médicamenteux disponibles sont les mêmes quelque ce soit le type de gonarthrose. il n'y a pas de solution pharmacologique spécifique correspondant à untableau clinique spécifique.
Si la gonarthrose ne se guérit pas, elle se soigne. Les traitements sont nombreux et de plus en plus fiables. Mais, dans la plupart des cas, une thérapeutique prise isolément n'a qu'un effet limité tandis que l'addition de solutions apporte des résultats significatifs, au niveau de la douleur comme au niveau de la
motricité (ou mobilité articulaire).
Solutions thérapeutiques
• Traitements non pharmacologiques
Exercices physiques, régimes amaigrissants, précautions pour éviter tout excès dans la sollicitation de l'articulation… Ces mesures sont incontournables. Pour être plus efficaces, l'accompagnement par un (des) professionnel(s) de santé est souhaitable.
• Traitements
antalgiques Ce sont les antalgique de palier 1 en première intention puis les
anti-inflammatoires non stéroïdiens en deuxième intention (en cas de crise inflammatoire ou de douleur réfractaire). La voie d'administration est orale. Elle peut être locale pour l'application de certains AINS, afin de limiter les effets secondaires digestifs.
• Anti-arthrosiques d'action lente (AASAL)
Ils agissent avec un effet retard sur la douleur et ralentiraient la progression de l'arthrose. Ces molécules sont sans effets secondaires significatifs.
• Viscosupplémentation (VS)
L'objectif de la viscosupplémentation est de diminuer la douleur et d'améliorer la mobilité de l'articulation. L'injection de visco-suppléments dans le genou s'avère une solution de plus en plus fréquente : parmi les 3,5 millions de patients symptomatiques arthrosiques, plus de 400 000 ont bénéficié d'un traitement de viscosupplémentation. En 2012 et 2013, les viscosuppléments ont affiché une croissance très dynamique de 13 % en moyenne annuelle.
•
ChirurgieElle intervient en dernier recours, quand la douleur devient rebelle à tout autre traitement et/ou que la mobilité atteint un seuil véritablement handicapant. Elle reste un choix qui se fait entre le médecin, le chirurgien et le patient. Il s'agit dans la majorité des cas de la mise en place d'une
prothèse articulaire.
Recherche des comorbidités
Il faut adapter la prise en charge en fonction du profil du patient, des facteurs de risques identifiés. Il est essentiel d'identifier les comorbidités. Toute prescription pharmacologique chez un obèse a ses limites, voire ses risques, si on ne prend pas en charge son surpoids, si on ne suit pas son hypertension artérielle, sa dyslipidémie, ses problèmes cardio-vasculaires, son syndrome métabolique… Non seulement pour endiguer le développement de la gonarthrose mais aussi pour éviter un problème majeur : celui de la compatibilité des traitements notamment lors des prescriptions poly-médicamenteuses. Quand on sait qu'un patient sur deux atteints de gonarthrose fait aussi de l'hypertension, la prescription d'antiinflammatoires non stéroïdiens doit se faire avec la plus grande prudence. Le médecin prescripteur de la prise en charge de la gonarthrose doit donc avoir connaissance des comorbidités et de leurs traitements. D'où la nécessité d'une bonne communication.
Différents spécialistes de santé
Le dialogue entre patient, médecin généraliste et rhumatologue, mais aussi avec d'autres spécialistes de santé, est nécessaire à plus d'un titre :
• Les solutions non pharmacologiques sont incontournables et font appel à différents professionnels de santé (kiné, diététicien…). Dans le cas d'un patient atteint de gonarthrose, les prescriptions non médicamenteuses sont à privilégier. Les premières recommandations porteront sur la nécessité de maigrir s'il y a surcharge pondérale, sur l'importance de renforcer et étirer les quadriceps, afin de compenser la dégradation de l'articulation… Dès le début de la prise en charge, la diététique et la
kinésithérapie peuvent/doivent être sollicitées pour optimiser le traitement (plus tard on pourra éventuellement prescrire une orthèse.)
• C'est aussi dans le suivi et l'évolution de la gonarthrose que le dialogue doit s'instaurer : à quel moment une injection d'acide hyaluronique s'impose ? Quand faut-il intervenir chirurgicalement ? Ce choix qui permet d'effacer la douleur rebelle se fait à partir d'un dialogue entre le patient, son médecin et le chirurgien.