Qu'est-ce qu'une douleur neuropathique ?
Les douleurs neuropathiques sont des douleurs liées à une lésion ou au mauvais fonctionnement du
système nerveux central et/ou périphérique. Elles sont souvent considérées comme étranges et sont mal comprises par les patients car elles sont associées à des maladies ou lésions neurologiques non toujours visibles et qui entraînent un déficit de la
sensibilité dans le territoire douloureux.
Quelle est l'origine et le mécanisme d'une douleur neuropathique ?
Notre système nerveux est constitué de fibres nerveuses sensitives qui sont chargées de transmettre des informations traduisant l'état de nos muscles, de nos os, de notre peau, de nos viscères… Lorsque ces fibres sont abimées à cause d'un accident, d'une
opération ou d'une pathologie, elles sont susceptibles de transmettre des informations erronées.
Peut-on classifier les différents types de douleurs ?
Schématiquement, on distingue quatre grands types de douleurs :
• La douleur physiologique qui est la douleur normale servant de signal d'alarme visant à protéger notre organisme des agressions extérieures (blessure,
brûlures etc.). Cette douleur est utile et ne nécessite pas de traitement.
• La douleur nociceptive qui correspond à une activation excessive du système de la douleur physiologique. Lorsque cette hyper-activation dure trop longtemps ces douleurs peuvent devenir chroniques. Un exemple classique de douleurs nociceptives chroniques sont les douleurs de l'arthrose.
• La douleur neuropathique due à une lésion ou une défaillance du système qui transmet la douleur physiologique. A l'inverse des douleurs nociceptives, les douleurs neuropathiques sont donc liées à une altération du système de détection de la douleur lui même qui, un peu comme un système d'alarme devenu fou, signalerait des dangers là où il n'y en a pas.
• La douleur idiopathique dont les mécanismes sont mal connus (exemple : douleurs myofaciales).
Comment peut-on évaluer l'intensité d'une douleur neuropathique ?
Evaluer une douleur est très difficile. La douleur est en effet un
phénomène subjectif, individuel et émotionnel. Chaque individu réagit
différemment face à la douleur. Les médecins et les personnels soignants
doivent utiliser des questionnaires reconnus tels que le DN4 (Douleurs
Neuropathiques en 4 questions) pour dépister une douleur neuropathique.
L'intensité de la douleur peut également être recherchée grâce à
l'utilisation d'une échelle numérique permettant aux patients de noter
leur douleur entre 0 et 10, 10 étant une douleur maximale imaginable.
Une douleur neuropathique peut-elle devenir chronique ?
La douleur neuropathique peut être une
douleur chronique. Elle peut résulter d'une lésion au niveau des
nerfs qui normalement sont chargés de détecter la douleur, ou d'une atteinte des neurones qui assurent la transmission des signaux de la douleur dans la
moelle épinière ou le
cerveau. Elle peut persister longtemps après la guérison de la cause initiale, comme dans le cas du
zona par exemple. En fonction de l'origine des nerfs lésés, on distingue la douleur neuropathique périphérique (nerfs périphériques) et la douleur neuropathique centrale (moelle épinière ou cerveau).
Conbien de douleurs neuropathiques sont-elles chroniques ?
Aujourd'hui en France, les douleurs neuropathiques représentent 25,6% des douleurs chroniques, d'intensité modérée à sévère.
Combien de personnes souffrent de douleurs neuropathiques ?
En France, 6,9% de la population adulte souffrent de douleurs chroniques qui ont des caractéristiques neuropathiques sans distinction d'intensité. 5% de la population adulte ressentent des douleurs neuropathiques modérées à sévères.
Quelles sont les caractéristiques d'une douleur neuropathique ?
Le premier critère important à prendre en compte et qui permet également de différencier une douleur neuropathique est sa description. En effet, les mots utilisés par les patients pour décrire les douleurs neuropathiques ne sont pas les mêmes que ceux utilisés pour d'autres douleurs. Ils parlent fréquemment d'une sensation de brûlure, de décharge électrique, de froid douloureux. Parfois, le moindre effleurement à un endroit indemne de toute lésion, peut provoquer une douleur insupportable (hyperesthésie). La reconnaissance d'une douleur neuropathique repose donc en premier lieu sur l'écoute du patient
Quel est le type de personne le plus touché par les douleurs neuropathiques ?
Les douleurs neuropathiques peuvent
toucher n'importe qui. Cependant, les études semblent montrer qu'elles sont plus fréquentes lorsque l'âge augmente et qu'elles sont un peu plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes.
Les douleurs neuropathiques sont-elles héréditaires ?
Les douleurs neuropathiques ne sont pas héréditaires. Tout le monde peut souffrir de douleur neuropathique, mais il est certain que des circonstances cliniques spécifiques (lésions des nerfs) et des profils de patients particuliers ayant subit des
stress multiples altérant les contrôles de la douleur favorisent les douleurs neuropathiques.
Quels sont les endroits du corps le plus souvent affectés par des douleurs neuropathiques ?
Tous les endroits du corps peuvent être affectés. Les études montrent que ces douleurs sont le plus souvent localisées dans les membres inférieurs et sont très souvent associées à des
douleurs du dos. Il s'agit donc le plus souvent de douleurs ressemblant à une
sciatique. Il s'agit fréquemment également de douleurs des membres supérieurs associées à des douleurs du cou et des épaules.
Les traitements médicamenteux sont-ils efficaces pour les douleurs neuropathiques ?
Les
antalgiques classiques (aspirine, paracétamol, anti-inflammatoires, etc...) sont peu ou pas efficaces sur les douleurs neuropathiques. Les
antidépresseurs tricycliques et les antiépileptiques sont plus utiles pour traiter ce type de douleur. Souvent ces
médicaments ont un certain délai d'action et il faut évaluer leur efficacité après 3 à 4 semaines. Il faut noter que ces médicaments ont un effet proportionnel à la dose. Des associations de médicaments sont parfois utiles quand la monothérapie a une efficacité partielle. Quoiqu'il en soit, il est important de garder à l'esprit l'effet souvent partiel sur la douleur neuropathique des médicaments, d'environ 30 à 50 %. C'est pour cela qu'il est nécessaire de souligner l'importance des conseils, des explications et recommandations que donnera le médecin en même temps que sa prescription. Ces médicaments ne doivent sûrement pas être arrêtés brutalement même en cas d'inefficacité, car cela peut provoquer des signes de sevrage avec parfois
anxiété et
insomnie.
Quels sont les traitements non médicamenteux pour traiter les douleurs neuropathiques ?
Des traitements non médicamenteux existent pour traiter les douleurs neuropathiques. Ils sont proposés en association avec les médicaments car ils ont une action complémentaire. La neurostimulation transcutanée permet à l'aide d'électrodes posées sur la peau, de stimuler le nerf douloureux. L'acupuncture, l'hypnose, la psychothérapie et les thérapies cognitivo-comportementales peuvent également être des traitements non médicamenteux complémentaires très utiles.
La douleur neuropathique peut-elle être considérée comme une maladie à part entière ?
La douleur n'est pas qu'un
symptôme. Quand la douleur devient chronique, elle n'est plus physiologique, mais pathologique avec des causes, des mécanismes et des traitements spécifiques. Il faudrait donc disposer de spécialistes de la médecine de la douleur pour prendre en charge correctement et précisément cette maladie. Actuellement, ce sont majoritairement des anesthésistes et non des neurologues qui sont les plus actifs dans la prise en charge de la douleur. La communauté médicale se bat pour faire reconnaître la médecine de la douleur comme une spécialité médicale à part entière.